Filière batterie: il investit 21 M$ pour bâtir 84 logements
Des entrepreneurs en construction ont flairé la bonne affaire avec l’arrivée des travailleurs des usines

Francis Halin
BÉCANCOUR, Québec | Quand on entre dans le village de Gentilly par sa route principale figée dans le temps, un bal de pelles mécaniques s’affaire à bâtir des multilogements pour les futurs employés de la filière batterie naissante dans laquelle Québec a misé des milliards de dollars de fonds publics.
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Les coups de marteau stridents détonnent avec le calme du centre-ville, plus loin, où patientent sagement en file des travailleurs à La Roulotte à Patates, voisine du Subway. C’est l’heure du lunch.
«On construit sept immeubles de 12 logements locatifs, meublés, semi-meublés ou non meublés pour les travailleurs. On parle d’un projet de 21 M$», explique fièrement au Journal Kevin Roy, président de Boroy Construction et BRB Immobilier.


Au cœur du village, l’église fait de l’ombre à l’avenue marchande. Quelques commerces sont fermés, mais ce secteur pourrait vite renaître, croit dur comme fer l’entrepreneur Kevin Roy, qui ne bâtit rien de moins qu’un nouveau quartier ultramoderne.
«Quand on a vu que ça développait fort à Bécancour, on a saisi cette opportunité-là», poursuit l’entrepreneur accroché sur son chantier du Centre-du-Québec.
«La filière batterie aide les petites municipalités, comme Gentilly, peut-être moins encline au développement. En ayant ces usines-là, c’est juste bon», insiste-t-il.

Pression sur les prix
À quelques mètres de là, Marco Hubert, résident de Gentilly depuis 33 ans, ne voit pas d’un bon œil, lui, l’arrivée de la filière milliardaire chère au gouvernement Legault.

«Je ne pense pas que ça va fonctionner 100 milles à l’heure, comme on le dit. Je ne crois pas à ça», confie-t-il en invitant Le Journal à s’asseoir sur son balcon, qui surplombe la rue du deuxième étage.
D’après lui, la pression à la hausse sur les prix risque de faire mal à ceux qui ont des poches moins profondes et pour qui l’inflation est déjà une lutte de tous les instants.
«On a des 3 et demi à 1200$ et 1500$. Ça n’a pas d’allure. On fait des appartements, mais ce n’est pas sûr qu’ils puissent les louer tout de suite parce que les gens n’ont pas d’argent», avance-t-il.

Chambres à louer
Cette demande aussi pressante que subite pour les logements, Yan Larocque, propriétaire d’un magasin d’informatique et de fleurs à Bécancour, la ressent déjà. Chaque semaine, on cogne à sa porte. Pas pour des roses, mais pour avoir sa chambre.


«On me demande régulièrement si j’ai des logements à louer vu que j’ai une grande bâtisse», souligne-t-il, en pointant l’escalier du fond qui mène à son deuxième étage.
«Un travailleur m’a dit récemment qu’il viendrait coucher seulement du lundi au jeudi, mais j’ai refusé parce que j’habite en haut de mon commerce», partage-t-il.
Laurent Corbin, un courtier immobilier de RE/MAX du secteur, qui connaît le coin, raconte avoir lui-même loué sa maison à des travailleurs, qui bâtissent nos usines.
«On a des chambreurs stables», conclut l’homme.
Les six secteurs de Bécancour
- Bécancour;
- Saint-Grégoire;
- Sainte-Angèle;
- Le Précieux-Sang;
- Sainte-Gertrude;
- Gentilly.
Source: Ville de Bécancour
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