Le viaduc Van Horne d’hier à aujourd’hui: «C’est comme un personnage au sein du Mile End»

Alice Fournier
À peu près tout le monde qui habite Montréal connaît le viaduc Rosemont-Van Horne, qui relie les arrondissements Rosemont—La Petite-Patrie et du Plateau-Mont-Royal. On revient sur l’histoire de cette structure qui a traversé les époques, mais qui arrive en fin de vie.
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«Le viaduc a été construit au début des années 70, dans l’ère du “tout à l’auto”», souligne l’ancien journaliste et membre de la société Mémoire du Mile End, Yves Desjardins.
Ce dernier revient sur la construction de l’infrastructure, qui ne s’est pas faite sans bouleversements.

«Pour construire le viaduc, on déplace une centaine de familles, on démolit des duplex et des triplex en bon état. Déjà, des gens protestent et disent qu’il faut mettre fin aux grands projets routiers qui se traduisent par l’expulsion des populations locales», explique le passionné d’histoire.
Et pourquoi avoir opté pour un viaduc qui enjambe la voie ferrée qui fracture Montréal, plutôt qu’un tunnel comme sur la rue Saint-Denis ou le boulevard Saint-Laurent, par exemple?
Parce qu’il a été construit alors qu’il n’y avait plus de tramway à faire passer.

De mal-aimé à aimé
Yves Desjardins le reconnaît: le viaduc a longtemps été perçu comme un «dinosaure» venu d’une autre époque.
En 2017, l’ancien maire de Montréal Denis Coderre a même songé à le détruire.
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Mais alors que l’infrastructure routière arrive en fin de vie — prévue pour 2030 —, des citoyens, dont la conseillère d’arrondissement Marie Plourde, viennent à sa défense.
«C’est comme un personnage, le viaduc, au sein du Mile End. Tout le quartier s’est réorganisé autour, les gens se sont approprié les lieux», affirme l’élue de Projet Montréal, qui apprécie le charme brutaliste de la structure de béton.
C’est vrai que la vie son cours autour du viaduc, sous lequel un parc pour planches à roulettes et un terrain de basketball ont été aménagés.

Sur Facebook, le mois dernier, elle demandait à quoi pourrait ressembler un viaduc Van Horne améliorée.
«Une promenade piétonne, un couloir de mobilité active et collective, une démolition complète, un belvédère, on le refait tout simplement», se questionnait-elle.
Essentiel à la circulation
Une chose est sure, toutefois: détruire le viaduc ne serait pas sans conséquence pour les automobilistes.
«Le flux des automobilistes irait engorger le boulevard Saint-Joseph et rendre les déplacements difficiles d’est en ouest», note le professeur en génie urbain à l’École de technologie supérieure (ÉTS), Francis Marleau Donais.
Contactée par 24 heures, la Ville de Montréal précise que le viaduc est inspecté chaque année et que «la planification du remplacement de cet ouvrage est en cours».