Geyser à Montréal: la Ville inondée de poursuites
La Ville fait face à des poursuites civiles totalisant à ce jour 8,5 millions $, en lien avec le bris d’aqueduc survenu le 16 août dernier dans la métropole


Michael Nguyen
Le bris de la conduite d’eau qui a causé un impressionnant geyser l’été dernier à Montréal pourrait coûter cher à la Ville qui est inondée de poursuites judiciaires, à l’approche de la date limite pour intenter un recours.
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«La Ville de Montréal savait ou aurait dû savoir qu’elle était mal conçue ou vétuste [...] et elle n’a rien fait pour corriger cette situation», peut-on lire dans une poursuite rendue publique ce vendredi au palais de justice de Montréal.
Une autre accuse la Ville d’avoir négligé les inspections, tout en déplorant son «insouciance et son inhabileté» à faire son travail, menant à l’incident du 16 août 2024.
Ce jour-là, une conduite d’eau potable de 84 pouces située sous le boulevard René-Lévesque près du pont Jacques-Cartier s’était brisée, causant l’irruption soudaine de dizaines de milliers de litres d’eau.

Réclamations rejetées
Selon un rapport d’expertise cité par Desjardins Assurances générales dans une récente poursuite, la «rupture catastrophique» est survenue en raison de «l’importante dégradation» de la conduite.
La poursuite nomme également l’installation «inadéquate» d’une conduite d’égout sanitaire en béton juste au-dessus de l’aqueduc, tout comme «l’utilisation importante de sels de déglaçage sur la chaussée».
«[La Ville] refuse ou néglige de rembourser les sommes qui leur sont dues», indique une poursuite de 54 000$ intentée par un syndicat des copropriétaires de la rue Cartier, qui déplore s’être fait dire que l’enquête est toujours en cours, mais que malgré tout, la Ville «nie toute responsabilité».
Ainsi, les sinistrés ont dû intenter des poursuites, tout comme les compagnies d’assurances qui ont payé des indemnités.

Déjà 8,5 millions $
Dans les seules dernières semaines, Le Journal a dénombré une dizaine de poursuites civiles qui totalisent déjà plus de 8,5 millions $, mais qui pourraient augmenter d’ici lundi, dernière journée pour intenter un recours dans cette affaire.
Les sommes en jeu pour la Ville sont colossales, car à la suite du sinistre, elle avait déjà reçu plus de 350 réclamations le mois dernier, selon Le Devoir, mais elles auraient toutes été rejetées.
Parmi celles-ci, on remarque l’Université McGill qui réclame 2,4 millions $ pour les dommages à des maquettes de l’architecte de renom Moshe Safdie, qu’elle entreposait dans le quadrilatère sinistré.
Une compagnie d’assurances réclame pour sa part plus de 400 000$ pour un studio de musique endommagé. Une entreprise qui entrepose des armes à feu de l’industrie du cinéma a pour sa part intenté une poursuite de 694 000$.
«Il a été établi que la Ville de Montréal a fait preuve de négligence grave [...] qui peut être considérée comme de la mauvaise foi», peut-on lire dans l’un des documents de cour.

À cela s’ajoutent les poursuites pour de plus petits montants, intentées par des particuliers qui ont dû payer des franchises d’assurance ou encore pour des frais de consultation d’avocats.
À moins de règlements à l’amiable, ces poursuites viendront ainsi gruger du temps aux tribunaux, en plus d’engendrer d’importants frais d’avocats.
«La Ville de Montréal est sensible aux conséquences vécues par la population et les entreprises [...], a commenté la Ville. Considérant la judiciarisation du dossier, nous ne formulerons toutefois aucun commentaire.»
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