Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

L’été de rêve de Jackie Robinson à Montréal, un chapitre clé dans l’histoire du baseball

Un historien rappelle l’accueil enthousiaste chez nous de l’athlète victime de racisme aux États-Unis

Bettmann/CORBIS
Partager
Photo portrait de Mathieu-Robert Sauvé

Mathieu-Robert Sauvé

2023-10-27T04:05:00Z
Partager

Avant de devenir une idole nationale aux États-Unis pour ses coups de circuit, Jackie Robinson (1919-1972) a joué pour les Royaux de Montréal, qu’il a portés jusqu’au championnat de 1946.

Premier joueur noir à jouer dans les ligues majeures de baseball en 1947, Jackie Robinson a passé un été de rêve à Montréal l’année précédente. Au point d’être suivi par une foule en liesse au moment où, en fin de saison, il court pour ne pas rater son avion. 

«C’était la première fois, peut-être, qu’un Noir était poursuivi dans les rues d’une grande ville par des centaines de personnes désireuses non pas de le rouer de coups, mais de lui donner de l’amour. Les gens voulaient le toucher, le féliciter, lui serrer la main», explique l’historien Marcel Dugas, qui lui a consacré un livre en 2019 chez Hurtubise, Jackie Robinson, un été à Montréal

Jouant au stade De Lorimier, aujourd’hui disparu, les Royaux étaient l’équipe-école des Dodgers de Brooklyn. Dans la Ligue internationale, Robinson clôt la saison avec 113 points marqués, loin devant son plus proche rival. 

La première partie de Robinson au stade De Lorimier, à Montréal. Il frappe un circuit bon pour trois points.
La première partie de Robinson au stade De Lorimier, à Montréal. Il frappe un circuit bon pour trois points. Bettman/CORBIS

Jackie Robinson (avec les bâtons) à Montréal en 1946.
Jackie Robinson (avec les bâtons) à Montréal en 1946. Ronny Jaques / Bibliothèque et Archives Canada

Publicité

Athlète multiple

Originaire de la Géorgie, Jackie Robinson excellait dans plusieurs sports – comme en témoigne la statuaire qui le représente notamment avec un ballon de football au stade Rose Bowl de Los Angeles –, mais c’est au baseball qu’il acquerra sa notoriété dès son premier coup de circuit à son premier match chez les pros. 

Son épisode montréalais est passé à l’histoire pour avoir ouvert la porte à son intégration chez nos voisins du Sud, où il est perçu comme un pionnier. Dugas donne encore des entrevues à des biographes américains à ce sujet. 

Au Journal, l’historien souligne qu’il est difficile aujourd’hui de comprendre l’impact de Robinson aux États-Unis, non seulement à l’échelle sportive, mais aussi sur les plans social et politique. «Les Noirs n’avaient non seulement pas le droit de jouer au baseball professionnel mais les spectateurs noirs étaient confinés à des sections identifiées dans la plupart des stades.» 

Avant sa carrière d’athlète, Jackie Robinson s’enrôle dans l’armée américaine et rejoint les troupes pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Avant sa carrière d’athlète, Jackie Robinson s’enrôle dans l’armée américaine et rejoint les troupes pendant la Deuxième Guerre mondiale. Bettman/CORBIS

Rue De Gaspé

Il serait inconcevable à présent de voir une équipe sans Noirs dans la Ligue américaine ou la Ligue nationale de baseball. 

Pourtant, dès le camp d’entraînement de la saison 1946, en Floride, alors qu’il tentait de se faire une place parmi les Royaux, il a été durement éprouvé par le racisme ambiant, rappelle Dugas. «Et durant sa première saison, lorsqu’il se présentait au bâton, il était insulté, injurié. Avant le début de la saison, on l’avait averti que même les arbitres allaient être contre lui. Cela l’a conduit au bord de l’épuisement», reprend M. Dugas, qui tient un balado sur l’histoire du Québec. 

À Montréal, Robinson a eu un succès immédiat en dépit de la couleur de sa peau. «Sur les bancs [des Royaux], personne n’aurait osé insulter Jackie. C’était un Noir, mais ça n’avait aucune importance aux yeux des supporters. J’ai entendu des obscénités lancées à son encontre aux États-Unis. Mais à Montréal, il a toujours été respecté comme tout autre joueur de baseball», a mentionné son coéquipier le lanceur Jean-Pierre Roy, selon l’Encyclopédie canadienne

Quand il emménage au 8232, De Gaspé, dans l’arrondissement de Villeray, les enfants du quartier aident sa femme, Rachel, à transporter ses provisions. Elle mentionnera que l’expérience montréalaise aura été pour le couple «presque paradisiaque».  

Publicité
Publicité