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Culture

Inspirée par sa belle-mère, Ingrid Falaise s'attaque à un pan douloureux de l'histoire québécoise dans son nouveau livre

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Mélia Goulet-Jacques

2025-09-29T13:53:12Z
2025-09-29T17:02:49Z
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Dix ans après le succès fracassant de son livre Le monstre, Ingrid Falaise revient en librairie avec un ouvrage tout aussi percutant: Fille-mère, disponible dès le 1er octobre.

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Dans ce troisième livre, l’autrice donne voix à des milliers de jeunes filles et de femmes forcées, au XXe siècle, d’accoucher dans le secret parce qu’elles n’étaient pas mariées. Trop souvent, leurs bébés leur étaient ensuite enlevés. Un pan douloureux de notre histoire collective que Falaise souhaite sortir de l’ombre: «que les silences se fracassent et que la douleur ne soit jamais oubliée».

Ce projet est né d’une promesse. En 2023, alors que sa belle-mère, Marie-France, se trouvait aux soins palliatifs, Ingrid s’est rendue à son chevet pour lui dire adieu. Dans l’intimité de ce moment, Marie-France lui a pris la main et lui a demandé de raconter son histoire. Une mission qu’elles ont portée ensemble.

L’expérience d’écriture a bouleversé l’autrice: «J’ai été enragée, indignée, chavirée», confie-t-elle. Car derrière ce récit, il y a les traces de milliers de vies marquées par la honte et la douleur. Plus de 250 000 mères célibataires, appelées «filles-mères», ont été marginalisées au Québec au XXe siècle. Très jeunes, souvent issues de milieux populaires, elles étaient envoyées à l’écart de la société pour accoucher en cachette: greniers, maisons isolées, couvents. Leur péché? Être enceintes sans alliance au doigt.

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« Il y a une croix au-dessus de ma tête et je la fixe avec toute la hargne qui m'habite.»

La fille dans le lit d'à côté gémit comme une vache qui met bas. C'est ce que nous sommes. Des truies, des vaches, des sales, des indignes. Je me suis juré qu'aucun son ne sortirait de ma bouche. Je ne leur donnerai pas le plaisir de m'entendre souffrir. C'est ce qu'ils veulent, qu'on souffre. Dans ce vaste dortoir, nous accouchons. Je suis une fille-mère. Je m'appelle Marie. Comme la Vierge.» Montréal, 1960. À l'aube de la Révolution tranquille, Marie, quatorze ans, découvre qu'un enfant grandit en elle. Elle est envoyée dans un couvent, loin de la honte, où l'on estime qu'elle doit payer pour sa faute. Dépossédée de son identité, on lui arrache son nom, sa dignité, puis son bébé. Elle passera le reste de sa vie à tenter de guérir de lui.

En donnant la parole aux filles-mères, Ingrid Falaise rappelle qu’il ne s’agit pas seulement d’une mémoire familiale, mais d’un héritage collectif. Trop souvent, ce sont les enfants de ces femmes qui ont témoigné, rarement elles-mêmes. Fille-mère fait résonner leur voix, en racontant ce qu’elles ont vécu «au je», pour que ces récits soient enfin entendus.

Avec ce livre, Ingrid Falaise plonge au cœur d’une histoire intime et universelle, celle de nos mères et de nos grands-mères. Une histoire d’injustice, mais aussi de résilience.

Pour vous procurer Fille-mère d'Ingrid Falaise:

Disponible ici 

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