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Le «Houdini» derrière la magie de Mikaël Kingsbury

Dean Bercovitch montre ses trucs au champion et grand magicien du ski acrobatique

DIDIER DEBUSSCHERE/JOURNAL DE QUEBEC
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Photo portrait de François-David Rouleau

François-David Rouleau

2025-02-01T10:00:00Z
2025-02-01T11:00:00Z
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SAINT-CÔME | «C’est drôle, parce que je le surnomme le “Houdini” du “grab”.» C’est le surnom que Michel Hamelin a donné à Dean Bercovitch, l’un des entraîneurs de sauts de l’équipe canadienne de ski acrobatique qui est trop humble pour confirmer qu’il insuffle de sa magie au roi des bosses en personne, Mikaël Kingsbury, depuis quelques années.

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Bercovitch possède une feuille de route aussi impressionnante qu’atypique. Il est entré dans le ski alpin après quelques hivers de planche à neige en décidant de faire de la compétition dans les Laurentides. Il a ensuite suivi son frère au mont Alta, à Sainte-Agathe, en tombant amoureux du ski acrobatique.

Et c’est là, à peine adolescent, qu’il a connu Mikaël Kingsbury alors qu’il courait contre lui dans les bosses en compétition. Abonné aux 4e et 5e places malgré ses talents, il s’est ensuite envolé vers Whistler et Blackcomb, où il a décidé de passer au slopestyle et aux spectaculaires manœuvres sur les sauts de «big air».

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Photo d'archives, Didier Debusschère
Photo d'archives, Didier Debusschère

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Pour gagner sa vie et arrondir les fins de mois plutôt dispendieux au pied de la populaire montagne de la Colombie-Britannique, il enseignait le trampoline. Ayant développé son expertise dans des disciplines connexes au ski acrobatique, la formation nationale l’a donc engagé à temps partiel afin qu’il développe la technique des figures désaxées (cork) au trio des sœurs Dufour-Lapointe pour les Jeux olympiques de 2018.

«On cherchait quelqu’un de spécial et capable de suivre la nouvelle génération de skieurs. Ce n’est pas juste un coach de sauts, car nous avons aussi Steve (Omischl), qui est ultrapur et qui enseigne avec les notions des sauts acrobatiques dans l’axe, raconte l’entraîneur de la formation nationale, Michel Hamelin. Dean est issu du monde des bosses et du big air, il est incroyable pour comprendre et faire comprendre la mécanique.

DIDIER DEBUSSCHERE/JOURNAL DE QUEBEC
DIDIER DEBUSSCHERE/JOURNAL DE QUEBEC

«C’est le Houdini du grab, ajoute-t-il, plaisantant et faisant référence au mystérieux magicien illusionniste du 20e siècle. Parce qu’il réussit toujours à en exécuter un à la perfection au bon moment, peu importe la situation.»

Des outils de plus

Après son bon boulot effectué pour PyeongChang 2018, Bercovitch perce le cercle de Kingsbury, qui le connaissait bien, afin d’y amener un vent de fraîcheur. Il ajoute d’autres outils dans l’impressionnant sac du champion olympique, notamment une panoplie de figures désaxées payantes aux yeux des juges lorsqu’elles sont bien exécutées.

«Il savait que je connaissais les gros sauts qui paient beaucoup dans une descente. On a entre autres travaillé le cork 720 truck driver, qu’il fait de temps en temps.»

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Qu’est-ce que cette manœuvre?

Ce sont deux rotations désaxées complètes durant lesquelles le skieur saisit l’avant de ses deux skis et imite le mouvement de manier un gros volant à la manière d’un conducteur de gros camion.

«Ce que j’aime de son expertise, c’est qu’il est capable d’exécuter les sauts que je fais, affirme Kingsbury. Il comprend les axes et le côté freestyle. Il voit les choses différemment.»

(1) Mikael KINGSBURY (CAN) lors de la finale 2 des hommes dans le cadre de la Coupe du monde FIS de ski acrobatique à Val Saint-Côme le vendredi 27 janvier 2023. MARTIN CHEVALIER / LE JOURNAL DE MONTRÉAL
(1) Mikael KINGSBURY (CAN) lors de la finale 2 des hommes dans le cadre de la Coupe du monde FIS de ski acrobatique à Val Saint-Côme le vendredi 27 janvier 2023. MARTIN CHEVALIER / LE JOURNAL DE MONTRÉAL Martin Chevalier / JdeM

Dure réalité

Pour exprimer son point, l’athlète aux 26 globes de cristal raconte la pénible débarque qu’il a vécue lorsqu’il a effectué un double cork 1080 à l’entraînement.

«C’est deux flips et trois rotations. C’est dangereux et il faut l’exécuter correctement. Je savais comment faire, mais je ne l’avais jamais fait sur un saut de bosses, relate Mik en se rappelant la fouille. On a jasé et on a convenu d’une méthode. Le lendemain, on était à Montréal sur le trampoline pour la travailler.»

«Houdini» Bercovitch savait exactement comment exécuter ce saut, qu’il avait réalisé maintes fois.

«Il m’a donné des précisions sur la position des pieds, les angles de la tête, de la prise du ski et les points précis à viser des yeux, explique Kingsbury. Les entraîneurs observent des choses que tu ne vois pas, même si tu es meilleur qu’eux. Dean, lui, comprend la mécanique, le feeling, les forces G, les difficultés et la technique pour y arriver. La connexion est spéciale, car il me donne les petits trucs.»

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À l’époque, Harry Houdini faisait la même chose. Il prenait soin de montrer ses outils et ses trucs dans ses tours.

À certains moments, Kingsbury le confirme, Bercovitch lui insuffle sa magie.

Mais pour l’amener à être le meilleur skieur au monde qui dévale la piste de bosses à toute allure et qui enchaîne deux spectaculaires sauts, c’est aussi la magie d’une équipe multidisciplinaire complète. Celle de Bercovitch, d’Omischl, d’Hamelin et cie.

Une débarque dans un saut pour la bière Sam Adams met fin à sa carrière

DIDIER DEBUSSCHERE/JOURNAL DE QUEBEC
DIDIER DEBUSSCHERE/JOURNAL DE QUEBEC

SAINT-CÔME | Si Dean Bercovitch est sur les lignes de côté à observer et conseiller les meilleurs athlètes de ski acrobatique au monde à 32 ans, c’est qu’un accident à la suite d’une spectaculaire manœuvre sur un «big air» a mis fin à sa carrière en 2017.

L’habile skieur acrobatique s’exécutait alors dans un évènement propulsé par la brasserie de Boston, Samuel Adams, sur une montagne du Montana.

«Quand j’ai effectué mon saut, un double front, je suis tombé dans la neige folle de l’aire d’atterrissage, où il n’y avait pas de lumière, et j’ai été frappé dans un angle mort, raconte Bercovitch en entrevue avec Le Journal avant l’arrêt du circuit de la Coupe du monde à Val Saint-Côme. J’ai fait des convulsions et une grosse commotion.»

Celui qui multipliait auparavant les manœuvres spectaculaires dans les airs n’a jamais pu renouer avec la compétition. La confiance en charpie, plus courbaturé et plus vieux, il a accroché ses planches. Mais il n’a pas pour autant boudé les produits de l’entreprise bostonnaise!

Chemin sinueux

Plutôt que de quitter l’industrie du ski dans laquelle il connaissait tant de gens et éprouvait tant de plaisir, le natif de Sainte-Agathe a décidé de partager son savoir-faire avec les jeunes skieurs de la communauté à Whistler.

De petits boulots en petits boulots, il a réussi à se frayer un chemin vers l’équipe nationale. Si jamais la Fédération internationale de ski (FIS) venait à décider d’élargir les balises des sauts encore plus spectaculaires, il pourra montrer aux membres de l’équipe tout ce qu’il savait faire sur les «big air» du Canada et des États-Unis.

Avec son pied-à-terre dans les montagnes de la Colombie-Britannique, il continue sa vocation.

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