Après avoir retrouvé la santé, Lulu Hughes fait son grand retour sur scène, entourée de ses amies de longue date
Les billets pour «ELLES» sont en vente sur le site productionsmartinleclerc.com
Marjolaine Simard
Lulu Hughes fait son grand retour sur scène, entourée de ses amies de longue date, Luce Dufault et Kim Richardson, pour un spectacle intitulé ELLES. Des retrouvailles attendues depuis 2016, mais qui ont dû attendre en raison du cancer et de la pandémie. Tout vient à point à qui sait attendre, et aujourd'hui, la tournée est enfin lancée. Lulu, qui a retrouvé la santé, savoure désormais des jours paisibles aux côtés de sa fille, entre balades à moto, moments de méditation et engagement auprès de ceux qui croisent son chemin. Voici l’histoire d’une femme lumineuse et profondément inspirante.
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Lulu, entretiens-tu une amitié de longue date avec ces deux femmes avec qui tu partages la scène?
Oui! J'ai rencontré Luce il y a 35 ans, quand nous commencions nos carrières, dans les bars. La première fois que je l'ai vue, c'était au Beaux-Esprits, rue Saint-Denis. On chantait là tous les week-ends. J'avais à peine 24 ans. Chacune avait son propre groupe, mais on chantait parfois ensemble. Quant à Kim, je l'ai connue vers 1987. Ma cousine était directrice de tournée pour Richard Séguin et Kim en était sa choriste. Quelques années plus tard, on travaillait ensemble comme choristes sur presque tous les albums québécois de l'époque: Rock Voisine, Joe Bocan, Julie Masse...
C’est donc un bonheur de partir en tournée avec tes bonnes amies?
C’est un rêve! Nos bases sont similaires, mais nos styles et nos goûts sont très différents. Moi, j'ai toujours été plus rock, tandis que la pop, ce n’est pas vraiment mon truc. On va toucher à nos répertoires respectifs, mais aussi parfois sortir de notre zone de confort.
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Comment ce projet a-t-il vu le jour?
En 2015, Luce m'a appelée pour qu’on fasse un projet ensemble. Mais en 2016, j'ai été diagnostiquée d’un cancer du sein. Nous avons donc mis le projet en pause. À la même époque, ma mère était en train de mourir, ce qui a rendu cette période très difficile. J'ai enchaîné trois cancers jusqu'en 2021. Aujourd'hui, je vais bien. Je ne veux pas trop revenir sur cette période. J'ai moins parlé de mon troisième cancer, par crainte de faire peur ou de décourager des femmes. Aujourd'hui, je vais bien, ma crinière a repoussé et je pars en tournée. Ce que je veux, c’est semer l'espoir.
ELLES prend une pause estivale pour reprendre à l’automne. Tu ne chômeras pas pour autant...
Pendant l’été, je serai de la distribution de Les belles-sœurs symphonique, et je retrouverai aussi mon groupe, Too Many Cooks. J’étais la voix féminine du groupe au début des années 1990. Too Many Cooks, le chanteur Richard D’Anjou et le guitariste Dan Georgesco, je les ai tatoués sur le cœur. C’est comme ma famille.
Tu as été en couple avec le guitariste du groupe, Dan Georgesco, pendant huit ans. Êtes-vous toujours restés en bons termes?
Dan, il a toujours été là. J’ai toujours travaillé avec lui sur ses projets et je l’ai toujours engagé sur mes albums. On est restés très proches, il est comme un frère. Je l’adore. Il y a quelque chose de karmique entre lui et moi!
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Tu viens d’une famille de musiciens et tu travailles fréquemment avec ton frère, Rick Hughes...
Je viens d’une famille très unie. Rick, j’ai beaucoup appris de lui. Mes deux parents étaient musiciens. Puis, notre père est mort jeune, à seulement 29 ans. Moi, j’étais alors âgée de quatre ans. Il est resté comme un demi-dieu à nos yeux après son décès. C’est comme si on avait voulu reprendre ce qu'il avait laissé et faire ce qu’il n’avait pas eu le temps de faire, par amour pour lui.
Tu étais bien jeune lors de son décès. Te souviens-tu de lui?
Oui, très bien! Chez nous, il y avait toujours un groupe qui répétait dans le sous-sol. Ma mère chantait avec eux. C’était la maison de la joie. Les fêtes étaient tout le temps chez nous. Ce n’est pas un hasard si j’ai aussi évolué dans des formations musicales importantes. Le trip familial se reflète dans ma carrière. Je suis vraiment une fille de gang quand je monte sur scène. Dans la vie de tous les jours, je suis plus solitaire.
On aurait plutôt cru le contraire...
Lorsque je ne suis pas en spectacle, je suis extrêmement sauvage. J’ai besoin de solitude. Sur scène, j'aime qu'on soit beaucoup, que ça soit collectif. Ça m'élève. Mais les foules, je n’aime pas ça. Les soupers avec plein de monde et la musique forte, ça me dérange. Je suis vraiment tranquille, à la limite, plate. Je suis du genre à dire à ma fille de baisser le son. Des fois, je me dis: «Je ne peux pas croire que je suis en train de dire à ma fille de baisser le son!»
Pratiques-tu la méditation?
Oui, beaucoup et souvent. Quand je ne médite pas pendant quelques jours, je le sens. Je deviens plus anxieuse, je me pose plus de questions. Dès que je médite, j'ai l'impression de m'enraciner. J’ai moins de doutes et tout devient plus facile à accepter. Quand je suis tombée malade, Geneviève Borne m’a offert un excellent livre sur le sujet. J'ai commencé à suivre des tutoriels et à faire des méditations guidées.
Parle-nous de ta fille, Melody Victoria...
Elle aura bientôt 15 ans. Elle n'aime pas trop que je parle d’elle, car elle est très discrète et trouve que je m’expose parfois un peu trop. Ce que je peux dire, c’est que c’est une belle grande fille. Elle a traversé toutes nos difficultés, ça n’a pas été facile pour elle, mais elle s'en sort bien. Elle joue à la ringuette, aime les animaux et a une très belle voix, mais elle ne veut rien savoir de devenir chanteuse. Ma fille, c’est la plus belle chose qui me soit arrivée. J’aime ma fille d’un amour que je ne pensais même pas possible.
Cet amour mère-fille, tu l’as également vécu avec ta maman, qui est aujourd’hui décédée...
Quand ma mère est décédée, j'ai écrit une chanson, qui est sur mon dernier album, qui s'appelle Who's Gonna Love Me. Parce que, en rentrant chez moi ce soir-là, je me suis dit: «Qui va m’aimer comme ça, maintenant?» Il n'y a plus personne sur la planète qui aura mon bien-être à cœur autant qu’elle. Je sais aujourd’hui que c’est ce que je suis pour ma fille.
Est-ce que tu parles souvent à ta mère?
Tout le temps! Je m'ennuie énormément d'elle!
Tu vas avoir 58 ans en mai prochain. Quelle est ta devise dans la vie, aujourd’hui?
Ma devise, aujourd’hui, c’est d’aider le plus de monde possible: en faisant des spectacles, en répondant aux courriels de femmes qui traversent ou ont traversé un cancer, ou en soutenant des filles qui se séparent. J'ai vécu une séparation, et partir d’une relation qui ne te convient pas, ça prend du courage.

Parle-nous de la Ride de filles...
La Ride de filles a été fondée en 2009 par Sylvie Brisebois, après que deux de ses amies aient reçu un diagnostic de cancer alors qu’elles étaient censées partir en road trip à moto, en Californie. Elles ont alors décidé de faire leur road trip ici, pour amasser des fonds pour la lutte contre le cancer du sein. Mon aventure a commencé en 2017. J’ai fait une allocution lors de l’événement, et Sylvie m’a demandé de devenir porte-parole. Je ne me voyais pas dans ce rôle, je n’avais même pas de permis de moto. Elle m’a payé mon cours de conduite. Je me demandais ce que je faisais là. En 2018, j’ai fait ma première Ride de filles, et là, j’ai eu la piqûre. En 2019, j’ai même fait la Route 66 avec mon frère Rick. Depuis, je suis devenue une vraie passionnée de moto. J’ai une magnifique Indian.
Maintenant que tu as retrouvé ta santé, que voudrais-tu partager avec nous?
Si j’ai quelque chose à dire sur le cancer, c’est qu’on s’en sort et que, comme tout le reste, ça passe. C’est un moment difficile, mais ça finit par aller. Quand quelque chose ne va pas bien dans ma vie, je me dis que ça passera. Parfois, ça dure plus longtemps, mais ça passe toujours. On s'en sort, les cheveux repoussent. Avec les cancers, j’ai appris à accepter ce qui est.