John Surratt réfugié à La Prairie


Marie-France Bornais
Intéressée par des faits marquants et intriguée par la grande cavale de l’insurgé John Surratt, la romancière Josée Ouimet s’est plongée dans la fin du 19e siècle pour raconter la suite et la fin d’une saga historique riche en émotions, L’inconnu du presbytère. Dans le tome 2, son héroïne, Honorine, est aux prises avec son ex-fiancé, Donatien, qui fait des siennes. John Surratt, d’abord réfugié à Saint-Liboire et Saint-Hyacinthe, se cache à La Prairie avant de s’embarquer pour l’Europe.
Nous sommes en 1866 et la vie n’est pas simple pour Honorine. La santé de sa mère, Euphrasie, décline et elle doit en prendre soin, s’occuper de la maison et de la ferme. Rien ne va plus. Pour faire bonne mesure, Donatien, son ex-fiancé, est dévoré par la jalousie et ne rate pas une occasion de la menacer et lui causer des ennuis.
Pendant ce temps, John Surratt, dont la tête a été mise à prix aux États-Unis après l’assassinat du président américain Abraham Lincoln, est toujours caché au Québec. Cette fois, il a trouvé refuge chez le père d’un membre du clergé, dans une modeste maison de La Prairie.
John Surratt, qui était maître de poste dans le Maryland, est devenu un espion des troupes sudistes pendant la guerre de Sécession. Il fut accusé d’avoir participé au complot organisé par l’acteur de théâtre John Wilkes Booth, qui mena à l’assassinat de Lincoln en 1865. Surratt avait réussi à fuir au Canada, mais sa mère, Mary Surratt, a été condamnée à mort.
Des recherches minutieuses
Dans le roman, Josée Ouimet décrit un John Surratt – alias Carl Armstrong – qui en a assez de vivre en reclus, se sachant pourchassé, et qui a très envie de prendre le large. Il entend parler des zouaves pontificaux et décide de s’exiler en Europe.

Tandis que des événements historiques marquants se déroulent, la vie continue à Saint-Liboire et Honorine cherche de toutes les façons possibles à se faire des alliés. Elle se confie au beau pasteur anglican Thomas Fryer, qui fait preuve de compassion et lui réserve une grande écoute.
Josée Ouimet a adoré se plonger dans les recherches historiques pour écrire cette saga. Elle n’a pas ménagé ses efforts, fouillant dans les archives et lisant des journaux d’époque.
« Tellement de choses ont été écrites dans le Courrier de Saint-Hyacinthe... c’est hallucinant ! » s’exclame-t-elle, en entrevue. « Et pas juste pour Saint-Hyacinthe. Le plus gros fun que j’ai, c’est de chercher ! »
« Comment ça se fait que John Surratt se soit retrouvé à Saint-Liboire, à une époque où il n’y avait pas de communications tant que ça ? Après, il s’est retrouvé à Saint-Hyacinthe. Le Québec et le Canada ont toujours été le refuge de ces gens-là », observe-t‐elle.
« J’ai découvert qu’il y avait une espèce de diaspora catholique irlandaise qui faisait qu’il y avait des relais. À Montréal, il y avait un groupe de sympathisants des confédérés. Ils se sont dit : on va protéger Surratt, lui donner de l’argent, trouver des places pour qu’il se cache. »
Le sort des veuves
En parallèle, la romancière s’est intéressée au sort des femmes, qui avaient peu d’autonomie à la fin du 19e siècle.
« Honorine, je la voyais porter fièrement son veuvage, mais toujours être harcelée par les autorités religieuses. J’ai toujours pensé que les femmes n’étaient pas solidaires... mais c’était une solidarité plus discrète, plus muette. Entre elles, elles avaient des accords, des codes. »
Chacun de leur côté, John Surratt et Honorine ont des quêtes communes. Josée Ouimet souligne qu’ils tentent tous les deux de trouver une issue à un problème, ont chacun une quête de liberté et font preuve de courage.
« J’aime les femmes qui essaient de trouver des solutions. »
- Josée Ouimet a publié plus de 50 ouvrages, tant pour les adultes que pour les jeunes.
- Ses sagas historiques La marche des nuages, La faute des autres et Dans le secret des voûtes ont captivé des milliers de lecteurs.
- Sa prochaine série, en écriture, se déroulera à Montréal pendant les années 1940.