La rougeole, une maladie du passé? En 1989, le Québec était aux prises avec une épidémie de rougeole, une maladie grave et extrêmement contagieuse
Martin Landry
La rougeole est une des maladies les plus contagieuses sur terre. Selon l’Organisation panaméricaine de la santé, une personne non immunisée exposée au virus risque à 80% et plus d’être infectée. La rougeole se transmet facilement par voie aérienne et le risque de transmission persiste pendant de longues minutes même si la personne infectée ne se trouve plus sur les lieux.
Cette maladie se propage donc extrêmement rapidement et peut s’étendre sur une très grande distance en quelques jours. L’année dernière, plus de 306 000 cas de rougeole ont été déclarés dans le monde, une augmentation de 79% en une année seulement. Heureusement, il existe un vaccin pour freiner sa propagation.
ROUGEOLE ET VACCINATION
L’immunisation contre la rougeole se fait par la vaccination des jeunes enfants. Le vaccin vivant atténué contre la rougeole a été introduit au Québec en 1970.
Malgré la vaccination, la rougeole fait épisodiquement des retours en force ici et ailleurs dans le monde. Plus de 3000 cas sont déclarés au Québec en 1979-1980, puis en 1984, 1300 cas sont déclarés en quelques mois.
En 1989, le Québec est touché de plein fouet par une épidémie importante, qui fera plus de 10 000 malades, dont 656 nécessitent une hospitalisation. On déplore aussi le décès de sept Québécois.
L’épisode de 1989 frappe davantage les adolescents, des jeunes qui, bien que vaccinés (80%), avaient été mal vaccinés. La situation force le gouvernement Bourassa à mettre en place une vaste opération de rattrapage vaccinal. Son ministre responsable de la santé, Marc-Yvan Côté, songe même à l’idée de rendre obligatoire la vaccination contre la rougeole.
Cet épisode amène les scientifiques à se questionner sur la force de la dose unique pour prévenir la maladie. On constate aussi que les taux de vaccination contre la rougeole varient énormément d’une région à une autre: on parle d’un écart entre 40% et 90%. Graduellement, après neuf mois d’épidémie, les cas se mettent à baisser et le gouvernement abandonne l’idée d’imposer la vaccination obligatoire.
Il faudra attendre 1996 pour que Québec lance une vaste campagne d’immunisation de masse pour administrer une 2e dose contre la rougeole chez les jeunes de 19 mois à 17 ans. Malgré tout, en 2007, 99 cas sont déclarés au Québec. On constate alors que la majorité des cas (94%) sont considérés comme non immunisés.
Même si périodiquement la rougeole refait surface, aucun autre cas ne va entraîner la mort.
L’épidémie de rougeole de 1989 au Québec n’est pas un accident de l’histoire, elle aurait pu être évitée. Ces jours-ci, on nous redit qu’on pourrait revivre une telle situation si la population n’est pas adéquatement vaccinée. Le taux de vaccination souhaité pour combattre la rougeole est de 95%. Dans certaines écoles, particulièrement de la région de Montréal, ce taux tourne autour de 40%. À écouter les directives répétées de la santé publique, il semble que pour déjouer la maladie, seul le vaccin à deux doses administrées dans le bon intervalle nous épargnera ces retours d’épidémie de rougeole.
