Face à l'incertitude causée par Trump, le Québec est prêt pour réarmer l'Europe: les milliards pleuvent pour des navires servant à la guerre
Le chantier Davie, à Lévis, bénéficie beaucoup des subventions gouvernementales
Jean-Louis Fortin, Anne Caroline Desplanques et Yves Levesque
L’Europe et le Canada investiront des milliards de dollars pour reconstruire leur défense au cours des prochaines années et le Québec veut y participer. François Legault revient d’Allemagne, où il a vanté les mérites de nos entreprises du domaine militaire. Le Journal vous brosse un portrait de cette industrie méconnue au Québec.
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Matériel naval
Le chantier naval Davie, situé à Lévis sur la Rive-Sud de Québec, possède la plus grande cale sèche du Canada. On ne compte plus les navires militaires qui y ont été construits, entretenus ou convertis depuis son ouverture il y a près de 200 ans.

L’entreprise flirtait avec la faillite il y a une quinzaine d’années, mais elle emploie aujourd’hui environ un millier de personnes à temps plein grâce aux investissements des gouvernements fédéral et provincial.
Elle a commencé à exécuter en 2020 un contrat d’un demi-milliard de dollars pour la Marine royale canadienne, qui consiste à moderniser trois de ses 12 frégates.
Joueur incontournable
Grâce à un soutien de 110 millions $ de Québec, l’entreprise a acheté en 2023 le chantier naval finlandais Helsinki Shipyard, important fabricant de brise-glaces.

Ceci lui permet désormais de se positionner comme un joueur incontournable de ce marché mondial, ce qu’elle vantera d'ailleurs la semaine prochaine à la foire maritime américaine Sea Air Space, au Maryland.
Davie a entamé cette année la construction d’un brise-glace polaire d’une valeur faramineuse de 3,25 milliards $, qui doit être livré d’ici cinq ans.
Du côté de Pointe-Claire, sur l’île de Montréal, la filiale canadienne de l’entreprise britannique SEA fait de son côté dans l’armement naval. Elle fabrique entre autres des systèmes de lancement de torpilles légères.
Surveillance et cybersécurité militaire
Radars, systèmes de caméras, de géolocalisation et de navigation, imagerie 3D... autant de domaines dans lesquels le Québec possède une expertise, selon Sécurité Défense Québec, un regroupement d’entreprises de l’industrie.
Au cours des prochaines années, une bonne partie du terrain de jeu se déroulera dans l’espace, un secteur essentiel à l’heure où le Canada et l’Europe tentent de ne plus dépendre des États-Unis.

L’OTAN dépend massivement des satellites américains pour le renseignement. Sans eux, nos troupes seraient quasi aveugles. C'est pourquoi la fusée européenne Ariane 6 a mis en orbite le satellite militaire français CSO-3 début mars. Il en faudra toute une constellation, très vite.
Pour le professeur Justin Massie, spécialiste en conflits armés et en politiques de défense, «le Québec a un savoir-faire important dans le secteur spatial», ce qui nous permettrait de contribuer à cet effort.