Du Massif à Saint-Sauveur: les récits fascinants qui expliquent comment le Québec est devenu un royaume du ski
Équipe Salut Bonjour
Au Québec, l’hiver divise: certains y voient un long moment difficile à passer, d’autres y voient une saison rassembleuse, riche de traditions et essentielle à l’économie régionale.
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Revoyez la chronique complète dans la vidéo en tête de cet article.
Avec plus de 30 000 emplois générés par l’industrie du ski, la saison froide a façonné l’histoire, le paysage et même la culture des familles québécoises. Retour sur quelques faits marquants qui ont fait du Québec une véritable terre de ski.
Le rope tow d’Alex Foster: la première remontée mécanique pour skieurs
Difficile d’imaginer que la toute première remontée mécanique conçue pour le ski ait vu le jour... à Shawbridge, aujourd’hui Prévost, dans les Laurentides. C’est un ingénieux patenteux, Alex Foster, qui eut l’idée d’enlever une roue à une vieille voiture pour utiliser l’essieu comme moteur d’un câble tirant les skieurs vers le sommet. Une poulie complétait le système pour le retour du câble.
Ce rope tow rudimentaire, installé sur la Côte 50, plus tard renommée «Mont Prévost», a marqué l’histoire avant de disparaître sous ce qui est aujourd’hui un tronçon de l’autoroute des Laurentides.
Le Flying Mile du Mont-Tremblant: un télésiège inspiré du transport de bananes
Peu de skieurs le savent: le Mont-Tremblant a accueilli en 1939 le deuxième télésiège au monde. Le premier, construit à Sun Valley, provenait d’une idée étonnante: un ingénieur avait conçu au Panama un système permettant de transporter... des régimes de bananes. Adaptée au ski par James Curran, cette invention allait révolutionner les stations. Ami du président de l’Union Pacific Railroad, Joe Ryan, fondateur du Mont-Tremblant, commande rapidement son propre télésiège. Ainsi naît le Flying Mile, nommé en l’honneur du cheval de course de Ryan, sur le versant sud de la montagne.
La Côte 70 du Sommet Saint-Sauveur: un hommage à une page d’histoire
Bien avant de devenir un haut lieu du ski québécois, Saint-Sauveur accueillait les skieurs arrivant en «train des neiges», ancêtre du fameux P’tit Train du Nord. Les membres du Red Bird Ski Club de l’Université McGill, dont le recteur Arthur Currie, en étaient des habitués.
L’histoire prend un tournant surprenant: en 1917, Currie, alors commandant du Corps d’armée canadien, se distingue lors de la bataille de la Côte 70 en France. En 1934, pour honorer cette victoire, le Red Bird Ski Club rebaptise la Big Hill au nom de «Côte 70», aujourd’hui l’un des secteurs les plus connus du Sommet Saint-Sauveur.
Le Massif de Charlevoix: un patrimoine sur neige
Au Massif de Charlevoix, l’histoire locale est partout... même dans les noms des pistes. Plusieurs portent les patronymes des familles fondatrices, comme Tremblay, Simard, Bouchard, Gagnon, Racine, Fortin, reconnues pour avoir donné naissance à de vastes lignées en Amérique du Nord.
D’autres rappellent le riche passé maritime de la région: Marée, Goélette, Artimon, Écoutille, Misaine, Ancrage, autant de clins d’œil aux navigateurs.
Les secteurs nommés «Pointu», «Petite-Rivière» et «Prairies» évoquent quant à eux les premières installations agricoles. Les «Prairies», par exemple, étaient de petits champs en bordure du fleuve permettant de cultiver avant l’hiver, avant même la fondation de Baie-Saint-Paul.
La piste «Brassard» du Sommet Olympia: un clin d’œil à quelqu’un que l’on connaît bien
Certaines pistes rendent hommage à des figures locales... ou à des habitués. Au Sommet Olympia, la piste de bosses située sous l’ancien télésiège triple (aujourd’hui quadruple) porte le nom de Brassard (oui, oui, pour Jean-Luc Brassard). Avant d’être aménagé officiellement, ce secteur surnommé «la Dop», référence au fabricant de télésièges Doppelmayr, attirait déjà les skieurs téméraires.
D’où viennent les couleurs et les symboles des pistes?
Aujourd’hui, tout skieur connaît le système: cercle vert, carré bleu, losange noir. Mais, avant 1964, aucune station nord-américaine n’utilisait un code uniforme. Les États-Unis tentent d’abord une version comportant triangle jaune et diamant rouge, mais l’accueil est mitigé. La solution inattendue arrive en 1968... grâce à Disney!
Alors que l’entreprise planifie un éventuel centre de ski à Mineral King, elle étudie scientifiquement la perception des formes et des couleurs par les skieurs. Résultat:
- Cercle vert → terrain facile, perçu comme doux
- Carré bleu → plus difficile
- Losange noir → terrain expert
Même si Disney n’ouvrira jamais sa station, son système sera adopté tel quel par l’industrie. Il demeure aujourd’hui la norme partout en Amérique du Nord.