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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

La folie des «Boys»: «l’iceberg du Titanic» et autres anecdotes amusantes sur la franchise la plus payante du cinéma québécois

«Les Boys» accompagnent le public québécois depuis bientôt 30 ans.
«Les Boys» accompagnent le public québécois depuis bientôt 30 ans. Courtoisie
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Photo portrait de Raphaël Gendron-Martin

Raphaël Gendron-Martin

2025-07-12T04:00:00Z
2025-07-12T17:23:59Z
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En décembre 1997, un «iceberg» arrivait à tenir tête au Titanic dans les salles de cinéma du Québec. Véritable phénomène de société, la franchise Les Boys allait connaître un succès fulgurant, qui allait déboucher sur cinq longs métrages et une série télé. Puisque l’été qui s’annonce au Québec sera celui des Boys, avec une nouvelle pièce de théâtre et un spectacle hommage à Juste pour rire, Le Journal a discuté avec trois membres de l’équipe originale, Pierre Lebeau, Patrick Labbé et Michel Charette, sur les débuts de ce projet, il y a presque 30 ans.

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La genèse des Boys

C’est en rigolant dans le vestiaire après une partie de sa ligue de garage que le producteur Richard Goudreau a eu le flash pour Les Boys. Michel Charette raconte que Goudreau avait vu récemment le film Le Sphinx, avec Marc Messier, et qui était réalisé par Louis Saia. «Il avait aimé le ton et avait décidé de contacter Saia, qui était un des kings de la comédie au Québec, mentionne Charette. Il avait déjà établi toutes sortes de personnages et avait pensé à Rémy Girard pour jouer Stan.»

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Richard Goudreau est l’idéateur derrière «Les Boys».
Richard Goudreau est l’idéateur derrière «Les Boys». Photo Raynald Leblanc

Grâce à Radio Enfer

C’est grâce à Radio Enfer que Michel Charette est embarqué sur Les Boys. À l’époque, le jeune comédien travaillait sur cette populaire émission jeunesse avec Louis Saia. Ce dernier lui a parlé d’un nouveau projet de film de hockey dans une ligue de garage. «Il avait pensé à moi pour jouer le fils de Stan, qui serait joué par Rémy Girard», se souvient Michel. Au départ, le producteur Richard Goudreau n’était pas enchanté par le nom de Charette, car il voulait des vedettes. Mais Saia lui a envoyé des cassettes de Radio Enfer et cela l’a convaincu. «Je n’ai même pas eu à auditionner, dit Michel. J’ai eu ça sur un plateau d’argent.»

Michel Charette était un jeune comédien peu expérimenté lors du premier film «Les Boys», en 1997.
Michel Charette était un jeune comédien peu expérimenté lors du premier film «Les Boys», en 1997. Photo d'archives

Patrick Labbé, de son côté, croit avoir été choisi pour le rôle de Mario en partie grâce à ses habiletés sur patins. «J’avais déjà fait le camp d’entraînement du Lac-Saint-Louis dans le Midget AAA», dit-il. «Toute ma jeunesse à jouer au hockey a servi à faire en sorte que je puisse me démarquer un peu pendant l’audition sur glace.»

Patrick Labbé a campé Mario dans tous les chapitres des «Boys» au cinéma et à la télé.
Patrick Labbé a campé Mario dans tous les chapitres des «Boys» au cinéma et à la télé. Photo d’archives

Pierre Lebeau, quant à lui, a hésité avant d’accepter ce projet, car il venait de jouer un «méchant de comédie» dans la pièce de théâtre Matroni et moi [qui allait être portée au cinéma en 1999]. «Je ne voyais pas ce que je pourrais faire d’autre.» Quelques secondes avant de tourner sa première scène, il ne savait toujours pas comment il jouerait Méo. «Puis la première affaire que j’ai faite, c’est tousser. Instantanément, c’est comme si j’avais trouvé ce personnage-là.»

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Pierre Lebeau s’est démarqué dès le premier film «Les Boys» avec son personnage de Méo.
Pierre Lebeau s’est démarqué dès le premier film «Les Boys» avec son personnage de Méo. Courtoisie

«J’étais terrorisé!»

Michel Charette le dit sans gêne: il était «terrorisé» de jouer avec les autres acteurs chevronnés qui composaient la distribution. «C’était mes idoles d’enfance. Serge Thériault, Marc Messier, name it. Je regardais Iniminimagimo quand j’étais petit, puis là, il y avait Dominic Phillie. Il y avait aussi Yvan Ponton, de Slap Shot et Lance et compte. Et Rémy Girard faisait mon père! Je me disais que je n’y arriverais pas. J’étais vraiment sur les nerfs.»

Marc Messier, Michel Barrette, Patrick Huard et Roc LaFortune sur le plateau du premier film «Les Boys».
Marc Messier, Michel Barrette, Patrick Huard et Roc LaFortune sur le plateau du premier film «Les Boys». Raymond Bouchard / LES ARCHIVES / LE JOURNAL DE MONTREALv

Seul dans sa roulotte à stresser, Michel s’est fait dire de se rendre sur le plateau pour sa première scène. Alors qu’il se dirigeait vers l’endroit demandé, il s’est fait mettre une main sur l’épaule. C’était Rémy Girard, qui lui disait qu’il était content de jouer avec lui. Il avait vu Radio Enfer et il le trouvait drôle. «Ça m’a comme enlevé 40 000 lb de pression sur les épaules.»

Michel Charette et Rémy Girard.
Michel Charette et Rémy Girard. PHOTO FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Assez rapidement, le jeune acteur s’est intégré à la gang. «J’ai eu beaucoup de plaisir avec Marc [Messier], avec Patrick Labbé, que je connaissais, et Luc Guérin, qui est le gars le plus drôle au monde. Ç’a vraiment été un premier film bien tripant.»

Pour Pierre Lebeau, l’une des clés du succès des Boys, c’est qu’aucun acteur n’essayait de ramener le focus sur lui. «Malgré le fait qu’on avait tous de bonnes carrières, il n’y a personne qui avait un ego surdimensionné, dit-il. Tout le monde était au service de la scène.»

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Michel Charette, Louis Champagne et Pierre Lebeau sur le plateau du premier film «Les Boys».
Michel Charette, Louis Champagne et Pierre Lebeau sur le plateau du premier film «Les Boys». Raymond Bouchard / LES ARCHIVES / LE JOURNAL DE MONTREALv

«Ce qui était beau, c’était cette espèce de collégialité qu’on avait ensemble, confirme Michel Charette. Ça pouvait arriver que Luc Guérin ait une idée pour moi et qu’il dise que Léopold pourrait faire ça. Et moi, je lui suggérais d’autres choses. Tout le monde s’échangeait des affaires de même.»

«Ça sentait la coupe»

Les trois acteurs des Boys s’entendent tous sur une chose: ils n’auraient jamais pu prédire le succès qu’a connu la franchise au fil des années. Patrick Labbé se disait que c’était une comédie qui allait susciter de l’intérêt. «Mais que ça marche autant que ç’a marché, que ça batte Titanic au box-office, que l’on fasse cinq films et une série télé...»

Sur le plateau, Labbé constatait pourtant que plusieurs ingrédients étaient rassemblés pour que le projet fonctionne. «Réunir autant de gars avec autant de talent, qui se donnent la réplique, et le fait que ce soit écrit par des génies, avec un gars comme Louis Saia qui est dans le portrait, qui réalise et qui écrit, ça sentait la coupe.»

Dominic Philie, Yvan Ponton et Sylvain Giguère étaient de la première aventure des «Boys», en 1997.
Dominic Philie, Yvan Ponton et Sylvain Giguère étaient de la première aventure des «Boys», en 1997. Raymond Bouchard / LES ARCHIVES / LE JOURNAL DE MONTREALv

Quand on évoque les ingrédients réunis pour le succès à Michel Charette, il rétorque qu’il y avait la même chose avec le film Les Dangereux, dans lequel il a joué en 2002. «Et t’as vu le résultat [le film a été un énorme échec]... La comédie a parfois mauvaise presse. Mais là [avec Les Boys], on sentait qu’on avait quelque chose de tripant. On voyait aussi les techniciens qui avaient du fun à nous regarder.»

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«What’s Les Boys

Dès sa sortie, le 12 décembre 1997, le premier film Les Boys a pris la première place du box-office québécois, et il l’a conservée durant un long moment. Alors qu’ailleurs sur la planète, Titanic était en tête dans tous les pays, Les Boys n’ont jamais lâché le sommet ici. On raconte qu’un distributeur de Titanic aurait même appelé à Toronto et aurait dit: «What’s Les Boys?» Il se serait fait répondre que c’est «l’iceberg du Titanic au Québec».

Jack et Rose n’ont pas été en mesure de battre «Les Boys» au Québec.
Jack et Rose n’ont pas été en mesure de battre «Les Boys» au Québec. Photo d'archives

«C’était la folie furieuse», se souvient Pierre Lebeau.

Afin de promouvoir le film, la gang des Boys était partie faire une tournée d’arénas à travers la province. Les comédiens avaient disputé plusieurs parties contre des joueurs locaux. Et ils n’ont pas perdu une seule fois – oui, c’était peut-être arrangé avec le gars des vues.

«On avait un autobus pour nous transporter et il y avait parfois 3000 à 4000 personnes qui attendaient dehors pour avoir des autographes et des photos, dit Pierre Lebeau. Pour nous, c’était assez inattendu, ce succès-là.»

«C’était comme une vraie ligue de garage avec des matchs amicaux, remarque Patrick Labbé. On a joué [plus tard] contre les étoiles du Canadien. On a joué contre Team Canada féminin. J’ai compté un but contre Martin Brodeur et je me suis fait plaquer dans la bande par Raymond Bourque!»

Gildor Roy, Raymond Bourque et Patrick Labbé dans le film «Les Boys 4».
Gildor Roy, Raymond Bourque et Patrick Labbé dans le film «Les Boys 4». Courtoisie

Souvenirs mémorables à Chamonix

Quelques mois à peine après la sortie du premier film Les Boys, toute l’équipe s’est envolée pour Chamonix, en France, afin de tourner la suite. Comme on s’en doute, les anecdotes ont été nombreuses.

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Patrick Labbé et Michel Charette gardent de forts souvenirs d’un moment où le regretté Paul Houde s’est mis à pointer chaque montagne autour d’eux en leur disant la hauteur de chaque sommet. «C’était grandiose, se souvient Patrick. Comment ce gars-là faisait-il pour avoir une mémoire aussi phénoménale que ça?»

Affiche du film «Les Boys II».
Affiche du film «Les Boys II». Photo courtoisie

Michel se rappelle aussi en riant un soir où tous les comédiens étaient allés voir le concours Miss Haute-Savoie, parce qu’ils avaient congé de tournage le lendemain. Michel avait décidé d’infiltrer le concours et de se faire passer pour une participante. «Le lendemain, le journal local disait que des Québécois avaient perturbé la soirée de Miss Haute-Savoie!», dit-il en riant.

«On s’en foutait, parce que personne ne nous connaissait là-bas, poursuit Michel. Marc Messier, Rémy Girard et Patrick Huard disaient que c’était la première fois qu’ils entraient dans un bar et que personne n’allait les voir [comme au Québec]. Ç’avait été une soirée extraordinaire.»

Sur une patinoire olympique à Pierrefonds

Parce que certains membres de la distribution ne savaient pas très bien patiner, une doublure a été nécessaire pour tourner les scènes de hockey. «Ce n’était vraiment pas équilibré comme équipe, se souvient Patrick Labbé en riant. Pour les jeux, il y a un gars qui était vraiment un très bon joueur de hockey. Je pense qu’il a dû doubler à peu près tout le monde 1000 fois. Il enfilait le chandail et essayait d’imiter chaque acteur quand il patinait pour essayer de faire le jeu.»

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Dans Les Boys 2, les scènes extérieures ont véritablement été tournées à Chamonix. Mais l’ensemble des séquences intérieures, dans les hôtels et bars, mais aussi sur la glace, a été tourné au Québec. Parce qu’en Europe, les patinoires sont de dimension olympique, l’équipe des Boys a déniché une patinoire olympique à Pierrefonds, dans l’ouest de l’île de Montréal, pour tourner les scènes du tournoi. «C’était vraiment le fun, mentionne Patrick Labbé. La dimension d’une patinoire olympique, avec les grandeurs de bande et la grandeur de la patinoire, ça fait toute la différence à l’action.»

Les Boys en chiffres

  • Les Boys (1997): 6,1 M$ au box-office
  • Les Boys 2 (1998): 5,4 M$
  • Les Boys 3 (2001): 5,4 M$
  • Les Boys 4 (2005): 3,9 M$
  • Il était une fois les Boys (2013): 1,3 M$
  • La série télé a été diffusée sur les ondes de Radio-Canada de 2007 à 2012 et a attiré une moyenne de plus d’un million de téléspectateurs chaque semaine pendant ses trois premières saisons. En tout, 73 épisodes ont été présentés.
  • Les trois premiers films Les Boys ont remporté la Bobine d’or (prix remis au film ayant obtenu le plus de recettes au Canada) les années de leurs sorties en salle respectives.
  • Le premier film Les Boys, en 1997, est le premier long métrage québécois qui a attiré plus d’un million de personnes dans les salles au cinéma. C’est aussi le seul film au monde qui ne s’est pas fait battre par la mégaproduction Titanic à l’époque.
  • En comptant les films et la série télé, des tournages hors Québec ont eu lieu à Chamonix, Vancouver, Las Vegas et Cuba.
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