Dévastation dans les havres de pêche des Îles
Hélène Fauteux | Agence QMI
*Suivez notre couverture spéciale de l’arrivée de l’ouragan Fiona sur les côtes canadiennes avec nos journalistes en Gaspésie, aux Îles-de-la-Madeleine et à Halifax*
De Grande-Entrée à Havre-Aubert, c’est la dévastation dans les ports de pêche soumis à l’assaut des vagues qui, sous le souffle du cyclone post-tropical Fiona, atteignent six à huit mètres, selon Environnement Canada.
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Dans le havre de la Pointe-Basse, entre autres, le niveau de l’eau était tellement élevé samedi matin, à marée haute, que les cordons du quai se sont arrachés. Il s’agit des poutres sur lesquelles sont fixées les bittes d’amarrage des navires. Les pêcheurs ont dû se rabattre sur les poteaux de lampadaire et les dolosses de béton du brise-lames, pour attacher leurs bateaux.

«Ce n’est pas que les cordons du quai étaient pourris, là. C’est que les bateaux ont monté beaucoup plus haut que le quai et ils ont tout arraché, a souligné Normand Turbide, capitaine du “Élyse T”. Les gars ont eu peur! Il y avait trois pieds et demi d’eau sur le quai, ce matin à 9 h. Et pour monter à bord des bateaux, c’était très dangereux, parce que tu ne savais plus où était le bord du quai!»
Germain Cyr, capitaine du «Double 00» de Grande-Entrée, dit qu’il en avait les larmes aux yeux, quand il s’est rendu sur le quai, samedi matin. Il raconte que la mer a tout défait la digue, qui servait d’abri au secteur. Son bateau a beau être sorti de l’eau, il ne le croit pas à l’abri du vent pour autant, accoté sur ses supports.
«Je passe mon temps à solidifier mes “jacks”, pour pas qu’il tombe, dit-il. Et les gars qui ont encore leur bateau à l’eau - ils sont 20-25 - ont passé la nuit à bord. Le quai n’a pas été conçu pour avoir un pied d’eau par-dessus!»

Pour leur part, les autorités municipales ont procédé à 22 évacuations en avant-midi. Quant aux monteurs de ligne d’Hydro-Québec, ils ont pu profiter d’une brève accalmie pour commencer à réparer les bris. À 16 h 30, on en était à 44 pannes et 1400 abonnés privés d’électricité.
Le réseau routier a par ailleurs été fermé jusqu’à nouvel ordre.
Bell Canada, de son côté, informe du bris d’un des deux câbles sous-marins de fibre optique pour le service de télécommunications de l’archipel, le COGÎM 1, à 14 kilomètres de la côte. Le 2e câble, le COGÎM 2, a cependant réussi à prendre automatiquement le relai.
«Les services sont 100% fonctionnels, a assuré le vice-président de l’entreprise Nicolas Payants. Tout est beau sur ce câble-là. Et, dans l’éventualité où le COGÎM 2 aurait lui aussi un problème, c’est le lien micro-ondes que nous avons au Cap-Breton qui prendrait la relève. Advenant cette situation-là, les Îles ne seront pas isolées. La communication restera établie.»

Cela n’empêche toutefois pas des ratés sur le réseau de Cogeco dont l’alimentation du système électrique est affaiblie par les pannes d’Hydro-Québec.
«Des techniciens sont en route pour installer des génératrices afin de palier à la situation et que tout fonctionne normalement rapidement», a indiqué Anastasia Unterner, porte-parole de Cogeco. Ce sont 1500 clients de Cogeco qui étaient ainsi privés de service de téléphonie, d’Internet et de télévision en fin d'après-midi.
À 17h, le nombre de clients impactés est passé à environ 670, car les techniciens ont pu se mettre en action.