Énormes quantités d’électricité importées des États-Unis en 2024

Au moment où se profile une guerre commerciale sans précédent avec les États-Unis, le Québec importe du pays de Donald Trump des quantités d’électricité qu’on n’avait pas vues depuis au moins 20 ans.

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Pendant les 11 premiers mois de 2024, Hydro-Québec a importé près de 3,5 TWh (térawattheures) des États-Unis, indiquent des données de la Régie de l’énergie du Canada. C’est cinq fois plus que pendant la même période en 2023 et un sommet depuis 2003.

Hydro-Québec assure avoir voulu profiter de conditions favorables sur les marchés. La société d’État a payé en moyenne 4,1 cents le kWh en 2024 pour l’électricité qu’elle a importée, contre 6,7 cents en 2023. Seulement une fraction des importations a servi directement à alimenter les Québécois pendant les grands froids, indique-t-elle.

Manque d’eau

Mais la hausse des importations a tout de même permis à Hydro de ménager ses réserves d’eau dans le Nord alors que les précipitations se sont faites rares en 2023 et en 2024.

En 2023, les apports d’eau ont été «les plus bas jamais observés», note Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, en s’appuyant sur des données qui remontent à 1946. Et l’année 2024 n’a pas été guère meilleure.

La sécheresse a forcé Hydro-Québec à réduire substantiellement ses exportations d’électricité au sud de la frontière, ce qui a fait fondre ses profits. Pendant les 11 premiers mois de 2024, les exportations ont atteint 5,1 TWh – moins de la moitié des 12,1 TWh exportés pendant la même période en 2023.

Les revenus des exportations aux États-Unis sont passés de 1,3 milliard $ en 2023 à 526 millions $. Le prix de vente moyen est d’un peu plus de 10 cents le kWh.

«Personne n’a sourcillé»

Avec des importations d’électricité en hausse et des exportations en baisse, le Québec n’est donc pas en position de force pour faire face à la menace de tarifs douaniers brandie par l’administration Trump.

«Si on voulait boycotter le marché américain, si on n’exportait plus là-bas, est-ce que ça porterait un gros coup aux Américains? La réponse, c’est non. On a déjà réduit les exportations de façon importante pour des raisons de manque d’eau et personne aux États-Unis, à ma connaissance, n’a vraiment sourcillé», affirme M. Pineau.

Un certain effet pourrait toutefois se faire ressentir dans l’État de New York et en Nouvelle-Angleterre.

«On joue un rôle dans ces marchés-là et si on ne le joue plus, ça va quand même complexifier la vie de ceux qui achètent et vendent de l’électricité, précise l’expert. [...] Ça va rendre tout le marché un peu plus inflexible et plus cher.»

Le Vermont, qui importe une bonne partie de son électricité du Québec, est particulièrement vulnérable, relève Normand Mousseau, professeur à l’Université de Montréal et directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier.

Le spécialiste lance une idée si jamais la guerre commerciale devait s’étirer avec Washington: imposer des tarifs sur nos exportations d’électricité et en utiliser les revenus pour aider les entreprises touchées par le conflit.