La ouananiche est au rendez-vous dans les eaux du lac Saint-Jean


Julien Cabana
Alors que bien des amateurs de pêche prédisaient une saison très difficile à la suite de la saison désastreuse de 2023, la ouananiche a déjoué toutes les prédictions pour mordre de belle façon aux offrandes des amateurs cette saison, dans les eaux du lac Saint-Jean.
« Les premières journées de pêche nous permettent d’être beaucoup plus encouragés que nous ne l’étions avant l’ouverture », explique le directeur général de la Corporation de LACtivité Pêche Lac-Saint-Jean (CLAP), Marc Archer.
« L’an dernier, nous avons enregistré la pire saison de pêche de la ouananiche des 20 dernières années. Manifestement, nous étions dans le creux de l’abondance ouananiche/éperlan. Il ne restait pas beaucoup d’éperlans reproducteurs durant la première moitié de la saison. Ce qui nous faisait penser que nous aurions une mauvaise saison cet été. »
Une surprise attendait toutefois les gestionnaires à compter de la fin du mois de juillet.
« À ce moment-là, nous avons constaté l’arrivée de jeunes éperlans de l’année en très grande quantité. Présentement, au moment de cette entrevue, ces jeunes éperlans, qui ont maintenant un an, sont très abondants dans le lac. »
La nature a donc joué un tour aux gestionnaires, mais pas sans leur aide.
« Tant mieux, je me suis trompé, se réjouit l’expert. Il se prend de la ouananiche partout dans les secteurs habituels de pêche. Les prises sont de belle taille. Il n’y a pas grand-chose en deçà de 40 centimètres. Les pêcheurs capturent des ouananiches de trois, quatre et cinq livres, très grasses, de vrais ballons de football, comme le veut l’expression populaire. »
LES FRAYÈRES AMÉNAGÉES
L’aménagement de frayères artificielles, faites par la CLAP, a certainement contribué à augmenter de façon importante la population d’éperlans dans le lac. Cette espèce est la nourriture principale de la ouananiche.
« Depuis qu’on a aménagé nos premières frayères en 2017, suivies de la phase deux en 2023, on constate que le système de mesure que nous avions en termes de cycle de l’abondance de la ouananiche n’est plus le même. Les grands cycles de neuf ou dix ans, depuis deux ans environ, ces données ne tiennent plus », ajoute Marc Archer.
« Nous n’avons pas encore compris comment fonctionne le système de cycles maintenant. Il va nous falloir encore du temps pour le comprendre. On sait qu’il y aura toujours un cycle d’abondance parce qu’il y en avait il y a cent ans. »
Les changements de comportements du système de suivi semblent influencés par l’aménagement des frayères.
« Il n’y a rien de semblable par rapport à la période d’avant l’aménagement des frayères. Nous avons constaté, après quatre années de suivi sur les populations d’éperlans, que le secteur avait produit un peu plus de trois fois plus de larves d’éperlan que le secteur en produisait avant. »
En consultant le graphique des montaisons de ouananiches dans la rivière Mistassini, on peut mieux comprendre la différence de comportement de l’espèce, par rapport à la norme établie.
« On a constaté que le cycle se fait presque en deux ans au lieu des dix comme avant. Pour nous, nos efforts d’aménager des frayères ont porté leurs fruits. Nous avons d’ailleurs des données scientifiques qui le prouvent. Malgré les doutes de certains pêcheurs, en agissant de la sorte, nous avons ajouté de la robustesse au système de relation entre la ouananiche et l’éperlan dans les eaux du lac, qui est essentiel pour la survie et l’abondance de la “Reine du lac” ».
« Pour les pêcheurs qui pourraient douter de mes dires, je les invite à consulter la page Facebook Ounaniche Lac Saint-Jean. IIs vont pouvoir constater que les résultats de pêche n’ont rien à voir avec l’an passé. »
AVENTURE LAC SAINT-JEAN
La saison dernière, j’ai eu la chance de connaître un pourvoyeur qui passe son été sur le lac Saint-Jean, Charles Dufour, d’Aventure Lac Saint-Jean.

« Nous avions été chanceux lors de notre sortie de pêche parce que nous avions capturé plusieurs belles ouananiches. Le reste de la saison, nous n’avions pas été aussi chanceux. »
« Cette saison, cependant, les choses ont changé. Nous sommes loin de notre meilleure saison à vie, mais malgré les prévisions pessimistes, nous faisons de belles captures en quantités quand même assez intéressantes. »
« Les poissons sont beaux, gras et très combatifs. Je crois que les pêcheurs qui vont tenter leur chance cette saison ne le regretteront pas. »