Les partisans de Salt Lake City réalisent leur chance par rapport à Québec


Stéphane Cadorette
SALT LAKE CITY | Rien de tel que de s’attabler avec des locaux devant un burger et une bière pour saisir le pouls de la communauté de Salt Lake City au moment où l’équipe fait son entrée dans la LNH. En discutant hockey autour d’une pinte avec un journaliste de Québec, les partisans de l’Utah réalisent vite la chance qu’ils ont par rapport aux fervents des Nordiques qui patientent toujours.
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Avant de m’envoler vers l’Utah, j’avais tendu quelques perches. L’une de ces perches était dirigée vers Cole Chapman, du balado The Puck Drop.

Je lui avais expliqué que pour véritablement saisir l’impact des débuts du Club de hockey de l’Utah dans la LNH, il fallait aller plus loin que de simplement parler aux joueurs et aux dirigeants de l’équipe.
Chapman et son partenaire de balado Destin Edgington ont tôt fait de rassembler une brochette de gens impliqués de près ou de loin dans le hockey aux environs de Salt Lake City. S’en est suivie une chaleureuse rencontre.
«Comment on a pu faire pour vivre toutes ces années sans hockey de la LNH en Utah? Santé au hockey!» a lancé Chapman en levant son verre pour ouvrir l’assemblée, dans un pub de la place.
Sympathique à Québec

Dans cette bande de joyeux lurons qui ne se connaissaient pas tous, Dave Soutter est considéré comme l’historien des Golden Eagles de Salt Lake, équipe locale qui a évolué dans la Ligue junior de l’Ouest, la Ligue centrale et la Ligue internationale, jusqu’en 1994.
Féru du hockey, il n’a pu s’empêcher d’avoir une pensée pour les gens de Québec désillusionnés, pendant que Salt Lake City festoie.
«Je comprends que les amateurs chez vous sont déçus ou jaloux que Salt Lake City obtienne une équipe plutôt que Québec. Je me rappelle encore quand les Nordiques sont partis à Denver. Je trouvais ça triste parce qu’ils avaient une belle histoire et ils avaient déjà gagné la Coupe Avco dans l’AMH. Je sympathise», a laissé tomber celui dont le grand-père était canadien.
Reste que pour celui qui n’avait que 11 ans quand le hockey s’est établi dans sa région en 1969, l’arrivée de la LNH est une bénédiction.
«Il y a une plus grande culture de hockey ici qu’il n’y en a jamais eu à Las Vegas, Tampa ou plusieurs autres endroits. Il n’y a aucune raison que ça ne fonctionne pas. C’est un rêve qui se réalise», a-t-il lâché.
Un sport à développer
Beau Bertagnolli est le directeur du développement des joueurs pour le hockey mineur à Ogden. À ses yeux, l’arrivée de la LNH à Salt Lake City devrait faire croître de façon exponentielle la pratique du hockey chez les jeunes.
«On a probablement 10 arénas dans tout l’État. On va manquer de glaces, mais c’est un beau problème à avoir. Je pense qu’on aura plus de membres et forcément, on développera plus de joueurs élites», a-t-il opiné.
En 2023, 4041 joueurs de hockey étaient enregistrés en Utah. Autour de la table, les gens impliqués dans le hockey s’attendaient à un effet galvaniseur comme celui qu’il y a eu à Las Vegas. Le Nevada comptait 1592 joueurs inscrits en 2017 à l’arrivée des Golden Knights, contre 4975 en 2023.
«Il n’y avait rien en termes de hockey ici quand je suis arrivé du Minnesota il y a 20 ans et la situation va encore évoluer. Je t’aurais traité de fou si tu m’avais dit qu’il y aurait un jour une équipe de la LNH ici», a rigolé Sean Wilmert, propriétaire des Mustangs de Ogden, équipe junior A.
Un jour historique

Kelly Quiel a grandi en Utah en jouant au hockey au niveau secondaire. Elle sera au match inaugural mardi soir et a même assisté à tous les matchs préparatoires.
«Quand la nouvelle est sortie, j’ai absolument perdu la tête. Je n’ai jamais eu d’allégeance envers une équipe. J’avais des membres de la famille qui prenaient pour les Bruins et d’autres pour les Islanders. Maintenant, on a vraiment notre équipe et mes enfants vont grandir en pouvant encourager une équipe locale», s’est-elle emportée.
Bill McLeod, entraîneur avec les Outliers de l’Utah sur la scène junior A, a découvert le hockey grâce au «miracle sur glace» de l’équipe américaine aux Jeux olympiques de 1980. Établi dans les environs de Salt Lake City depuis 1989, il n’attendait que le premier match de la saison au Delta Center.
«Je n’aurais jamais raté ce match, c’est l’histoire qui s’écrit», a-t-il résumé.
Tous, évidemment, après avoir exprimé toute leur gratitude d’avoir leur équipe, me demandent si les Nordiques vont revenir à Québec.
C’est le moment pour moi de prendre une bonne gorgée. Parce que oui, même au pays des mormons, où l’alcool était jadis un péché, on peut désormais se consoler dans sa bière.