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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Monnaie à l'effigie du roi Charles III : l'origine des «piastres» au Québec

Le dollar de la Montreal Bank de 1821 présente l’image de Britannica (personnification féminine de la Grande-Bretagne) près d’un navire, symbole du commerce.
Le dollar de la Montreal Bank de 1821 présente l’image de Britannica (personnification féminine de la Grande-Bretagne) près d’un navire, symbole du commerce. Source : Montréal en histoire.
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Photo portrait de Mathieu-Robert Sauvé

Mathieu-Robert Sauvé

2023-11-23T05:05:00Z
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« J’ai hâte de tenir enfin entre mes mains les pièces de monnaie canadienne à l’effigie du nouveau monarque », lance Yvon Chicoine, qui collectionne la monnaie depuis plus d’un demi-siècle. 

Le propriétaire de la boutique Monnaie de Versailles, à Place-Versailles, dans l’est de Montréal, offrira dès que possible à ses 200 à 300 clients les premières pièces de collection qui seront frappées pour souligner le dévoilement de la nouvelle effigie, une première en 70 ans. 

L’ancien chauffeur d’autobus, qui a travaillé 28 ans pour la Société de transport de Montréal, est particulièrement fier de voir un artiste canadien, Steven Rosati, signer le dessin de sa majesté le roi Charles III. « Son profil est plus beau que celui des pièces britanniques, déjà en circulation en Angleterre », ajoute-t-il. 

Pièce de 1$ à l’effigie du roi Charles III.
Pièce de 1$ à l’effigie du roi Charles III. Source : Monnaie royale canadienne.

Des cents de 1858 

L’imposante collection de M. Chicoine compte des cents datant de la toute première année de la monnaie frappée au Canada, en 1858. Neuf ans avant la Confédération, le dollar canadien naît en effet sous le modèle de l’unité monétaire américaine, un dollar qui vaut 100 cents. On trouve alors des pièces de 20 cents. 

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Les échanges commerciaux dans le Nouveau Monde avaient pourtant commencé bien avant cette date. La Banque du Canada considère le wampum – cette ceinture de perles de verre échangées entre groupes autochtones – comme la première forme de « monnaie d’échange » avec les Européens. 

En 1858, la Provine du Canada frappe sa première série de pièces de monnaie basée sur l’unité de mesure d’un dollar. Il y a alors des pièces de 20 cents.
En 1858, la Provine du Canada frappe sa première série de pièces de monnaie basée sur l’unité de mesure d’un dollar. Il y a alors des pièces de 20 cents. Source : Banque du Canada.

Anarchie monétaire 

Avant l’apparition des billets de banque, le Régime français utilise un système de cartes à jouer de différentes valeurs qui sont signées par le gouverneur de la Nouvelle-France entre 1685 et 1714. 

Livres, shillings, pence font concurrence aux monnaies de carte, billets de papier et autres louis d’or. Les différentes monnaies en circulation sur le territoire rendent les transactions cacophoniques jusqu’à ce que l’autorité britannique impose un système plus uniforme. 

Dès 1819, on peut payer avec des billets de 5 $ délivrés par la « Banque du Haut-Canada » et la « Montreal Bank » émet son premier billet de 1 $ en 1921. 

« Le dollar espagnol de Charles IV est reproduit dans la partie inférieure du billet, au centre, afin que les personnes ne sachant pas lire puissent en reconnaître la valeur », précise la légende de la Banque du Canada. 

Source : Banque du Canada, « Le dollar canadien, une perspective historique », https://www.banqueducanada.ca/wp-content/uploads/2010/07/dollar_livre.pdf
Durant le Régime français, on transige en utilisant des cartes à jouer de différentes valeurs signées par le gouverneur de la colonie.
Durant le Régime français, on transige en utilisant des cartes à jouer de différentes valeurs signées par le gouverneur de la colonie. Source : Banque du Canada

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Pourquoi dit-on « piastre » ? 

Le mot « piastre » est bien vivant dans le vocabulaire familier québécois même si les linguistes le désapprouvent. « J’ai perdu cinq dollars. (plutôt que : cinq piastres) » recommande par exemple la banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française (OQLF). 

L’usage de ce mot remonte à la Nouvelle-France, alors que la « piastre espagnole » est courante dans les colonies européennes en Amérique. « Les dollars (piastres) espagnols commencèrent à circuler dans les colonies françaises vers le milieu du XVIIe siècle, par suite du commerce clandestin qui s’opérait avec des colons anglais et hollandais établis plus au sud, lesquels faisaient un usage considérable de ces pièces », rapporte la Banque du Canada. 

Quand les autorités britanniques adoptent le mot anglais « dollar » en 1858, imitant les voisins du Sud, les francophones du pays demeurent attachés à leur « piastre ». 

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