En quoi Bruno Blanchet a été inspirant dans le parcours de Dominic Arpin
Alicia Bélanger-Bolduc
Être journaliste et animateur ne suffisait pas à Dominic Arpin. Se dépasser a toujours fait partie de sa personnalité, un trait qu’il a développé depuis son diagnostic de cancer il y a 12 ans. Depuis cet événement, rien ne l'arrête, tout devient source de motivation pour aller plus loin. Dans son livre La vie commence où la peur s'arrête, il partage son parcours en espérant inspirer des personnes à trouver la force et la motivation d'avancer et de réaliser leurs plus grands rêves.
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Comment est arrivée l’idée de ton nouveau livre La vie commence où la peur s’arrête?
C’est mon éditrice, Mylène, qui m’a poussé à l’écrire. Au départ, on voulait raconter l’histoire de la série Les crinqués que j’ai animée, mais finalement, il n’y a pas eu de troisième saison et j’avais moins de motivation d’en parler si ça ne revenait pas. Finalement, ce qui nous intéressait, c’était aussi de raconter mon parcours et comment je suis venu à m’intéresser à ce monde et au dépassement de soi. Je n'étais pas convaincu, mais je me suis mis à l'ouvrage et je me suis vraiment laissé prendre au jeu. J’écris un journal tous les jours et je m’en suis inspiré. J’ai commencé à faire lire mes premières pages à mon entourage et ils m’ont encouragé à continuer.
Tu compares l’écriture du livre à un ultramarathon. J’imagine donc que le processus a été ardu?
C'est vraiment difficile pour moi d'écrire. J'ai rédigé toute ma vie des reportages télé, des scénarios de séries documentaires et des guides avec de courts textes, mais avec ce livre, je n'avais jamais l'impression d'être à la hauteur. En tant que grand lecteur, très exigeant envers moi-même, j'ai eu de la difficulté à m'abandonner. Je comparais l'écriture à la course: si tu mets l'effort jour après jour, que tu fais preuve de discipline et que tu fais confiance au processus, éventuellement, ça va débloquer. C'est exactement ce qui s'est passé. Les premières semaines ont été très pénibles, mais je me suis trouvé un rituel où, chaque jour, je m'installais deux heures pour écrire. Éventuellement, dix pages sont devenues des chapitres, et j'ai réussi à terminer mon livre.

Quelle signification le titre La vie commence où la peur s’arrête a-t-il pour toi?
C’est une phrase sur laquelle je suis tombé par hasard il y a quelques années et qui m’a vraiment marquée. Je l’ai souvent utilisée dans ma vie pour passer par-dessus des moments difficiles. Je trouve que c'est une phrase forte, et les gens m’en parlent en n’ayant même sans avoir lu le livre. Pour moi qui ai commencé ce processus en ayant peur de tout, c’est très significatif.
Pourquoi avoir choisi Bruno Blanchet pour rédiger la préface de ton livre?
Je l’ai rencontré dans le cadre de l’émission Les crinqués. Je le connaissais comme tout le monde et j’avais beaucoup d’admiration pour lui. Je l’avais approché pour faire partie de la série et on a passé une semaine en Thaïlande ensemble. On a couru et il m’a fait manger bien des bibittes dégueulasses. On a eu une amitié instantanée. Quand j’ai dû penser à ma préface, c’est tout de suite lui qui m’est venu en tête. Il a tellement une belle plume et il nous fait rentrer dans son univers. Malgré qu’on habite à des milliers de kilomètres, on s'écrit chaque jour. De voir nos deux noms sur le livre, notre amitié est soudée à jamais, immortalisée pour l'éternité.
Tu mentionnes que tu as lu beaucoup de livres de ce genre et qu’ils ont été source de motivation. As-tu l’impression qu’il pourra avoir le même effet sur ton public?
Je ne l’ai jamais fait dans le but de motiver les gens ou de les inspirer. Je le partage puisque c’est ma façon d’expliquer qui je suis et de me faire connaître. Tant mieux si les gens vont chercher des trucs qui les aident, mais je veux juste qu’ils passent un bon moment. J’ai toujours ce syndrome de l’imposteur, puisque je me compare à des gens hors normes, des surhumains, et je ne me vois pas du tout comme ça. C’est ce genre de personnes qui ont monté l’Everest ou qui ont traversé le pays à la course que je lis, et je ne peux pas dire que je suis comme eux. Je me perçois encore comme un gars ordinaire, mais qui veut faire des choses extraordinaires.
Ton diagnostic de cancer a été un électrochoc pour toi. Te demandes-tu parfois si ta vie aurait été bien différente si cette épreuve ne t’était jamais arrivée?
J’y pense très souvent en fait! C’est osé, mais si je n’avais pas vécu ce drame, je ne serais pas devenu la personne que j’espérais être dans la vie. Je ne souhaite ça à personne, mais je pense que, dans mon cas, c’était un passage obligé. Ça m’a pris cette peur pour orienter ma vie différemment. Je m'étais fait une promesse ce jour-là et j'ai l'impression que je la respecte. Dans nos vies de tous les jours, il y a plein d'occasions de se lancer des défis, ce n’est pas obligé d'être physiques.
Parle-moi du rôle d’Annie, ta conjointe, dans ta guérison et ta motivation.
Depuis que je l'ai connue, mon mode de vie a complètement changé, et elle a toujours été là pour moi. À l'époque, je fumais, je travaillais comme un fou et je sortais dans les bars en semaine: ma vie n'avait aucun maudit bon sens. Elle, elle était déjà athlétique. Je me souviens qu'au début, elle a voulu m'emmener faire une randonnée au Mont-Saint-Hilaire, et je ne voyais aucun plaisir à ce genre d'activité. À force de la voir aller et de constater l'effet que ça avait sur elle, tout en me voyant vieillir à ses côtés, je me disais qu'à un moment donné, elle allait me sacrer là. J'ai eu envie de me reprendre en main, et elle fait partie des raisons pour lesquelles j'ai trouvé ça important. Je ne suis pas reposant à suivre: j'ai des fixations et j'organise ma vie autour de ça, et elle est obligée de se plier à mes caprices. Je lui dédie un chapitre dans le livre où je me suis mis dans sa peau, et j'ai eu beaucoup de plaisir à l'écrire.
Qui d’autre a été pour toi des gens inspirants?
Ce sont des personnes qui sont devenues des amis proches avec le temps. Je crois beaucoup au concept de choisir ses amis en fonction de qui on veut être dans la vie. Il y a plein de gens autour de moi qui, quand je les regarde, me donnent envie de me dépasser. Ce sont des personnes avec qui je vis des aventures. Parfois, les gens ne comprennent pas l'intérêt de courir 13 heures dans les bois en montagne. Ce n'est pas évident, mais il y a un réel plaisir à passer ce temps avec des chums. On déconne et on rit. Je pense à mon ami Martin Bouffard qui a couru le marathon avec moi pour m'encourager, ou à mes voisins Anne et Johan avec qui je cours chaque semaine et que j'ai accompagnés au Mexique pour Les crinqués.
Avec ta vie de famille, fais-tu attention pour ne pas trop mettre de pression sur les gens autour de toi?
Mon fils souffre des mêmes troubles anxieux que moi et s'en confie régulièrement. Depuis son entrée à l'université, j'ai dû aller le chercher plusieurs fois quand il n'allait vraiment pas bien. J'observe son hygiène de vie: absence d'activité physique et journées entières passées à jouer aux jeux vidéo. Je comprends sa souffrance pour l'avoir vécue. Si je lui mets une certaine pression, ce n'est pas pour qu'il se lance dans des ultramarathons, mais pour qu'il prenne soin de lui et de sa santé mentale. Récemment, il est rentré du travail en me parlant d'un ami qui a participé à un Ironman, exprimant son désir de faire un triathlon. Nous nous sommes inscrits ensemble à celui du parc Jean-Drapeau pour l'année prochaine. Courir le demi-marathon avec lui reste l'un des plus beaux moments de notre relation père-fils. J'ai donc décidé de l'accompagner dans cette nouvelle aventure.
Sur tous tes objectifs et toutes les aventures que tu as vécus. Lequel a été le plus marquant?
C’est d’avoir atteint le sommet du Kilimandjaro, et de loin. Il y a quelque chose qui s'est passé dans ce voyage-là qui m'a changé à jamais et qui m'a démontré que j'étais plus fort que je pensais, autant mentalement que physiquement. C'est plus compliqué, parce qu'aller faire des ascensions en haute altitude, il faut que tu voyages et que tu partes plusieurs jours, des fois plusieurs semaines. C'est sûr qu'il va y en avoir d'autres dans les deux ou trois prochaines années. Là, je veux faire des sommets de 6000m et je veux faire du vrai alpinisme. Je veux partir avec mes crampons et mes piolets. Je ne ferais jamais le sommet de l'Everest, je ne risquerais jamais ma vie sur le K2; ce n'est pas ça que j'ai envie de faire, mais j'ai envie de me pousser dans mes limites et ça passe par des plus grands sommets.
Un autre gros défi pour toi est le début de tes conférences. Comment trouves-tu l’expérience jusqu’à maintenant?
J’ai commencé il y a quelques semaines et j’aime vraiment ça! C’était une de mes peurs, mais j’étais très excité aussi! Je doute beaucoup, mais j’ai quand même 35 ans de carrière en télé et en radio, je sais que j’ai les outils pour me sortir d’un trou de mémoire. Pour le moment, ça se passe super bien. Je m’inspire beaucoup du livre, mais je lui donne une touche différente avec des projections vidéo, des photos, des phrases inspirantes. Les gens ont adoré et moi aussi! C’est sûr que dans la prochaine année, ça va faire partie de mon orientation professionnelle. Je veux donner des conférences le plus souvent possible.