«Jour de référendum»: L'état des lieux, 30 ans plus tard
Jeudi 30 octobre 21 h, Radio-Canada
Julie Loiselle
Le 30 octobre 2025 marque les 30 ans du dernier référendum sur la souveraineté du Québec. À l'époque, les indépendantistes rêvaient de faire du Québec un pays, tandis que les autres refusaient de se séparer du Canada. À travers des images d’archives et des témoignages d’hier et d’aujourd’hui, Jour de référendum propose un regard renouvelé sur cette période houleuse.
• À lire aussi: «Nid-de-poule»: autopsie d’un réseau à la dérive
• À lire aussi: Antoine Joubert: retour sur six décennies d’automobile avec le «Guide de l'auto 2026»
• À lire aussi: Donald Trump chez les Windsor: Les petits secrets d'une grande séduction
«Acceptez-vous que le Québec devienne souverain après avoir offert formellement au Canada un nouveau partenariat politique et économique?» Voilà la question à laquelle 93,5 % des Québécois ont répondu, le 30 octobre 1995. Un taux de participation record! Les policiers ont même dû fermer la rue Lamontagne, à Montréal, devant l’affluence massive de citoyens désireux de voter. Le documentaire fait entendre la voix de plusieurs d’entre eux, dont certaines figures connues du grand public qui expliquent les raisons derrière leur choix, 30 ans plus tard.
Ce qui frappe en premier lieu est l’émotion toujours vive des personnes interrogées. «On s’en allait vers un pays! J’en ai encore des frissons quand j’y pense, car c’était quelque chose d’extraordinaire», confie le député Pascal Bérubé. De son côté, le professeur d’économie Patrick Gonzalez raconte qu'il considère cet épisode comme l’un des moments les plus excitants de sa vie. L’historien Éric Bédard, qui était militant du camp du «oui», ajoute qu'il se remémore avec bonheur les débats qu’il organisait dans les cégeps et les universités afin de convaincre les étudiants. Chez les fédéralistes, une jeune figure marquante de 1995 fait aussi partie du documentaire: Anie Perrault. Aujourd’hui vice-présidente aux affaires publiques et aux communications dans une entreprise d’innovation, elle était jadis la porte-parole du camp du «non». Alors qu’elle raconte son expérience, elle révélera un détail qui continue de la troubler en lien avec l’Accord du lac Meech.
Laissés-pour-compte
Les téléspectateurs pourront également revivre les dernières heures précédant la victoire du camp fédéraliste à travers des images chargées d’émotion, qui nous rendent témoins de la tristesse, de la colère et de la joie exprimées par les partisans des deux camps. Le premier ministre Jacques Parizeau prononce aussi ce jour-là une déclaration qui le plongera dans l’embarras, attribuant la défaite aux «votes ethniques». Pour éclairer ce moment controversé, le documentaire donne la parole à des citoyens de différentes origines, dont l’avocat criminaliste d’origine italienne Me Ralph Mastromonaco.
Ce dernier avoue ne pas avoir compris ce discours, lui qui se sent profondément enraciné au Québec: «Ce référendum, pour moi, c’était l’avenir de mes enfants qui était en jeu. Il y a très peu de pays où un fils d’immigrant peut, en une génération, devenir avocat et plaider devant les tribunaux du pays qui a accueilli sa famille. Je crois que le Canada est le meilleur pays au monde.» Jour de référendum offre également un espace aux Premières Nations avec le témoignage d’un représentant, qui exprime sa déception de s’être senti laissé pour compte lors des élections de 1995.
Un troisième référendum?
En 1980, lors du premier référendum, René Lévesque avait laissé entendre qu’il y aurait une prochaine fois... et il avait eu raison! Mais y en aura-t-il une autre? Le politicien Paul St-Pierre Plamondon espère ardemment qu’un nouveau référendum aura lieu dans un avenir rapproché, lui qui n’a jamais digéré la défaite de 1995, lorsqu'il n'avait que 18 ans. «Mon père avait refusé de m’accompagner au bureau de vote. Il m’a dit: “Si tu es pour voter oui, tu vas marcher, mon petit gars. Et c’est ce que j’ai fait!”»
On apprend par ailleurs que de nombreux électeurs, qu’ils soient fédéralistes ou souverainistes, sont déçus de la tournure des événements. Effectivement, 30 ans plus tard, peu de choses ont changé dans la société québécoise. Les caméras captent d’ailleurs, en conclusion de l’émission, une conversation particulièrement intéressante entre Anie Perrault et Éric Bédard, qui, malgré leurs divergences, partagent le même constat.