Injonction pour bloquer le tramway: une démarche «loufoque», selon Claude Villeneuve

Jean-Luc Lavallée
Le chef de l’opposition à l’hôtel de ville de Québec, Claude Villeneuve, estime qu’une possible contestation judiciaire pour bloquer le projet de tramway a bien peu de chances de succès, et qualifie la démarche citoyenne de «loufoque».
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«Que des gens se fassent entendre et utilisent des moyens à leur disposition, c’est correct. Maintenant, que ce soit par la voie, désormais, d’une poursuite judiciaire ou d’un avis juridique [...] c’est une démarche qui m’apparaît tout à fait frivole, voire loufoque», a-t-il réagi jeudi. «Je n’ai pas beaucoup d’inquiétudes par rapport à ça.»
La veille, nous révélions qu’un groupe de citoyens, baptisé «Québec mérite mieux», avait mandaté le cabinet de Me Guy Bertrand pour valider la faisabilité d’un recours judiciaire afin de stopper le projet, forcer la Ville à réaliser une nouvelle étude comparative des modes de transport et obliger la tenue d'un référendum.
Me Bertrand a conclu que les anti-tramway ont une cause sérieuse à faire valoir en Cour supérieure, déplorant un «détournement de démocratie» et de «multiples abus» de la Ville de Québec, du ministère de l’Environnement et du Conseil des ministres qui a autorisé le projet.
En somme, le projet de tramway est «illégal», selon ses prétentions. Il croit pouvoir freiner le projet avec une demande d’injonction et faire invalider un décret du Conseil des ministres, puis un règlement de la Ville de Québec.
Le célèbre avocat, épaulé par Me André Binette, un autre constitutionnaliste, évoque aussi des entorses à divers articles des chartes québécoise et canadienne des droits et libertés.
Trop peu, trop tard?
L’initiative d’un petit groupe de citoyens – qui cherche à financer sa croisade avec des dons du public – apparaît très tardive aux yeux de Claude Villeneuve, à ce stade-ci, alors que le projet est bien enclenché et que les travaux préparatoires ont débuté il y a deux ans.
M. Villeneuve a par ailleurs décoché quelques flèches à l’endroit de l’avocat de 85 ans qui conseille le groupe.
«On sait que Guy Bertrand s’est associé à toutes sortes de causes. Récemment, il a été obligé de “dropper” une bande de complotistes parce qu’il se rendait compte qu’ils agissaient manifestement contre la loi. [Il] aime ça, avoir de la publicité, mais ce qui a été produit comme avis juridique, ce n’est pas quelque chose que je juge crédible.»
Il s’étonne par ailleurs de la proposition du chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, qui prône désormais la gratuité du transport en commun à Québec et l’arrêt complet du projet de tramway.
«Ça ne tient pas. Je n’y crois pas. [Son] pari, c’est qu’avec la gratuité, on va augmenter l’utilisation du service. Le réseau [Métrobus] est à saturation. Donc, la gratuité rendrait plus urgente l’adoption d’un système lourd de transport en commun en même temps qu’elle la rendrait plus difficile, parce qu’il serait moins bien financé.»
Guérette se dissocie du groupe
L’ancienne cheffe de Démocratie Québec, Anne Guérette, s’est par ailleurs dissociée du groupe «Québec mérite mieux», jeudi, alors qu’un porte-parole du groupe assurait la veille qu’elle en faisait pourtant partie.
«J’ai rencontré de nombreux groupes, mais je ne suis membre d’aucun comité ni d’aucun groupe. Je n’embarque dans aucun recours juridique. C’est leur histoire, leur affaire», a-t-elle dit, précisant cependant qu’elle soutient toute personne ou tout comité qui a «le courage de se lever» pour s’opposer au tramway.