Des nouvelles de l’acteur mexicain Edison Ruiz, de la série «Le temps des framboises»: le Québec lui manque!
Nathalie Slight
Depuis son rôle marquant de Francisco dans Le temps des framboises, Edison Ruiz a conquis le cœur du public québécois avec son charisme et sa grande sensibilité. Alors que cette production a remporté le prix de la Meilleure série dramatique au dernier Gala des prix Gémeaux, nous prenons des nouvelles de l’acteur, qui poursuit sa carrière sous le soleil de Mexico.
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Edison, comment as-tu décroché le rôle de Francisco dans Le temps des framboises ?
En 2021, j’étais en train de tourner le film Bardo avec le producteur et réalisateur Alejandro González Iñárritu. J’ai reçu un appel de mon agent, qui voulait confirmer que je parlais bel et bien français car un réalisateur québécois souhaitait me voir en audition.
Parlais-tu français ?
Non ! (rires) J’avais donc deux semaines devant moi pour apprendre la scène d’audition comme si je parlais couramment français. J’ai demandé l’aide d’une amie pour la prononciation. Il faut croire que j’ai bien fait, puisque lors de l’audition sur Zoom avec les gens de la boîte de production Trio Orange, Philippe Falardeau et la comédienne Sandrine Bisson, le réalisateur a terminé notre rencontre en me demandant si j’étais prêt à changer de tête, puisque j’avais les cheveux aux épaules. Quelques heures plus tard, il me confirmait que j’avais décroché le rôle de Francisco.


C’est là qu’a débuté ta belle histoire d’amour avec le Québec!
Exactement. Le pire, c’est que j’ai bien failli ne pas pouvoir venir! En 2021, nous étions au cœur de la pandémie, voyager au Québec était interdit, l’avion dans lequel je me trouvais était quasiment désert et je devais faire un test biométrique avant de quitter l’aéroport pour prouver que je n’avais pas la covid. C’était vraiment une ambiance surréaliste.
Ça ne t’a pas empêché d’apprécier ton séjour en sol québécois!
Il faut croire que non, puisque je suis revenu à six reprises: pour les tournages des saisons 1 et 2 de la série Le temps des framboises, mais aussi pour le visionnement de presse, la cérémonie des Gémeaux en 2022 et juste pour le plaisir de revoir mes amis québécois. Cette série m’a aussi permis d’accompagner Philippe Falardeau, Florence Longpré, Suzie Bouchard et Micheline Lanctôt à Berlin pour une projection dans le cadre du festival Berlinale Series.
Que représente cette expérience dans ta carrière?
Tellement de choses! La chance de travailler avec des gens hyper talentueux, de découvrir une nouvelle culture, de représenter l’apport essentiel des travailleurs saisonniers à l’agriculture québécoise, de me faire de nouveaux amis qui resteront à jamais précieux dans ma vie, et aussi l’opportunité d’apprendre une nouvelle langue. D’ailleurs, je poursuis mes cours de français et je suis maintenant capable de soutenir une conversation. (Edison passe aisément du français à l’anglais en entrevue, ponctué de quelques mots d’espagnol.)
Étais-tu déçu que la série ne revienne pas pour une troisième saison?
Évidemment! Je pense qu’il y avait encore beaucoup de choses à dire sur les défis que doivent surmonter les agriculteurs québécois, les travailleurs étrangers et les problèmes de communication entre différentes communautés. Mais bon, je comprends la décision des producteurs. Malgré la déception, je ressens surtout de la gratitude pour tout ce que cette série m’a apporté sur le plan humain.
Es-tu resté en contact avec des Québécois?
L’acteur Johnny Cortez, qui jouait avec moi dans Le temps des framboises, est venu me visiter au Mexique. Il y a aussi Alex Lachance, qui était monteur sur la série. Sa femme est originaire du Mexique et sa famille habite non loin de chez moi. Ils sont venus à deux reprises à Mexico et prévoient revenir durant le temps des fêtes.


Qu’est-ce qui t’occupe présentement côté travail?
Je viens tout juste de terminer le tournage de la série Arizmendi, qui sera présentée sur la plateforme VIX, très populaire en Amérique latine. Il s’agit d’une série basée sur la véritable histoire d’un tueur en série, qui a sévi au Mexique dans les années 1990. Je suis aussi le visage d’une boisson énergisante populaire ici. En plus d’être comédien, je touche aussi à la réalisation, à l’enseignement et à la direction artistique. D’ailleurs, j’ai eu la chance de donner une classe de maître dans une université en Allemagne.


De quelle façon?
Il y a un an, j’ai reçu une invitation pour passer des auditions à Milan. Une fois là-bas, j’en ai profité pour tourner un moyen métrage avec un ami cinéaste. Comme il est originaire d’Allemagne, je me suis rendu à Cologne pour filmer The Golden Fleece. Mon ami, le réalisateur Felipe Rodríguez, est professeur de cinéma à l’Université de Landshut, près de Munich. Il m’a donc invité à offrir des classes de maître à ses étudiants.

As-tu aimé l’expérience?
Oui, vraiment. Je leur ai expliqué comment placer la caméra, comment diriger des acteurs, etc. Nous avons même utilisé un studio pour passer de la théorie à la pratique. Les gens de l’université ont tellement apprécié mon passage dans leur établissement qu’ils m’ont offert de donner d’autres classes de maître, mais je devais revenir au Mexique pour honorer mes contrats.

À quoi ressemble ta vie au Mexique lorsque tu ne travailles pas?
Je m’occupe de mes deux chiens, je passe du temps avec ma famille, je sors avec des amis — au restaurant, au théâtre ou pour aller voir des concerts. Je suis célibataire, donc ma vie est assez calme. De temps à autre, je fais du bénévolat. Je regarde tout ce qui se passe présentement dans le monde, notamment dans la bande de Gaza et en Ukraine. Malheureusement, je ne peux pas aider à distance, alors je donne de mon temps à des organismes impliqués auprès de familles défavorisées autour de chez moi, à Mexico. J’essaie, bien humblement, de faire ma part pour rendre le monde meilleur.
En terminant, prévois-tu revenir au Québec?
J’aimerais beaucoup. Le Québec, les gens, la culture, les différentes saisons... tout ça me manque énormément. Et comme je continue de suivre des cours de français, je pourrais peut-être décrocher un autre rôle dans une série québécoise, qui sait?