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La journalisation: Pour mieux se comprendre et se connaître

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Pascale Jacquin

2025-08-21T12:00:00Z
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Adulte, on a peut-être relégué aux oubliettes ce journal intime qui recevait nos confidences, ado. Et si l’écriture était ce qui, aujourd’hui, nous manquait pour nous épanouir et atteindre un équilibre émotionnel?

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Écrire dans un journal est peut-être un rituel associé à l’adolescence, mais les bienfaits sont si grands qu’on devrait conserver cette habitude une fois adulte. «En psychologie positive, on a fait des recherches sur la journalisation et elles ont révélé que se confier sur papier peut nous stimuler, nous inspirer et nous motiver. Ça peut nous éviter des états dépressifs, nous permettre de mieux nous comprendre, d’apprendre à nous connaître et à devenir plus intuitive», explique Christine Michaud, autrice et conférencière.

Mais qu’est-ce qui explique ces bienfaits? «Quand on écrit ou qu’on se confie à un journal, on se raconte et, juste ça, c’est aidant. Toute personne qui est allée consulter un psychologue sait que, lors de la première rencontre, c’est plutôt nous qui parlons, car le thérapeute est là pour entendre ce qu’on veut faire partager, régler. Malgré tout, on sort souvent de là en se disant: “Wow, ça m’a tellement fait du bien!” Pourquoi? Parce qu’on a été écoutée. On oublie à quel point c’est important, même parfois manquant dans notre société, d’être écouté pour vrai. Et c’est ce que le journal peut faire pour nous», précise-t-elle.

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Différents types de journaux

Du journal personnel à caractère autobiographique au journal de gratitude en passant par le carnet de voyage ou même le carnet de notes, il existe autant de types de journaux que de personnalités. Il est même possible de créer un journal unique, selon nos envies et nos besoins du moment. L’important est d’y aller avec ce qui nous touche. «Ce qui aide, c’est de partir d’une thématique: par exemple un journal de synchronicité, où l’on note les drôles de hasards de la vie, ou un journal pour décrire ses rêves et les émotions qui y sont liées, indique Mme Michaud. On peut choisir quelqu’un, mort ou vivant, et faire un journal en souvenir ou en hommage à cette personne, un document contenant des citations, des photos, des leçons qu’elle nous a transmises, etc.»

«La journalisation ne se limite pas à l’écriture. On peut aussi opter pour un journal créatif dans lequel on pourra dessiner, peindre, faire du collage, etc. Tout est possible! C’est beaucoup l’enfant en soi qui ressort quand on fait un journal créatif», souligne l’experte. Une autre technique, popularisée par l’autrice américaine Julia Cameron, est la rédaction matinale, un exercice qui, selon elle, peut libérer notre créativité. Chaque matin, on remplit trois pages d’un journal avec tout ce qui nous passe par la tête. On se libère des pensées qui nous stressent, nous inquiètent, mais aussi des choses anodines, comme des achats à effectuer, des appels à faire, des tâches à accomplir, etc. «Ça peut être des mots, des phrases... peu importe. Le style n’a pas d’importance, ajoute Christine Michaud. L’idée est de se vider l’esprit le plus possible pour faire de la place à la créativité, à l’intuition et à de nouvelles idées qui nous feront du bien.»

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D’ailleurs, pas besoin de se limiter. On peut avancer différents types de journaux en même temps. «Ce qui compte, c’est que ce soit simple et amusant, sinon on n’aura pas envie de le faire. C’est pour ça qu’il faut s’écouter, choisir une thématique qui nous touche et nous ressemble.»

Où et quand?

Ashlyn Ciara/Unsplash
Ashlyn Ciara/Unsplash

«J’ai des amis auteurs qui écrivent dans des cafés où c’est super bruyant. Moi, j’en serais incapable. Quand j’écris, j’ai besoin de calme. Il faut y aller avec ce qui nous fait du bien et ce qui nous convient, explique l’autrice et conférencière. Et il faut essayer!» Alors, on essaie la journalisation le matin, le midi, le soir, sur une tablette, sur notre ordinateur ou dans un journal, et l’on voit ce qui fonctionne le mieux pour nous. Mais parce que nos envies et nos besoins changent, on s’ouvre à la possibilité que la méthode et le moment choisis puissent varier au fil des ans. «Je n’aime pas les cadres trop restreints. Je trouve important de respecter notre personnalité et nos envies. C’est à ce moment-là qu’on accède le plus à qui l’on est, à ce qui doit ressortir et ce qui nous sera le plus aidant», précise Mme Michaud.

En ce qui a trait à la fréquence, il n’y a pas vraiment de règles établies. On peut aussi bien s’adonner à la journalisation quotidiennement, hebdomadairement ou même mensuellement. «Il faut se demander ce qui nous fait envie. Ça peut être de temps à autre ou religieusement toutes les semaines ou tous les mois.»

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On ne sait pas écrire?

Bonne nouvelle: pas besoin d’être écrivaine pour se lancer dans la journalisation. «Il ne faut surtout pas se mettre de pression. Notre journal n’a pas à être parfait. Le danger quand on opte pour la perfection, c’est qu’on accède moins à notre profondeur, parce qu’on se met trop de barrières. On doit y aller selon les élans de notre coeur. Il faut se dire que, justement, on fait ça pour le plaisir... Et pour nous! Il ne faut surtout pas faire un journal en pensant que d’autres personnes vont le lire, parce qu’on risque de se censurer», dit l’experte.

Et inutile d’avoir la fibre artistique pour concevoir un journal créatif. «Au départ, on n’a pas besoin d’avoir beaucoup de créativité, parce que ça vient en cours de route. Il y a même des gens qui vont se mettre à dessiner alors qu’ils n’ont jamais dessiné de leur vie!» ajoute-t-elle.

Par où commencer?

C’est bien beau tout ça, mais avec tous les types de journalisation qui existent, par où devrait-on commencer? «Si j’avais le choix, je dirais de débuter avec les gratitudes. On écrit trois choses pour lesquelles on a envie de dire merci, le soir, avant de s’endormir. Ça peut être n’importe quoi: une conversation avec quelqu’un qui nous a fait du bien, une bonne nouvelle qu’on a entendue, notre café qui était bon, etc. D’ailleurs, on peut en noter autant qu’on le souhaite!» précise Mme Michaud. Plusieurs études scientifiques réalisées sur la gratitude confirment les grands bienfaits qu’apporte ce type de journalisation, en particulier sur le sommeil, l’humeur, le stress et même sur la mémoire. «Pour écrire nos gratitudes, il faut se remémorer notre journée, alors c’est un excellent exercice de mémoire, dit Christine Michaud. Et ça nous rend également plus consciente de ce qu’on vit pendant le jour, parce qu’on est à la recherche de trucs qui nous font du bien et pour lesquels dire merci, le soir venu. Donc, ça nous programme aussi à être plus positive.»

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