L’humoriste anglais Ricky Gervais est un Gervais d’Amérique

Jacques Noël
Avec Gervais (prononcé «Djeur-vèzz» sur les rives de la Tamise), on ne sait jamais où finit la blague et commence la vérité. Ce qui est vrai, par contre, c’est qu’il est le fils d’un soldat franco-ontarien.
Les soldats canadiens ont poireauté quatre longues années en Angleterre, attendant le feu vert pour le Jour J en Normandie. Plusieurs ont épousé des Anglaises qu’ils ont ramenées au pays après la guerre.
Ce n’est pas le cas de Laurent Raymond Jerry Gervais (1919-2002), originaire de Pain Court en Ontario. Il a eu le coup de foudre pour la jeune Eva Sophia House lors d’une panne de courant causée par les bombardements allemands à Reading.

C’est dans cette petite ville du Berkshire, située à une soixante de kilomètres à l’ouest de Londres, qu’est né Ricky, le 25 juin 1961, dernier d’une fratrie de quatre enfants.
Celui que plusieurs considèrent comme le plus grand humoriste anglais présentement ne s’est jamais intéressé à ses ancêtres. «J’ai toujours eu peur de trouver quelque chose d’horrible. Si on avait quelqu’un de vraiment intéressant, comme Einstein, on nous l’aurait dit. Ce que vous découvrez c’est que votre arrière-arrière-grand-père fréquentait les prostituées et était probablement un tueur en série. Alors, je ne regarde pas.»
Il n’a jamais rendu visite à sa famille en Ontario. Des Gervais, il ne se souvient que de la visite de ses oncles et tantes qui débarquaient du Canada avec leurs vestes à carreaux.
Sa tiédeur à l’égard des Gervais ne l’empêche pas de vouer une grande admiration à son paternel: «Mon père était journalier. Il se levait chaque matin à 5 h 30. Il a travaillé 50 ans dans sa vie, dans toutes les conditions météorologiques, pour bien peu d’argent selon les critères du showbizz. Je m’en souviens chaque fois que je me sens un peu gâté ou malmené par la vie.»
L’ANCÊTRE TALBOT
Le premier Gervais en Amérique était un Talbot, soldat lui aussi. Originaire de St-Gervais de Rouen, Jean-Jacques Talbot (1665 ?-1730) débarque au Fort Lachine. Et comme le soldat franco-ontarien en Angleterre, il épouse une fille du pays et s’y établit jusqu’à la fin de ses jours.
Les générations suivantes prospèrent sur la Côte-du-Sud autour de Montmagny, jusqu’au départ de Stanislas (1823-1872) pour Pain Court, au milieu du XIXe siècle.
Stanislaus a eu 19 enfants, dont Adélard (1894-1972), dans ce petit village francophone du sud de l’Ontario, situé tout près de la rivière Thames à l’ouest de Chatham.
Après avoir travaillé la terre toute sa vie, Adélard (alias Delore) a été préfet du comté et très actif dans la vie politique de Chatham.
LIGNÉE PATERNELLE DE RICKY GERVAIS
I
GERVAIS, Laurent Jerry (1919-2002)
HOUSE, Eva Sophia (1925-2000)
Mariés le 1944 à Reading, Berkshire, Royaume-Uni
II
GERVAIS, Adélard (1894-1972)
DESLOGE, Florence Irène (1894-1934)
Mariés le 2 janvier 1919, Toledo, Ohio
III
GERVAIS, Stanislaus (1849-1934)
PELLETIER, Mary (1856-1940)
Mariés le 11 février 1873, Pain Court, Ontario (le couple a eu 19 enfants)

IV
GERVAIS, Stanislas (1823-1872)
ALLAIRE, Marie (1822-1881)
Mariés le 8 février 1848, St-Pierre, Tilbury East, Kent County, Ontario (le couple a eu 11 enfants)
V
TALBOT dit Gervais, Joseph (1794-1873)
TALON dite L’espérance, Marie-Dorothée (1796-1873)
Mariés le 5 octobre 1818, St-François de la Rivière du Sud
VI
TALBOT dit Gervais, Jean-Baptiste (1767-1817)
CAZEAU, Marie-Rose Angèle (1772-1800)
Mariés le 10 novembre 1789, Montmagny (le couple a eu au moins 9 enfants)
VII
TALBOT dit Gervais, Jean-Baptiste (1743-1813)
PELLETIER, Marie-Anne (1743-1823)
Mariés le 16 juillet 1764, St-Roch-des-Aulnaies (le couple a eu 21 enfants)
VIII
TALBOT dit Gervais, Simon (1702-1783)
ALLAIRE, Marie-Thérèse (1713-1785)
Mariés le 27 juillet 1734, St-Vallier-de-Bellechasse (le couple a eu 18 enfants)
VIIII
TALBOT dit Gervais, Jean-Jacques (1665 ?-1730)
SOMMEREUX, Marie-Charlotte (1678-1708)
Mariés le 1 août 1698, Pointe-aux-Trembles, Montréal