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L'article provient de Le Journal de Montréal

«La République de Kafka»: Le premier roman de Louis St-Pierre remporte le prix Robert-Cliche

Photo JULIA MAROIS
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Photo portrait de Frédérique De Simone

Frédérique De Simone

2025-08-06T13:05:00Z
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Le cinéaste Louis St-Pierre a remporté cette semaine le prix Robert-Cliche pour son premier roman, La République de Kafka, un ouvrage de fiction abordant la lutte contre la désinformation, sur fond de thriller politique. 

C’est la réalisation d’un court métrage documentaire sur Franz Kafka, tourné pendant un échange étudiant à Prague lors de ses études en cinéma, qui lui a inspiré les grandes lignes de ce premier livre, mais qui l’a aussi sensibilisé à la crise mondiale de la désinformation, qu’il voyait déjà, à l’époque, prendre de l’ampleur.

«Personnellement, je voyais le problème de la désinformation comme un problème presque lié à la subjectivité humaine: on pense toujours que ce qu'on pense, c'est la bonne chose à penser. On en a la certitude», a déclaré le lauréat à l’Agence QMI, ajoutant voir l’écriture de Kafka comme l'antidote à ce fléau.

Photo fournie par VLB ÉDITEUR
Photo fournie par VLB ÉDITEUR

«L’écriture de Kafka tourne beaucoup autour de la notion de doute. Je voyais Kafka comme une espèce de remède à cela, en injectant un peu de doute dans notre quotidien, de manière saine», a-t-il dit.

Avec La République de Kafka, l’auteur raconte cette fois l’histoire d’un réalisateur québécois invité à Prague, en République tchèque, pour réaliser un long métrage documentaire, qu’il veut objectif, sur Franz Kafka. Le hic, c’est qu’il ne sait rien de cet écrivain, pourtant considéré aujourd’hui comme l’un des symboles politiques les plus importants.

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Au fil de ses recherches, il se rend compte que son film sera utilisé, malgré lui, dans une campagne de propagande russe.

«La résidence artistique qui l’invite est financée par des oligarques russes qui veulent utiliser son film comme un point d'ancrage d'une campagne de désinformation antidémocratique en République tchèque», explique Louis St-Pierre.

Photo JULIA MAROIS
Photo JULIA MAROIS

«Il essaie de faire un film objectif, dans lequel il veut représenter Franz Kafka de manière fidèle, mais plus la réalité se désintègre autour de lui, plus il se rend compte que ce n’est pas vraiment possible.»

«Je voulais me laisser surprendre par mon sujet» 

En écrivant son premier ouvrage de fiction, Louis St-Pierre s’est laissé porter par l’inspiration, mais s’est aussi détaché des structures narratives qu’il a appris à maîtriser pendant ses études en cinéma.

«Je voulais me laisser surprendre par le sujet. Je savais que j'avais ce protagoniste-là, un peu troublé, qui allait déambuler à Prague. Je voulais que l'intrigue puisse me surprendre aussi. Je n'avais rien prévu à l'avance, à part le fait que la résidence artistique serait financée par des oligarques russes. J'y allais vraiment un chapitre à la fois. Je laissais l'histoire se dérouler d'elle-même», a-t-il dit lors d’une entrevue accordée à l’Agence QMI.

«C'était une tentative de sortir un peu des structures narratives convenues et de jouer avec les attentes que ces structures créent chez les lecteurs», a poursuivi l’auteur.

En remportant le prix Robert-Cliche, Louis St-Pierre obtient une bourse de 10 000$ et verra son manuscrit publié chez VLB éditeur; le lancement aura lieu la semaine prochaine.

«C’est vraiment un honneur, et je dis le mot honneur, mais je n'arrive même pas à comprendre ce que ça veut dire, au sens où c’est un prix tellement beau. [...] J’en ai reçu, des refus, dans ma vie, sur des projets. Que ce projet-là, qui est très éclectique, assez étrange, reçoive cette reconnaissance-là, c’est vraiment incroyable», s'est-il extasié devant l’œuvre physique qu’il a récemment reçue.

«Au cinéma, tu vois ton film maintes et maintes fois, mais tu ne le tiens jamais dans tes mains. Alors que là, avoir un livre... c’est vraiment quelque chose de particulier, et je suis très reconnaissant de cette plateforme qui m’est offerte pour un livre aussi hétéroclite.»

Cette année, le jury du prix Robert-Cliche – qui récompense annuellement l’auteur ou l’autrice d’un premier roman soumis de façon anonyme – était composé de Patrick Senécal, de la journaliste Karyne Lefebvre et du libraire Thomas Dupont-Buist.

Le film Das ist komisch de Louis St-Pierre a été présenté au 38e Festival International du Film sur l’Art de Montréal.

La République de Kafka paraît ce mercredi.

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