Carney dit qu’il est «approprié» de renvoyer les demandeurs d’asile aux États-Unis

Raphaël Pirro
Mark Carney juge qu’il n’est «pas acceptable» pour les États-Unis d’envoyer «tous leurs demandeurs d’asile» vers le Canada et affirme qu’Ottawa peut se réserver le droit de les «renvoyer» en vertu de l’Entente sur les tiers pays sûrs.
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«Je reconnais le fort accroissement des demandeurs d’asile qui viennent des États-Unis. Nous avons un accord des tiers pays surs. Dans cet accord, on peut les renvoyer aux États-Unis. Selon moi, c’est approprié, ça reste approprié», a dit M. Carney mardi.
Après la crise au chemin Roxham il y a quelques années, le nombre de migrants en provenance des États-Unis est reparti à la hausse depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump et de ses politiques de déportation.
«Ce n’est pas acceptable»
Le nombre de demandeurs d’asile qui se sont présentés au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle est passé de 560 demandes en janvier, à 755 en février et à 1356 en mars, selon notre Bureau d’enquête.
Depuis le 1er avril, 557 personnes ont déposé une demande d’asile, pour un total projeté de 2785 d’ici la fin du mois. Une majorité d’entre eux sont des personnes d’origine haïtienne, souvent en partance de la Floride.
«La situation aux États-Unis a changé. Il existe maintenant la possibilité d’une vague des demandeurs d’asile. Il faut que le Canada et les États-Unis travaillent dans une plus étroite collaboration afin de gérer cette situation», a poursuivi M. Carney.
«Ce n’est pas acceptable que les États-Unis nous donnent tous leurs demandeurs d’asile, en effet.»
Des efforts de répartition réclamés
Quelques heures plus tôt, le chef du Bloc québécois a relancé son appel pour une meilleure répartition de migrants à travers les provinces.
Ottawa se doit d’investir «des ressources nécessaires» pour s’assurer que les demandeurs soient «répartis adéquatement en fonction de la population à travers toutes les provinces canadiennes», a déclaré Yves-François Blanchet mardi.
Le Québec «n’a pas les moyens» d’accueillir «davantage» que ce que lui permet son poids dans la fédération, affirme M. Blanchet.
«On avait dit: augmentez les ressources, le nombre d’agents [frontaliers], les heures travaillées [mais] on a réduit les heures, réduit les ressources et le nombre d’agents et là les gens sont pris à attendre. Il faut procéder beaucoup plus vite», a déclaré M. Blanchet.
L’année dernière, le gouvernement de François Legault avait créé un «groupe de travail interprovincial» pour discuter d’un système de répartition des demandeurs d’asile, qui arrivent grand nombre au Québec.
Ce groupe de travail auquel participait le gouvernement de Justin Trudeau a dû être abandonné étant donné le peu d’appétit des autres provinces pour accueillir une part plus importante de migrants, selon le ministre Jean-François Roberge.
Questionné sur cet enjeu, le chef conservateur Pierre Poilievre a dit vouloir mettre fin à la «fraude massive» dans le système d’immigration qui a permis l’accueil de «faux demandeurs d’asile» sous les libéraux de Justin Trudeau.
«Nous allons regarder cas par cas quand quelqu’un arrive au Canada s’il peut montrer qu’il est un vrai demandeur d’asile», a-t-il déclaré.
De son côté, Jagmeet Singh, du NPD, a déclaré que le gouvernement fédéral devait investir dans ses ressources pour «éviter ce qui s’est passé par le passé», en référence à la crise migratoire de 2017-2018.
Un pic a été atteint en 2022, avec près de 39 000 demandes d’asile aux différents points d’entrée au Québec, selon les chiffres d’Immigration Canada.
L’entrée au chemin Roxham a été fermée il y a deux ans, en mars 2023, après des négociations entre le gouvernement Trudeau et l’administration de Joe Biden pour modifier l’Entente sur les tiers pays sûrs.