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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Josée Ouimet décrit le travail des femmes douées en mathématiques qu'on employait dans un laboratoire montréalais pendant la Seconde Guerre mondiale

Josée Ouimet s'est intéressée au travail des femmes douées en mathématiques, qu'on appelait «les calculatrices» pendant la Seconde Guerre mondiale.
Josée Ouimet s'est intéressée au travail des femmes douées en mathématiques, qu'on appelait «les calculatrices» pendant la Seconde Guerre mondiale. Photo Chantal Poirier
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2024-03-16T07:30:00Z
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Dans sa nouvelle saga historique, Un vent d’orage, la romancière Josée Ouimet lève le voile sur le travail de nombreuses femmes douées en mathématiques qui ont travaillé dans un laboratoire de l’Université de Montréal en 1943. Ces femmes qu’on appelait les calculatrices ont travaillé sur un projet exploitant une nouvelle forme d’énergie très puissante. Sans le savoir, de nombreux scientifiques réunis à Montréal ont collaboré à l’élaboration de la bombe atomique. 

Josée Ouimet publie sa nouvelle saga historique, «Un vent d'orage», aux Éditions Hurtubise.
Josée Ouimet publie sa nouvelle saga historique, «Un vent d'orage», aux Éditions Hurtubise. "© Éditions Hurtubise"

Nous sommes en 1943 et la Seconde Guerre mondiale fait des ravages en Europe. Au cœur des locaux tout juste construits de l’Université de Montréal, un laboratoire prend forme. De jeunes scientifiques particulièrement talentueux mettent tous leurs efforts dans un projet secret.

Une jeune femme très douée en mathématiques, Alice Fafard, atteint la majorité dans le climat morose qui règne à l’époque. Elle se demande ce qu’elle fera de sa vie. Une opportunité intéressante se présente: son frère, qui travaille dans un laboratoire, l’informe qu’on recrute des femmes aux habiletés de calcul exceptionnelles. On les appelle les calculatrices. Elle décide de tenter sa chance.

«Pendant la Deuxième Guerre mondiale, à Cambridge, en Angleterre, des scientifiques travaillaient déjà sur la fission nucléaire», rappelle Josée Ouimet en entrevue. «L’Angleterre avait transféré tous ces scientifiques à Montréal parce qu’on ne voulait pas qu’Hitler s’empare de l’université et des recherches scientifiques. Il y avait déjà, à ce moment, une course à l’armement.»

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Les calculatrices

Josée Ouimet a entamé ses recherches et réalisé qu’on parlait beaucoup de tous ces scientifiques de haut niveau. Une photo d’époque montrant des femmes qu’on appelait les calculatrices l’a toutefois intriguée.

«Je parle toujours de la condition de la femme, de ce que la femme a porté à bout de bras. Les calculatrices étaient des femmes qui faisaient des calculs avec une précision importante. Une erreur pouvait faire flancher les recherches ou les faire avancer.»

Une jeune fille de Saint-Hilaire

La romancière a donc inventé le personnage d’Alice Fafard, en concordance avec les informations dont elle disposait, pour faire vivre cette histoire. «C’est une jeune fille de Saint-Hilaire qui va devenir calculatrice à l’Université de Montréal.»

Alice Fafard est parachutée dans un laboratoire scientifique en sortant du pensionnat. «C’est une sainte-nitouche qui n’a jamais rien fait dans sa vie, à part étudier. C’est une première de classe qui aime les mathématiques. Mais la vraie vie, elle ne la connaît pas. C’est une cérébrale: un bon personnage pour une mathématicienne.»

Les besoins étaient grands pour ces ressources féminines précieuses et rares. «Il n’y en avait pas beaucoup dans le Canada français. Il y avait des femmes qui venaient des États-Unis, d’autres du Canada anglais. Ce que ces femmes faisaient était très important, même si c’était un métier un peu subalterne.»

Josée Ouimet note que le travail de ces femmes n’a pas été reconnu par l’Histoire. «Les calculatrices recevaient des données et utilisaient des machines à calculer énormes. On parle de physique, de chimie, presque de mathématiques quantiques. Ces femmes-là étaient des génies.»

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Projet Manhattan

Ces recherches menées dans les laboratoires montréalais étaient bien entendu liées au projet Manhattan, dont l’objectif était de produire une bombe atomique pendant la Deuxième Guerre mondiale.

«Pierre Demers, un monsieur de Belœil, disait dans une entrevue accordée à Maxence Bilodeau et qui est sur YouTube qu’il avait travaillé sur ce projet en pensant que c’était pour développer une énergie propre, révolutionnaire, qui pouvait aider l’Europe à se remettre sur pied après la guerre et éliminer le charbon», précise l’autrice.

Il y a eu le bombardement d’Hiroshima. Puis celui de Nagasaki. À Montréal, la surprise a été totale. «Le monsieur disait: l’horreur... on ne pensait jamais qu’on avait pu travailler là-dessus.»

Un vent d’orage, tome 1 : L’électron libre

Josée Ouimet

Éditions Hurtubise

280 pages

▶ En librairie le 14 mars.

Josée Ouimet a publié une soixantaine de romans pour les jeunes et pour les adultes.

Elle a aussi publié des poèmes et des nouvelles dans plusieurs collectifs.

Elle a connu beaucoup de succès avec sa première saga historique, La Marche des nuages.

On lui doit aussi La faute des autres, Dans le secret des voûtes, L’inconnu du presbytère.

Elle habite à Saint-Hyacinthe.

«Hans savait pour l’avoir lu dans les journaux canadiens que depuis l’entrée en guerre du Canada en 1939, plusieurs dizaines d’industries avaient vu le jour, mettant tout en œuvre pour fournir à la Grande-Bretagne les munitions nécessaires. L’effort de guerre avait vu naître la Defense Industries Limited, employant plus de six mille personnes, en grande majorité des femmes travaillant plus de onze heures par jour. Sans parler des usines Angus, situées dans l’est de la ville, qui produisaient des tanks vendus à l’armée canadienne et ses alliés. De plus, à Viauville, les employés de la Canadian Vickers assemblaient aussi des destroyers.»
- Josée Ouimet, Un vent d’orage, tome 1 : L’électron libre, Éditions Hurtubise

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