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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Dans les coulisses du déménagement des Coyotes vers Salt Lake City avec André Tourigny

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Photo portrait de Stéphane Cadorette

Stéphane Cadorette

2024-10-07T15:30:00Z
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SALT LAKE CITY | Samedi soir, après une victoire au dernier match préparatoire du Club de hockey de l’Utah, André Tourigny est tout sourire en venant à ma rencontre. On pourrait facilement l’imaginer les traits tirés après un processus de déménagement sans préavis de l’Arizona à Salt Lake City, mais l’entraîneur-chef a le feu dans les yeux. Pourtant, six mois plus tôt, il était littéralement sous le choc.

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Tourigny, après avoir discuté des enjeux du quotidien de son club avec une poignée de journalistes locaux, m’invite à m’asseoir pour prendre le temps de revenir sur les derniers mois et parler de sa nouvelle vie.

Les siens viennent d’offrir une autre encourageante performance défensive dans un gain de 2-1 face à l’Avalanche, dans le petit aréna des Grizzlies de l’Utah, de la Ligue East Coast, à une vingtaine de minutes du centre-ville.

On le sent totalement dans son élément. Grand amateur de plein air, Tourigny me dit que pour son congé dominical, il se promet d’aller explorer les nombreuses montagnes qui ceinturent la vallée au cœur de laquelle Salt Lake City est plongée.

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Mardi, le Club de hockey de l’Utah fera ses débuts dans la LNH en recevant les Blackhawks au Delta Center. Le Journal est sur place pour assister à ce moment.

«Ici, je vais te dire une affaire, tout le monde est en lune de miel», sourit «Bear», même s’il s’est posé de sérieuses questions en avril dernier quand il a appris, à peine quelques heures avant le reste de la planète hockey, que les Coyotes allaient faire leurs boîtes.

Un choc... à Vancouver

André Tourigny est un entraîneur en demande auprès des médias à quelques heures du match inaugural de son équipe.
André Tourigny est un entraîneur en demande auprès des médias à quelques heures du match inaugural de son équipe. Getty Images via AFP

Ma dernière discussion avec Tourigny remontait à avril 2022. C’était la fin de sa première saison à la barre des Coyotes. Attablé dans un restaurant de Scottsdale, il se disait convaincu que l’organisation dont tout le monde se moquait était assise sur «une mine d’or».

Deux ans plus tard, c’est donc dans un état de choc qu’il a appris la nouvelle du déménagement. Il jure qu’il n’a jamais cru à un tel dénouement.

«Pantoute! Ça a fessé comme une tonne de briques», assure-t-il aujourd’hui.

Le 10 avril dernier, l’informateur Frank Seravalli lançait une bombe en révélant que la LNH planchait sur un calendrier dans lequel les Coyotes évolueraient à Salt Lake City.

Plusieurs ont laissé entendre depuis que l’organisation était au courant depuis décembre d’un déménagement au printemps. Que cela expliquerait même une longue séquence de 14 défaites en janvier et février.

Tourigny, la main sur le cœur, jure qu’il n’en est rien.

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«Le mardi 9 avril, on jouait à Seattle et j’avais reçu par email mon avis de renouvellement de bail de condo en Arizona. J’étais prêt à signer, mais pour la paperasse, je ne règle jamais ça un jour de match et je m’étais dit que je signerais le bail après le voyage. Le lendemain, on jouait à Vancouver et c’est là qu’on a appris qu’on déménageait. Ça te montre à quel point j’étais au courant de rien. Moi, dans ma tête, je signais mon bail», raconte-t-il.

Plusieurs questions

Dans ce rocambolesque déménagement officialisé le 18 avril, ce n’est pas le déménagement qui a causé du stress à Tourigny, mais l’annonce.

«Tu rencontres un nouveau propriétaire qui te dit qu’il va prendre soin de nous autres. Je me suis dit: “Ben oui, ils disent tous ça!”, mentionne le pilote, dont les doutes ont été dissipés depuis.

«On vivait toutes sortes de situations. Il y en avait dont la femme avait un emploi à Phoenix. Il y en avait avec des enfants en garde partagée. Il y avait des enfants à l’école. Tu ne peux pas faire autrement que de te demander qu’est-ce qui va arriver. Ce bout-là, où tout le monde retenait son souffle, c’était quelque chose.

«Pour ma blonde et moi, c’était facile de fermer un condo et de trouver autre chose, mais un gars comme Mario Duhamel a trois enfants. C’est ce monde-là qui m’inquiétait. À partir de là, on s’est vraiment bien occupé de nous et tout a commencé à se placer.»

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Comme des vacances

Le pilote québécois a le sourire facile sur la glace depuis son arrivée en Utah.
Le pilote québécois a le sourire facile sur la glace depuis son arrivée en Utah. Getty Images via AFP

Une fois le choc initial passé, Tourigny a vite découvert de nouveaux propriétaires dédiés. Il en a même été renversé.

«C’est ma quatrième organisation dans la LNH et il n’y a rien qui s’est approché de ce qu’on vit ici. Il y a une proximité. Tu sens que tu as une voix», laisse-t-il entendre.

Après la dernière saison en Arizona, Tourigny a mis le cap en mai sur la Tchéquie, où il a dirigé l’équipe canadienne au Championnat du monde. Il est ensuite retourné à Scottsdale pour récupérer ses effets personnels afin de s’installer à Salt Lake City.

Pendant ce temps, les installations temporaires de l’équipe étaient aménagées.

«Quand je suis revenu le 28 août, presque tout était prêt. C’est assez capoté! Pour moi, c’est comme si on m’avait dit: “Il y a quelqu’un qui va rénover ta maison et toi, prends deux ou trois mois de vacances. Quand tu vas revenir, ta maison va être rénovée!” Tu ne me feras pas croire que c’était difficile comme déménagement», me lance-t-il fièrement.

C’est un départ

Maintenant, place aux choses encore plus sérieuses que le déménagement. Après l’efficacité de l’organisation hors de la glace pour s’établir rapidement, il faut maintenant produire à compter de mardi soir.

Reste à voir si l’effort de ses joueurs rendra Tourigny heureux. En attendant, son nouvel environnement le fait sentir tout à fait à la maison.

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«Pour moi, ici, c’est chez nous. Je suis un gars de randonnée et de moto. Le décor est exceptionnel. Le côté gentil et serviable des gens ici, ça ressemble aussi à chez nous. Je ne me sens pas à l’étranger.»

 

Sur la corde raide avec une nouvelle organisation?

André Tourigny croit qu’il a la confiance de la nouvelle direction de l’équipe, mais il sait très bien que tout est à recommencer chaque année.
André Tourigny croit qu’il a la confiance de la nouvelle direction de l’équipe, mais il sait très bien que tout est à recommencer chaque année. Martin Chevalier / JdeM

SALT LAKE CITY | La saison ne fait que commencer et déjà, les médias sont nombreux à affirmer qu’André Tourigny se retrouve sur une courte liste de candidats sur un siège éjectable si les résultats ne sont pas là rapidement. L’entraîneur-chef de la nouvelle équipe de l’Utah n’en fait pas le moindre cas.

Ce n’est pas que la qualité du travail de Tourigny est remise en question, au contraire. Lors de ses trois premières saisons, l’équipe est passée de 57 à 70 points, puis à 77. Les signes de progrès sont là avec une jeune équipe en reconstruction.

Cependant, comme tout nouveau propriétaire, Ryan Smith pourrait décider de choisir lui-même son homme de confiance si les points tardent à arriver.

«J’y ai pensé. Ça faisait partie des questions que j’avais», dit-il sans détour dans un long entretien.

«Quel coach dans la ligue est avec une équipe depuis trois ans et profite d’une stabilité incroyable? Peut-être Martin (St-Louis) à Montréal et Jon Cooper à Tampa, mais en dehors de ça, on est tous dans le même bateau. C’est le travail qu’on a choisi», poursuit-il.

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Loin de lui, donc, l’idée de se faire du sang de cochon avec son sort.

«C’est un cliché plate, mais tu dois te concentrer sur ce que tu peux contrôler. Si ça ne marche pas ici, peut-être que quelqu’un ailleurs va trouver que j’ai fait une bonne job. Et si personne ne trouve que j’ai fait une bonne job, il va falloir que je recommence et c’est tout. Dans le hockey, ce n’est pas toi qui décides. Tous les jours, tu es en entrevue», philosophe-t-il.

Un vrai marché de hockey

En déménageant de l’Arizona à l’Utah, Tourigny est passé d’un marché de hockey non traditionnel à un autre.

Cela étant dit, il dit grandement apprécier le fait qu’à Salt Lake City une réelle culture de hockey soit implantée avec des équipes comme les Grizzlies (ECHL) et auparavant, les Golden Eagles (Ligue de l’Ouest, Ligue centrale et Ligue internationale).

«Ce qu’on découvre, c’est qu’on est agréablement surpris.

«Quand des marchés comme Nashville ou Tampa Bay sont arrivés dans la ligue, on voyait bien que l’annonceur maison devait expliquer ce que c’était, un jeu de puissance. Ici, ça n’a rien à voir. On le sent que les gens connaissent leur hockey», se réjouit l’entraîneur.

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