Les Beach Boys: le destin de Brian Wilson, qui frôle la tragédie


Louise Bourbonnais
Le groupe emblématique américain The Beach Boys, qui a connu un succès phénoménal dans les années 1960 avec plus de 100 millions d’albums vendus dans le monde, a marqué les esprits en faisant vibrer toute une génération au son de California Girls. Son fondateur et génie musical, Brian Wilson, qui a connu un destin inimaginable, s’est éteint il y a quelques jours seulement.
Brian Wilson n’était rien de moins que le génie derrière les Beach Boys, en plus d’en être le leader et le fondateur. Il s’est éteint le 11 juin dernier à l’âge de 82 ans.

Dans cette récente biographie sur The Beach Boys, on raconte le parcours du groupe californien et de ses membres, évoquant particulièrement la vie inconcevable de son chanteur, créateur, compositeur et producteur, Brian Wilson, sans toutefois aborder son décès, puisque l’ouvrage est paru avant le triste événement. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit ici d’un très bel hommage au groupe.
Ce qui frappe d’emblée en lisant cette biographie, c’est de constater à quel point la gloire et le succès peuvent s’entrecroiser avec les pires drames et catastrophes.
Tout a débuté pour les Beach Boys en 1961. Brian Wilson réunit ses deux frères Carl et Dennis Wilson ainsi que son cousin Mike Love. Un voisin, Al Jardine, fera partie aussi de la formation.
C’est Brian qui écrira pratiquement toutes les chansons. Il est le plus ambitieux d’entre eux.
Le groupe fait ses débuts dans leur garage, après que chaque frère a reçu un instrument de musique en cadeau ainsi qu’un magnétophone à bobines. Il n’en fallait pas plus pour que l’idée de partir un groupe germe dans leur esprit.

Tandis que plusieurs groupes peinent à se faire remarquer, les Beach Boys connaissent une lancée facile. Très rapidement, le succès sera grandiose.
Passionné de surf, c’est Dennis qui a eu l’idée d’associer le surf aux chansons et c’est Brian qui les a écrites. Le groupe a su capter l’essence de la vie de plage de leur Californie natale, ce qui plaisait aux fans.
C’est en partie leur père qui a fait les démarches pour l’enregistrement de leur premier album avec un producteur.
Leur premier concert a lieu en 1961 au jour de l’An, à Long Beach en Californie.
Génie musical
Entre 1962 et 1965, Brian réussit à écrire 10 albums, un véritable coup de maître. En plus d’être extrêmement productif, le compositeur assurera également le rôle de producteur, une façon de contrôler son style musical, qu’il développe constamment.
Parmi les titres qui ont marqué l’histoire des Beach Boys, on trouve, Surfin’ U.S.A., California Girls, Good Vibrations et plusieurs autres. Les succès se multiplient, tout comme les tournées.
D’ailleurs, ils détiennent le record pour le plus grand nombre de chansons dans le Top 40 américain, apprend-on.
Mais dès la fin de la décennie, le succès n’est plus aussi flamboyant et les Beach Boys ont du mal à demeurer en tête des palmarès.

La triste suite
Si les débuts de Brian Wilson sont composés de moments forts – il a même été comparé à Paul McCartney à l’époque des Beatles, notamment pour son génie créatif –, la suite est une série de tristes événements. La motivation, le talent et le travail acharné n’auront pas été suffisants pour qu’il soit à l’abri de la descente en enfer qui suivra.
Déjà, en reculant dans le temps, on apprend que l’enfance des trois frères a été difficile en raison de leur père alcoolique agissant comme un tyran, bien qu’ils évoluent dans une famille prospère. Les trois enfants sont battus continuellement par leur père, en plus de subir de l’abus psychologique.
D’ailleurs, Brian, encore enfant, a été projeté sur un mur par son père. La maltraitance l’a rendu sourd de l’oreille droite à vie.
Les enfants trouvent refuge dans la musique. Brian apprend par lui-même à jouer du piano et participe à des chorales.
Mais seulement trois ans après ses débuts, en 1964, Wilson tombe en dépression sévère malgré le succès phénoménal qui transporte le groupe au faîte de la gloire. Outre la dépression, Brian souffre d’une forte dépendance à la drogue.
En 1967, le leader souhaite tout abandonner, sombrant de plus en plus dans la dépression. Il ne sort pratiquement jamais de chez lui, refusant même de se laver. De plus, on apprend que Brian souffre d’un trac maladif sur scène.
À la fin des années 1960, pour en rajouter, Brian se fait exclure des Beach Boys – groupe, rappelons-le, qu’il a lui-même fondé.
Vol de ses droits d’auteur
Et comme si ce n’était pas suffisant, il se fera flouer par son propre père, Murry Wilson.
Au moment de la création des Beach Boys, Murry, souhaitant avoir une certaine emprise sur le groupe, avait eu l’idée de créer une compagnie avec Brian afin de gérer ses droits d’auteur sur ses chansons. Puis, au moment où les choses allaient moins bien pour le groupe, le père a prétendu avoir vendu la compagnie. Mais les papiers étaient faux.
Brian a dû avoir recours aux tribunaux pour récupérer les droits sur ses chansons. Heureusement, le tribunal a tranché en sa faveur, ce qui lui a permis de récupérer 25 M$ américains.
Mais tous ses problèmes ont une incidence négative sur sa santé mentale. Souffrant toujours d’un sérieux mal-être, Brian sera hospitalisé et traité en psychiatrie durant plusieurs mois. Cependant, la dépression sévère persiste.
Heureusement, sa santé mentale finira par s’améliorer, notamment après son divorce avec Marylin Wilson. Ce sera l’occasion d’entamer une carrière solo dans les années 1990, redevenant le créateur productif qu’il était.

Aujourd’hui, les trois frères des Beach Boys sont tous morts. Le sort de Dennis et de Carl est aussi triste.
À seulement 38 ans en 1983, Dennis Wilson, le batteur des Beach Boys, est décédé, noyé à la Marina del Rey en Californie, près de l’endroit où son bateau était auparavant amarré, alors qu’il était ivre. Bateau qu’il avait dû vendre par manque d’argent.
De son vivant, il se serait lié d’amitié avec le gourou Charles Manson, qui appréciait particulièrement la musique des Beach Boys, avant que celui-ci devienne un criminel. Dennis sera ensuite intimidé, menacé et persécuté par le meurtrier. Il sera marqué à vie par Manson.
Quant à Carl Wilson, cadet de la fratrie et guitariste du groupe, il est décédé d’un cancer du poumon à l’âge de 51 ans.
Tous s’entendent pour dire que les Beach Boys demeurent immortels en raison de leur musique populaire et de chansons comme God Only Knows, I Get Around, lesquelles resteront à tout jamais gravées dans la mémoire collective.

Tout sur les Beach Boys
Collectif d’auteurs
Culture Rock
530 pages