Un tour de force pour implanter une équipe en Utah: le centre d'entraînement de l’équipe a été construit en seulement trois mois

Stéphane Cadorette
KEARNS, Utah | Mardi soir, le Club de hockey de l’Utah fera officiellement ses débuts dans la LNH à Salt Lake City. Derrière les projecteurs, c’est une véritable armée de fourmis qui s’agite depuis la mi-avril pour que l’équipe arrive tout juste à temps à la ligne de départ.
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Le meilleur moyen de le constater, c’est en se présentant au complexe d’entraînement temporaire de l’équipe, à Kearns, à environ 25 minutes du centre-ville de Salt Lake City.
C’est là que l’équipe a érigé ses quartiers généraux pour cette saison seulement, à même l’Ovale olympique de 275 000 pieds carrés, construit en 2001 avant les Jeux de Salt Lake City l’année suivante.

L’environnement est unique et saisissant et pas seulement parce que ça sent encore le neuf partout à l’intérieur. Dans un espace de 17 400 pieds carrés qui n’était pas utilisé, l’organisation a littéralement construit un vestiaire impeccable, des bureaux pour les entraîneurs, une salle d’entraînement et toutes les installations thérapeutiques.
Trois mois pour un aréna de pratique

Les plans ont été finalisés à la fin mai et la construction n’a duré que trois mois. Signe de ce sprint déroutant: quand les joueurs se sont présentés en septembre pour le camp d’entraînement, des peintres s’affairaient à donner la dernière couche sur les murs.
«C’est certainement la période de ma vie où j’ai le moins dormi, mais c’est stimulant. On construit quelque chose et ce n’est pas une opportunité qui se présente souvent dans une carrière», a souri le président de l’équipe, Chris Armstrong, lors d’un entretien sur place avec Le Journal.
«Ici, les choses se font»

Trois mois pour tout un tel branle-bas de combat, ce serait de la science-fiction chez nous!
Chris Armstrong en sait quelque chose, lui qui a grandi dans la région de Montréal avant de déménager à Vancouver pour ensuite revenir étudier à l’Université McGill. Il revient tous les étés voir sa famille à Beaconsfield.

«C’est inimaginable et ça démontre tout l’engouement autour de l’équipe. Tout le monde veut faire son bout. Il fallait tout aligner avec les autorités gouvernementales, les partenaires, les contracteurs, la communauté et on a toujours senti l’enthousiasme. En Utah, c’est la mentalité. Ici, les choses se font et à un rythme que je n’ai vu nulle part ailleurs», a souligné celui qui a toujours idolâtré Patrick Roy.
Comme deux nouvelles maisons

Quand elle déménagera dans ses installations permanentes l’an prochain, l’équipe pourrait installer sa filiale de la Ligue américaine dans ses installations temporaires.
Et ces infrastructures, c’est loin d’être tout! L’organisation, qui a appris en catastrophe le 18 avril dernier qu’elle déménageait de l’Arizona à Salt Lake City, a aussi dû construire des vestiaires dignes de la LNH au Delta Center, où elle disputera ses matchs.
Le domicile du Jazz de l’Utah, dans la NBA, est avant tout conçu pour le basketball, si bien que pour cette saison inaugurale, seulement 11 131 sièges avec vue complète sont offerts. Après des rénovations de 900 millions d’ici deux ans, les quelque 17 000 sièges offriront une vue complète, mais dans les circonstances actuelles, l’équipe a dû se contenter du nécessaire.
«C’était un peu comme si on emménageait dans deux maisons. Il y a toujours des ajustements de dernière minute, mais nos joueurs et notre personnel ont été très ouverts dans tout ce processus. On tenait à ce qu’ils se sentent dans des installations de classe mondiale», a mentionné Armstrong.
Pas de chandails
Autre signe que le déménagement s’est effectué à la hâte, ne vous surprenez pas si vous n’apercevez aucun partisan enfiler fièrement le jersey officiel de l’équipe. Le processus de commandes devait être réglé en mars dernier pour la saison qui s’amorce.
«Évidemment, nous n’avons pas pu commencer avant le début de mai et nous sommes en mode rattrapage. On pense qu’on aura des jerseys en novembre», a signalé Armstrong.
L'organisation a aussi eu de la broue dans le toupet au chapitre des embauches, puisque 159 nouveaux postes à temps plein ont été créés depuis avril, de même qu'au-delà de 200 à temps partiel.
Et les Nordiques?
En discutant avec nous, ce dernier, à titre de Québécois d’origine, ne peut faire autrement que de glisser un mot sur Québec, évoquant lui-même la visite des Kings au cours des derniers jours. La ville est toujours orpheline de ses Nordiques, pendant qu’un autre nouveau marché non traditionnel vit le rêve de la LNH.
«Rien ne me rendrait plus heureux que de voir plus de marchés canadiens, mais c’est à Gary [Bettman] de prendre ces décisions», a-t-il dit.
Ça, oui, les gens de Québec le savent trop bien.