Visite de Carney à Washington: Trump évoque «beaucoup de progrès» dans les discussions commerciales avec le Canada

Raphaël Pirro
Donald Trump, avec Mark Carney depuis le bureau Ovale, a dit qu’il y a «beaucoup de progrès» dans les négociations et a signalé que les Canadiens allaient être «très heureux» du dénouement de cette visite éclair à Washington.
• À lire aussi: «La fusion du Canada et des États-Unis»: Donald Trump reprend ses allusions d’annexion devant Mark Carney
• À lire aussi: Rencontre Trump-Carney: «Ça risque d’être difficile» pour le premier ministre, croit un expert
• À lire aussi: Face-à-face à haut risque pour Carney à la Maison-Blanche
«C’est un conflit commercial normal, il n’y a pas de mal à ça (...). Et je pense que nous avons beaucoup progressé au cours des derniers mois», a affirmé le président américain.
En point de presse de fin d’après-midi, le ministre Dominic LeBlanc a dit avoir constaté «du progrès substentiel» après la rencontre d’aujourd’hui, mais s'est gardé d'en dire plus. Les négociations pourraient reprendre ce soir et se poursuivre demain matin, avant le retour de la délégation canadienne à Washington.
Le président s’était visiblement levé du bon pied, mardi, multipliant les plaisanteries avec un Mark Carney qui, souriant, n’a réussi à insérer qu’une poignée de phrases ici et là pendant cet échange avec les médias de 33 minutes.

Un «conflit naturel»
La belle ambiance n’a pas empêché M. Trump de maintenir que les deux pays, bien qu’amis, sont en réalité deux boxeurs dans un ring qui se livrent une concurrence féroce.
«Nous voulons que le Canada se porte bien, mais vous savez, arrive un moment où nous voulons aussi les mêmes business. Nous sommes en concurrence pour les mêmes business. Il est là le problème. C'est pourquoi je ne cesse de répéter que la façon de résoudre ce problème est très simple», a-t-il dit, faisant allusion – encore à la blague – à l’intégration du Canada aux États-Unis.
Son secrétaire d’État au commerce, Howard Lutnick, a renchéri : «il y a des choses sur lesquelles nous devrions travailler ensemble, et d'autres où il y a un conflit naturel».
Mark Carney et sa grande équipe repartira-t-elle bredouille, ou avec une bonne nouvelle à partager?
Cryptique, Donald Trump a dit que «les Canadiens seront très heureux» à la fin de la journée.
«Vous allez voir, mais je pense que les gens du Canada, ils vont recommencer à nous aimer. Beaucoup d’entre eux nous aiment encore!»
Des fleurs à Carney

En tout début de point de presse, Donald Trump a dit sur le mode de la plaisanterie qu’il avait rendu Mark Carney «très populaire» au Canada.
Un peu plus loin, il a carrément bombardé d’éloges l’ancien banquier central.
«Je peux vous dire ceci, parce que je traite avec de nombreux dirigeants dans le monde entier : c'est un leader de classe mondiale. C'est un homme qui sait ce qu'il veut et je ne suis pas surpris qu'il ait gagné les élections et qu'il les ait gagnées de manière substantielle», a dit M. Trump.
Il a aussi qualifié M. Carney de «négociateur difficile» qui peut aussi être «déplaisant [nasty], peut-être autant que n’importe qui».
Comme lors de sa première visite, Mark Carney s’est prêté au jeu et présenté Donald Trump comme un «président transformateur».

Pas de gain jusqu’ici
Si la première visite s’est déroulée rondement pour M. Carney en mai, la collégialité entre les deux hommes ne s’est pas traduite en gains concrets pour le Canada.
Des sources gouvernementales ont indiqué à divers médias canadiens, dans les derniers jours, qu’une trêve ou un allègement des tarifs sur l’acier n’était pas hors d’atteinte dans le cadre de cette deuxième visite.
Il s’agirait d’une victoire pour le gouvernement de M. Carney, qui empile plutôt les concessions depuis l’été.
Il n’y a pas qu’au Canada que les tarifs font mal : les démocrates du Congrès et du Sénat s’y opposent systématiquement depuis des mois, puisque leur économie en subit aussi les conséquences.

Un démocrate défend le Canada
Le gouverneur démocrate de la Pennsylvanie, Josh Shapiro, a lancé un appel à son président et appuyé le Canada lors d’une visite spéciale à Québec, lundi.
«Au lieu d'essayer d'intimider le premier ministre [Carney], asseyez-vous plutôt à la table des négociations et travaillez à conclure un accord qui profitera à tout le monde», a lancé M. Shapiro à Donald Trump.
«Le président a rabaissé nos voisins du nord, suggérant qu'ils devraient devenir le 51e État. Je respecte la souveraineté canadienne et j'espère que demain, lors de cette réunion à la Maison-Blanche, le respect prévaudra.»
«Je pense qu'il n'est pas dans l'intérêt à long terme des États-Unis d'entrer en conflit avec le Canada», a poursuivi M. Shapiro, un démocrate qui a déjà été pressenti pour l’investiture du parti.