Fermeture de l’usine de Royal Greenland à Matane: vers la disparition de la vente des crevettes?

Les poissonniers se demandent s’ils vendront encore des crevettes de Matane d’ici quelques années après l’annonce de la fermeture de l’usine de transformation Les Fruits de mer de l’Est de la compagnie danoise Royal Greenland.

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Marc Vaillancourt, propriétaire de la Poissonnerie du marché, s’approvisionnait avec la compagnie basée à Matane.

Il avait déjà passé quelques appels à son fournisseur avant le passage du Journal à son établissement.

Celui qui le représentait auprès de Royal Greenland l’a rassuré en lui disant qu’il avait déjà des options sur la table. Cependant, il ne lui a pas encore parlé de la provenance des produits.

«C’était un de nos gros fournisseurs pour la crevette de Matane et le crabe des neiges transformés, raconte-t-il. Par la force des choses, je vais être obligé d’augmenter mes prix parce que l’offre ne sera pas au rendez-vous, mais la demande va continuer de l’être. Nos prix vont augmenter c’est sûr.»

• Écoutez l'entrevue avec Patrice Element, directeur de l'Office des pêcheurs de crevette du Québec au micro d’Alexandre Dubé via QUB :

Lors de notre passage, une livre de crevettes se chiffrait à 20,79$. Ce prix pourrait grimper de façon marquée en raison de la rareté du produit.

«Je ne sais pas jusqu’à combien ça pourrait monter, ajoute-t-il. Je prends toujours un pourcentage pour couvrir mes frais, mais s’ils me vendent ça 20$ la livre, je ne sais pas à quoi les prix vont ressembler.»

Et la prochaine saison de pêche n’augure rien de bon pour les poissonniers et les consommateurs.

«Ça s’annonce pour être catastrophique et on m’a déjà averti, mentionne Vaillancourt. L’an dernier, les quotas étaient d’environ 14 000 tonnes par permis alors que cette année, ce sera seulement 3000 tonnes. C’est l’équivalent du travail d’un bateau de pêche pour une saison complète. Personne ne va pêcher dans de telles conditions.

«Pour le moment, j’ai encore un peu de réserve pour répondre à mes clients pour la prochaine saison estivale, mais je ne suis pas encore sûr que j’en aurai assez.» 

Vers la disparition?

Pour sa part, le propriétaire de la poissonnerie Les Trois Pêcheurs croit que la vente de crevettes est en péril.

«Elle va être appelée à disparaître du marché, explique Daniel Vézeau. Si les pêcheurs ne sont plus capables d’avoir des quotas suffisants pour la crevette, ils vont être obligés de demander des quotas pour le crabe. On pourrait assister à une guerre.»

Le prix élevé à la livre pour des crevettes québécoises ne fait pas reculer les clients. C’est encore un produit populaire malgré une hausse marquée au cours des dernières années.

Cependant, le poissonnier qui possède 50 ans d’expérience voit signe d’un signe d’essoufflement dans la chaîne d’approvisionnement.

«Avant, on vendait des crevettes avec têtes. L’an passé, j’en ai eu pendant deux semaines seulement. Habituellement, on en avait entre six et huit semaines.»