«Éric Duhaime a plus de crédibilité sur le troisième lien que le gouvernement de la CAQ»
TVA Nouvelles
L’annonce du corridor choisi pour le troisième lien, effectuée jeudi par la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, est loin d’avoir convaincu les panélistes de La Joute.
• À lire aussi: Troisième lien: un corridor pour un pont-tunnel, mais peu de précisions
• À lire aussi: 3e lien: trop tôt pour confirmer un appui financier d’Ottawa, dit le ministre Lightbound
«Il y avait des modélisations faites avec un logiciel informatique, mais je veux dire: il n'y a pas de coûts, il n'y a pas de tracé vraiment défini. On ne sait pas combien de personnes vont emprunter ce pont-là. Puis il y a des contraintes qui vont à l'encontre de ce qui avait été mis sur la table par la Caisse de dépôt et placement [...] C'est le jour de la marmotte», a commenté Elsie Lefebvre.
Sa collègue Yasmine Abdelfadel se range aussi dans le camp des sceptiques.
«Je pense qu'il n'y a pas qu'il n'y a pas d'équipe qui travaille sur le troisième lien. Je pense qu'il y a une stratégie de marketing qui travaille sur le troisième lien et que c'est une belle excuse pour rassembler les médias et pour rappeler que c'est un rêve que l'on va continuer de caresser», soutient la jouteuse.
«Moi, je fais partie des sceptiques et moi, qu'on me parle de corridor, je préférais qu'on parle de corridor énergétique que d'un corridor sur le troisième lien», a pour sa part affirmé l’ex-conseiller politique Rodolphe Husny.
Pour Yasmine Abdelfadel, le dossier du troisième lien avance à reculons.
«Ce qu'on nous propose aujourd'hui, ce n'est même pas une maquette; on ne sait même pas à quoi ça va ressembler. En fait, c'est un recul par rapport à tout ce qui a été fait jusqu'à maintenant. La prochaine étape, ça va être le tracé, mais quand est-ce que ce tracé va être déterminé? On n'a pas le budget et surtout, ça va en contradiction avec les nombreuses études qui ont été démontrées, les nombreux travaux qui ont été faits. Ça sert à quoi de faire des travaux si on ne les suit pas?», s’interroge la jouteuse.
Attitude «irresponsable»
Cette dernière critique également la position affichée par la ministre Guilbault jeudi, qui a indiqué vouloir faire de ce projet quelque chose d’«irréversible ».
«Je trouve ça particulièrement cynique et franchement dangereux d'entendre une ministre qui dit qu'elle va tellement mettre la main sur le tordeur que peu importe le choix électoral aux prochaines élections, aucun parti politique, aucun prochain gouvernement ne pourra sortir cette main-là», déplore l’analyste et chroniqueuse.
Pour elle, une telle attitude est «irresponsable».
«Pourquoi cette option-là n'a pas été engagée pour l'hôpital Maisonneuve-Rosemont de mettre la main dans le tordeur tellement qu'on ne peut pas reculer? Pourquoi ce n'est pas fait pour les infrastructures critiques que le gouvernement doit faire? Pourquoi pour le troisième lien, on veut mettre la main sur le tordeur? On le dit de manière assumée, on le fait de manière à ce que les pénalités financières soient tellement salées qu'on ne peut pas reculer», soutient Yasmine Abdelfadel.
«D'habitude, on doit se garder toutes les marges de manœuvre d'un point de vue de saine gestion des finances publiques pour prendre les meilleures décisions compte tenu des contextes», ajoute-t-elle.
La chroniqueuse estime que la CAQ a perdu toute crédibilité dans ce dossier.
«Je ne suis pas contre le troisième lien. En fait, je suis pour un troisième lien, mais force est de constater qu’Éric Duhaime a plus de crédibilité sur le troisième lien que le gouvernement de la CAQ», conclut-elle.