Budget fédéral 2024: les riches devront payer plus

Raphaël Pirro
La ministre fédérale des Finances Chrystia Freeland propose dans son budget d’aller chercher l’argent chez les plus riches pour financer un énorme montant de 57,5 milliards $ en nouvelles dépenses au cours des six prochaines années.
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Une nouvelle taxe sur les gains en capital dépassant le seuil des 250 000 $ permettra d’aller chercher plus de 19 milliards $ d’ici 2029. Ce changement ne touchera que la «tranche de 0,13 % des plus riches», soit environ 40 000 personnes dont le revenu moyen est de 1,42 M$, calcule Ottawa.
«Aujourd’hui, un charpentier ou une infirmière peut payer des impôts à un taux marginal plus élevé qu’un multimillionnaire. Ce n’est pas juste. Cela doit changer. Et cela changera», a indiqué la ministre Freeland aux Communes lors du dépôt sur le logement.
Sous le thème d’«une chance équitable pour chaque génération», le budget fédéral de 2024 a comme objectif principal de faire des millénariaux et de la génération Z, public qui les délaisse de plus en plus, le cœur de leur action politique.
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Du nouveau malgré le striptease
En maintenant le déficit à 40 milliards $, la ministre éloigne le Canada d’une réduction de sa cote AAA attribué par les agences de cotation.
Bien que la manœuvre permette au Canada de respecter ses ancrages financiers, le gouvernement fédéral ne s’est pas contraint à un «budget restrictif», selon le fiscaliste de l’Université de Sherbrooke, Luc Godbout.
Au contraire : en plus des annonces sur le logement effectuées pendant les semaines de stripteaseprébudgétaire, la ministre a gardé quelques petites surprises dans sa manche.
Le gouvernement fédéral propose notamment une nouvelle prestation canadienne pour les personnes handicapées au coût de 6,1 G$ pour les six prochaines années, dont les premiers versements sont prévus pour 2025.
Il met également sur table une importante bonification des bourses et des prêts d’études, totalisant 1 G$ pour l’année 2024-2025.
La TPS sert à payer les intérêts
L’augmentation des dépenses par le fédéral, conjuguée à des taux d’intérêt élevés, ont contribué à une réelle explosion des frais d’intérêt de la dette du fédéral : celle-ci atteint en 2024-2025 un sommet de 54,1 milliards $.
Il y a seulement deux ans, pour l’année 2022-2023, les frais de la dette publique étaient de 35 milliards $. Le nouveau montant de 54,1 milliards $ est identique à celui généré en revenus par la taxe sur les produits et services (TPS).
«Pour la première fois de l’histoire», note Luc Godbout, «la TPS sert entièrement à payer les frais d’intérêts. Il n’y a pas une cenne de la TPS qui sert à autre chose qu’à payer des intérêts sur la dette», analyse l’expert.
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