Malgré les révélations du prince Harry, voici pourquoi la monarchie va survivre
James Jackson
Depuis les révélations scabreuses du prince Harry au sujet de la famille royale et en particulier de ses relations tendues sinon brisées avec son père, le roi Charles, et son frère, le prince de Galles et héritier au trône d’Angleterre, les antimonarchistes britanniques se frottent les mains en annonçant la mort imminente de la monarchie britannique.
Cependant, comme on dit, rien n’est plus certain que la mort, mais rien n’est plus incertain que l’heure de la mort.
La monarchie n’est pas à l’agonie, loin de là. C’est une institution séculaire qui a connu de profonds bouleversements et des convulsions politiques, mais elle reste bien enracinée dans la population et risque de perdurer encore longtemps.
Les Anglais ont toujours su faire la distinction entre la monarchie en tant que telle et les personnes qui sont appelées à assumer leurs rôles respectifs à un moment donné.
Il n’est pas nécessaire de remonter au règne de Henri VIII au XVIe siècle pour constater que le pays a toujours été capable de faire la part des choses.

Elizabeth II
La longévité sur le trône de feu la reine Elizabeth II et l’énorme popularité dont elle jouissait auprès des Britanniques avaient laissé croire à certains partisans du républicanisme que le soutien pour la monarchie était lié au soutien à la reine. Selon leur théorie, l’accession au trône de son fils, moins populaire que la reine, entraînerait inévitablement la chute de la monarchie.
L’histoire leur a donné raison, mais il faut remonter au XVIIe siècle pour trouver une seule confirmation de cette théorie. Il s’agissait de Charles Ier, fort apprécié à son accession en 1625, mais qui devenait de plus en plus impopulaire et autoritaire. Il fut obligé de fuir Londres en 1642, déclenchant une guerre civile en Angleterre.
En 1649, il fut décapité et la monarchie fut abolie. Oliver Cromwell proclama la république dont il devint le chef despotique.
Charles et Diana
Cette expérience républicaine, ou dictature militaire aux yeux de nombreux historiens modernes, dura une dizaine d’années. La monarchie fut restaurée en 1660. Le pays n’a plus jamais eu envie de retenter l’expérience.
Dorénavant, les Anglais préféreront tolérer les incartades, les scandales et même la vie dissolue de certains membres de la famille du souverain plutôt que de remettre en danger les assises de la monarchie. Parfois, leur patience a été mise à rude épreuve.
Les problèmes conjugaux qui marquaient les dernières années du mariage de Charles et Diana paraissent dérisoires par rapport aux relations qu’entretenait le prince de Galles, le futur Georges IV, avec sa femme, Caroline de Brunswick.

Ils partageaient une aversion physique l’un pour l’autre dès leur première rencontre et ne vécurent jamais ensemble.
Le jour de son couronnement en 1821, le roi arriva le premier à l’abbaye de Westminster sans sa femme et fit fermer à clé les portes derrière lui pour empêcher la nouvelle reine de participer à la cérémonie.
La sulfureuse réputation dont le prince Andrew jouissait avant même d’être impliqué dans le scandale Epstein valait celle de son ancêtre Édouard VII.

Le fils aîné de la reine Victoria eut à attendre soixante ans avant de monter sur le trône.
Les mœurs dissolues du prince de Galles provoquèrent une profonde mésentente entre mère et fils et il fut exclu longtemps des affaires d’État.
Selon les meilleures estimations, il avait au moins cinquante maîtresses, dont la mère de Winston Churchill.
Pendant des années, il fréquentait aussi les maisons closes parisiennes, dont Le Chabanais, le bordel le plus réputé et le plus opulent de la capitale, où les pensionnaires le surnommaient « Dirty Bertie ».
Autres temps, autres mœurs. La société britannique est beaucoup plus tolérante qu’elle ne l’était il y a soixante-dix ans lors du couronnement de la défunte reine. Depuis, la monarchie s’est adaptée en conséquence.
Le divorce n’est plus la bête noire des Windsor et même les infidélités conjugales sont devenues monnaie courante. Mais il existe aujourd’hui une ligne rouge en matière de comportement à ne pas franchir.
Abus de mineurs
Qui parlait de l’abus sexuel des mineurs, de la misogynie ou du racisme en 1953 ? Le roi Charles sait que c’est maintenant la réalité qui touche même sa propre famille.
Il est faux de croire que la Couronne devrait être irréprochable, mais si le nouveau roi souhaite détenir l’autorité morale pour garder intact le Royaume-Uni, son plus grand défi est qu’il ne peut se permettre de fermer les yeux sur les révélations que son fils Harry a faites à la planète entière.