Fabrication de bâtons: le retour du hockey «fait ici» redevient possible


Martin Jolicoeur
Le retour au Québec de la production des bâtons de hockey, actuellement concentrée en Asie, serait à portée de main. Et c’est dans des laboratoires de Polytechnique Montréal, construits sur les flancs du Mont-Royal, que cette revanche sur l’histoire devient réalité. Et plus vite qu’on le croit.
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«La seule chose qui empêche actuellement le rapatriement de la production de hockeys à grande échelle est les coûts de main-d’œuvre», résume Louis Laberge Lebel, professeur en génie mécanique à Polytechnique Montréal, affilié à l’Université de Montréal.
«Ces coûts sont évidemment plus importants ici qu’en Asie, poursuit-il. Mais contrairement à ce que l’on croit généralement, ils ne sont pas incontournables. Du moins, de moins en moins!»
Procédés secrets
Assisté d’une équipe d’étudiants-chercheurs, ce dernier cherche justement depuis plus de dix ans le moyen de contourner cette contrainte économique qui a mené des entreprises comme CCM, Bauer et Canadian Tire, propriétaire de Sher-Wood (de Sherbrooke), depuis 2011, à transférer au fil des années leurs productions de bâtons vers la Chine et autres pays asiatiques.

En outre, l’équipe du professeur Laberge Lebel a mis au point une méthode de fabrication de bâtons de hockey en matériaux composites, à l’aide de deux techniques: celles de tressage et de la pultrusion de microfibres de carbone et de polymère thermoplastique.
De la combinaison de ces deux techniques résulteraient des bâtons de hockey dotés d’une «excellente résistance aux impacts», en plus de présenter les rares caractéristiques, au contraire des bâtons produits actuellement, d’être à la fois réparables (lorsque cassés), recyclables et même «reformables» (pour leur donner un nouvel aspect).
La robotisation
Mais il y a plus. Le véritable génie derrière le procédé ultra-secret développé par l’équipe de Polytechnique Montréal consiste à pouvoir aisément s’intégrer à une chaîne de production automatisée destinée à la fabrication de bâtons en série, 24 heures par jour, et ce, sans nécessiter d’opérations manuelles.

C’est là, l’automatisation de la fabrication du hockey (donc sans réel besoin de main-d’œuvre), la véritable clef de voûte d’un éventuel retour de la production de hockeys en terre américaine, canadienne, ou même québécoise, soutient le professeur de génie mécanique.
Et même si on n’y est pas encore, on sent, à son ton de voix, que l’on s’y approche sérieusement. Les recherches en laboratoires étant complétées, l’équipe se concentre par les temps qui courent aux étapes de prototypage.
Partenariat industriel
Passer du laboratoire à son application robotisée en usine constitue à l’heure actuelle le prochain défi qui pourrait permettre d’intéresser un des grands acteurs de l’industrie de l’équipement de hockey.
CMM, Bauer, et d’autres, en Europe ou en Asie peut-être, sont sur les rangs. Du nombre, nul ne s’est encore positionné à titre de partenaire industriel officiel des travaux et des avancées développées depuis dix ans à Polytechnique.
Mais on le sent bien, tout cela pourrait changer. Et plus tôt que tard.
Fait saillant
C’est en 2007 que la production de bâtons en bois a cessé définitivement à l’usine Sher-Wood de Sherbrooke, en Estrie. On juge à l’époque qu’ils ne font plus le poids devant les bâtons en composite.
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