Détenu mort à la prison de Bordeaux: une coalition exige plus de transparence sur le milieu carcéral
Audrey Sanikopoulos
Une enquête publique sur le racisme systémique dans le milieu carcéral a été réclamée samedi par une coalition de défense des droits civiques qui vient en aide à la famille de Nicous d’Andre Spring, décédé à la prison de Bordeaux, le 24 décembre dernier, lors d’une détention illégale.
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La Coalition rouge souhaite ainsi le déclenchement d’une enquête indépendante de l’Ombudsman des services correctionnels du Québec, mais aussi d’une enquête publique auprès du coroner, une autopsie indépendante et la création d’un comité de surveillance des services correctionnels de la province.
«S’il existe des enregistrements vidéo de l’altercation, de ce qui s’est passé avec Nicous, on demande aussi que ce soit rendu public pour une question de transparence», a indiqué Alain Babineau, directeur du profilage racial et de la sécurité publique de la Coalition rouge en entrevue avec l’Agence QMI.

Le bureau du coroner et la Sûreté du Québec (SQ) se penchent déjà sur l’événement de décembre dernier, lorsque le jeune homme de 21 ans a subi des blessures qui ont entraîné sa mort, mais le regroupement réclame plus de transparence du gouvernement.
«Malheureusement, la famille n’a pas confiance que les enquêtes qui sont en cours vont vraiment révéler ce qui s’est passé», a-t-il précisé.
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Des préjugés encore tenaces
Nicous d’Andre Spring aurait dû être libéré de la prison de Bordeaux la veille de son décès à la suite d’une enquête de cautionnement, avait confirmé le ministère de la Sécurité publique après les événements.
«Souvent, les gens pensent que les personnes dans les pénitenciers sont des bandits, mais 75% des personnes en détention n’ont pas été trouvées coupables devant les tribunaux et attendent de passer en cour. C’était le cas de Nicous», a fait valoir M. Babineau.
La discrimination raciale endémique, les stéréotypes et les préjugés sont d’ailleurs encore répandus et persistants dans les prisons fédérales, selon un rapport de l’enquêteur correctionnel du Canada publié en novembre dernier.
Les détenus noirs représenteraient ainsi 9,2% de la population carcérale totale, même s’ils ne composent qu’environ 3,5% de la population canadienne, a-t-il notamment été expliqué.
Sur le plan québécois, les services correctionnels regrouperaient les détenus par tons de peau – clair, pâle, moyen et foncé –, d’après une étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) de 2021 sur le profil des personnes judiciarisées au Québec.
«On veut que le gouvernement se penche sur la question et aille voir qu’est-ce qui se passe derrière les murs des centres de détention au Québec», a soutenu M. Babineau.