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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

J’ai testé le bâton à 500$ et ça n’a rien changé

Photo Martin Chevalier
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Photo portrait de Denis Poissant

Denis Poissant

2025-01-25T05:00:00Z
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C’est quoi le feeling d’un bâton à 517$? Rien de mieux que de le tester pour le savoir. 

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C’est ce que j’ai fait hier dans ma ligue du vendredi matin. À 7h15, quatre équipes qui se partagent deux glaces, des gars de tous les âges qui jouent pour le fun.

Certains pas mal meilleurs que d’autres, plus vites, plus habiles. Mais le jeu d’équipe harmonise le tout. Dans mon cas, pour un attaquant de 54 ans, la rapidité et l’opportunisme déclinent.

Mais qu’importe, on s’amuse!

J’ai l’habitude d’arriver à la toute dernière minute et de m’habiller en vitesse avant de sauter sur la patinoire sans véritable warm up, comme on dit dans la langue des Boys.

Pas cette fois. J’étais le premier arrivé pour essayer le Vizion, le nouveau porte-étendard de la compagnie CCM, fabriqué avec un mélange de carbone et d’aluminium, nouveauté censée prolonger sa durée de vie.

Photo Martin Chevalier
Photo Martin Chevalier

On verra bien.

Ça pèse une plume, cette affaire-là. À peine 360 grammes, même si le manche est un peu plus gros pour améliorer la prise et la palette plus large pour faciliter les déviations.

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Plus les années passent, plus on s’éloigne des Sherwood 5030 de Guy Lafleur en bois qui pesaient pas loin du double. Et on les disait légers!

Allons-y avec quelques lancers du poignet. Constat: oui, ce modèle Flex 85 avec point de flexion très bas, élastique, permet de décocher sans avertissement. Mais plus qu’un bâton à 150$? 

Infime comme différence. Genre de détail que seuls les vrais pros peuvent apprécier.

La présence de mon collègue photographe Martin Chevalier interpelle les autres joueurs qui arrivent tranquillement pour s’échauffer. Je leur explique notre reportage.

Gabryel Carignan est gaucher comme moi. Il a 25 ans et patine comme une fusée. Son lancer frappé a du poids. Je lui prête le bâton et il s’élance à quelques reprises.

«Sérieusement, je ne vois pas la différence, dit-il. Je ne paierais jamais 500$ pour un bâton.»

Gabryel Carignan a testé le bâton à 500$ et n’a pas senti de différence avec le sien d’une centaine de dollars.
Gabryel Carignan a testé le bâton à 500$ et n’a pas senti de différence avec le sien d’une centaine de dollars. Photo Martin Chevalier

Benoît Pitre, un excellent joueur dans la cinquantaine, arrive près du banc et regarde ça, perplexe.

Je lui tends le bâton. «Cinq cents dollars, et non, mon lancer du poignet n’est pas plus fort», dit-il avec un large sourire narquois en me le remettant. «Ça n’a absolument aucun sens de payer ce prix-là.»

Bon, assez jasé. C’est le temps de jouer. Deux gardiens, seulement huit joueurs d’un bord, sept de l’autre. Comme dans toute bonne ligue de garage, un alignement complet n’est jamais garanti. Ce sera une matinée éreintante.

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La mi-quarantaine, notre défenseur David Boissinot est partout sur la glace et voit le jeu à merveille.

Denis Vincent (à droite) l’a aussi testé. Après une seule présence, il voulait ravoir le sien, moins cher, qui lui convient mieux.
Denis Vincent (à droite) l’a aussi testé. Après une seule présence, il voulait ravoir le sien, moins cher, qui lui convient mieux. Photo Martin Chevalier

Je sens qu’il aimerait tester la véritable valeur de ce que je tiens entre les mains. Alors, comme à mon habitude, je me tiens près du gardien en tentant (tentant, c’est le mot) de me démarquer le plus possible à la Gallagher pour dévier un tir de la pointe.

Coup sur coup, il me repère au cours des trois premières minutes de jeu. Deux fois, je rate le filet. Passer proche, ça ne compte pas.

Au début de la deuxième période, je tends le bâton à mon coéquipier Denis Vincent, un scoreur, comme on dit.

Il revient au banc après une seule présence et veut ravoir le sien, un CCM Jetspeed à 150$ plus rigide malgré sa même flexion de 85. «Je le trouve trop mou», dit-il.

Photo Martin Chevalier
Photo Martin Chevalier

Et comme dans toute bonne ligue de garage, on s’échange plein de buts, les gardiens excellent quand même, on rate plein de chances, c’est décousu. Mes verts mènent 8 à 5 avec 15 minutes au cadran. Les blancs veulent remonter, on le sent. Notre capitaine Patrick Beaulieu nous met en garde. «Faut pas que ça arrive encore!»

Mais c’est arrivé... À 8-8 en fin de match, j’ai pu apprécier la légèreté du bâton et sa maniabilité en récupérant la rondelle derrière filet pendant que le gardien se déplaçait. Ça s’est fait vite avec une belle touche initiale pour tenter de le surprendre... puis j’ai lancé la rondelle vers le coin de la patinoire au lieu du fond du filet.

Le grand David a bien résumé le match nul en rentrant au vestiaire.

«La conclusion, Denis, c’est que ton bâton, ça ne vaut pas de la schnoutte.»

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