Le syndicat défie le retour au travail: faux espoirs pour de nombreux clients d’Air Canada
Des clients coincés ailleurs dans le monde s’attendent toujours à ce que la compagnie aérienne leur trouve un autre vol

Olivier Faucher
Le soulagement aura été de courte durée pour des milliers de clients d’Air Canada: le syndicat a défié dimanche le retour au travail imposé par Ottawa, prolongeant le bordel pour ses clients, dont plusieurs sont coincés un peu partout dans le monde.
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Samedi midi, la ministre fédérale de l’Emploi, Patty Hajdu, a exigé la reprise du travail et imposé un arbitrage exécutoire entre le syndicat des agents de bord et Air Canada, qui venait de décréter un lock-out.
Pendant quelques heures, on entrevoyait ainsi une fin au chaos des annulations massives de vols, alors qu’Air Canada avait aussitôt annoncé une reprise des vols dès dimanche soir.
Pied de nez du syndicat
Or, le syndicat a lâché une bombe le lendemain en indiquant qu’il demeurerait en grève et qu’il contestait la décision de la ministre.
«Nous allons contester cet ordre anticonstitutionnel qui viole la Charte des droits et libertés de 10 000 agents de bord, dont 70% sont des femmes, et dont 100% sont forcés de travailler sans être payés pendant plusieurs heures chaque fois qu’ils se présentent au travail», a signifié le Syndicat canadien de la fonction publique par voie de communiqué.

Le bordel a ainsi repris de plus belle, Air Canada ayant suspendu son plan de reprise et annoncé 240 autres annulations de vols. La compagnie a qualifié «d’illégal» le refus de travailler du syndicat. Et comme si la situation n’était pas déjà assez floue pour les passagers, Air Canada affirme malgré tout vouloir reprendre ses vols... dès lundi soir.
«Faux espoir» pour les clients
Avec tous ces revirements de situation, des milliers de détenteurs de billets d’avion pour les vols des prochains jours traversent des montagnes russes d’émotions.
C’est le cas d’Hakim Boubir, qui a eu le «faux espoir» de pouvoir revenir comme prévu dimanche à Montréal de Madrid avec sa conjointe et ses deux garçons à l’annonce de la ministre. Il a finalement reçu un courriel lui signifiant l’annulation de son vol dans la nuit de samedi à dimanche.
«On était complètement désorientés. C’est beaucoup moins cher si je reste à l’hôtel à mes frais au lieu de prendre un autre vol pour le moment. Via le site d’Air Canada, l’option d’être remboursé est disponible, mais pour rechercher un autre vol, c’est bloqué. Je n’ai aucune information», déplore-t-il.
Stéphanie Lebel, une Québécoise coincée à Prague avec ses garçons, attend elle aussi qu’Air Canada lui propose un autre vol, ce que la compagnie a jusqu’ici été incapable de lui offrir. Le refus du syndicat de retourner au travail a jeté une douche froide sur ses attentes envers la compagnie.

«C’est très décevant. On s’attendait à avoir un peu plus d’informations sur notre statut. Les billets d’avion, ce n’est pas des peanuts. Ça nous a coûté 5000$ en billets d’avion. On s’attend qu’avec cet argent-là, ils soient en mesure de déployer des alternatives», fustige-t-elle.
Mme Lebel, qui travaille dans le domaine du transport collectif, doit par ailleurs prendre des journées à son compte dès lundi puisqu’elle a écoulé ses vacances, ce qui fait d’autant plus grimper sa facture de voyage.
Des amendes aux agents de bord?
Claude Gravel, avocat spécialisé en droit du travail chez BCF, explique que le syndicat s’expose à des sanctions puisqu’il défie techniquement une ordonnance émise par le Conseil canadien des relations industrielles, même si elle découle d’une demande de la ministre.
«Ça pourrait être des accusations d’outrage au tribunal qui pourraient donner lieu à l’imposition d’amendes contre le syndicat, mais aussi contre chaque agent de bord qui n’obtempère pas à l’ordonnance», explique-t-il.
L’avocat souligne qu’il s’agit d’une situation «rare, voire exceptionnelle».
–Avec l’Agence QMI