Cession de bail: des locataires à bout manifestent contre le projet de loi 31


Marianne Langlois
Des milliers de locataires se sont rassemblés, jeudi, pour manifester leur mécontentement contre un projet de loi provincial qui permettrait aux propriétaires de refuser une cession de bail.
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«On sent une écœurantite, un ras-le-bol de la part des locataires et aussi beaucoup de mépris de la part du gouvernement», mentionne Cédric Dussault, co-porte-parole du Regroupement des comités logements et associations de locataires du Québec.
Jeudi, des manifestations contre le projet de loi 31 et pour les droits des locataires ont eu lieu dans plusieurs villes du Québec. À Montréal, ce sont des centaines de personnes, de tous âges et de tous horizons, qui ont répondu à l’appel du Comité d’action de Parc-Extension (CAPE) ainsi que du Regroupement des comités logements et associations de locataires du Québec (RCLALQ).
«Ce que le gouvernement de la CAQ fait actuellement, ce n’est pas d’aider les locataires, c’est d’ajouter de l’huile sur le feu», déplore Martin Blanchard, co-porte-parole du RCLALQ.
Le Journal a rencontré plusieurs locataires qui sont victimes de la crise du logement, dont Tommy Besner, qui dit vivre du harcèlement de la part de son propriétaire, qui le menacerait d’expulsion. Pour le résident d’Hochelaga, c’était important de venir manifester afin de protéger ses droits.

«On est là à cause de la loi 31, céder son bail, c’est un des rares pouvoirs qu’un locataire possède», souligne-t-il.
Gentrification
Ce n'est pas un hasard si la manifestation avait lieu dans Parc-Extension: le quartier est actuellement en pleine expansion et de nombreux logements sont visés par des hausses abusives ou des tentatives d’éviction. C’est également le deuxième quartier le plus pauvre au Canada, souligne le RCLALQ.
Paulette Panwch, une résidente de Rosemont, affirme avoir frôlé l’éviction à deux reprises en moins de 10 ans. Les nouveaux propriétaires de l’immeuble dans lequel elle vit auraient décidé de doubler les loyers.

«Sur les neuf locataires, six ont dû quitter. Moi, je reste, car je suis appuyée par le Comité logement de Rosemont et je m’assure de défendre ma cause», lance-t-elle.
Edouard Fell, un résident de la rue Durocher, a également témoigné à cœur ouvert devant l’impressionnante foule. L’homme de 70 ans est actuellement menacé d’éviction, tout comme les six autres locataires de son immeuble.

Plusieurs figures politiques prenaient aussi part à la manifestation, dont Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois, de Québec solidaire. Le co-porte-parole du Parti Québécois Stephan Fogaing était également présent.
-En collaboration avec Clara Loiseau
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