Éviction: une vingtaine de locataires se battent contre leur propriétaire
La plupart des locataires habitent dans leur logement depuis plus de 10 ans avec des loyers très bas en comparaison avec le marché


Clara Loiseau
Une vingtaine de locataires se battent contre leur propriétaire qui tente de les évincer pour agrandir ses logements et les louer deux fois plus cher.
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«On ne veut pas partir. On aime notre immeuble, on veut le garder, on ne veut pas être forcé de partir de chez nous et être envoyé dans des maisons de retraite parce qu’on ne trouve pas de logement», s’indigne Edouard Fell, 70 ans, qui vit dans son 4 1/2 de la rue Durocher depuis 14 ans.
Sur les huit locataires de son immeuble, sept ont reçu un avis d’éviction de leur propriétaire qui souhaite faire des agrandissements. Tous ont décidé de se battre en contestant leur éviction au Tribunal administratif du logement (TAL) et ainsi empêcher leur locateur de les mettre dehors.
«Tout ce qu’il veut, c’est se faire de l’argent, alors que nous, on est là depuis longtemps», poursuit M. Fell, qui paie 710$ par mois pour son logement.
C’est que son propriétaire a acheté l’immeuble en 2021 pour 1,22 million de dollars, avant de le revendre à sa propre compagnie à numéro pour 1,6 million de dollars quelques mois plus tard.
Des aînés
Dans le bâtiment résidentiel, presque tous les locataires vivent là depuis plus de dix ans. Certains, depuis plus de 30 ans, raconte M. Fell qui touche une petite pension et qui survit sur ses économies.
«Moi j’ai 70 ans, ma voisine a plus de 70 ans et une autre a 85 ans. Deux autres sont dans la fin soixantaine. On est un immeuble avec une communauté aînée», explique-t-il.
Pour André Trépanier, du Comité d’action de Parc-Extension, il est clair que le propriétaire fait preuve de mauvaise foi. Surtout que dans le quartier, les évictions ont drastiquement augmenté dans les dernières années avec la construction du nouveau campus de l'Université de Montréal.
«Il dit qu’il veut agrandir par en arrière, mais il a proposé à certains locataires de payer plus cher chaque mois en leur disant qu’ils ne seraient pas évincés », affirme-t-il.
Même combat dans Rosemont
Dans Rosemont, le même propriétaire fait face à 15 locataires de deux immeubles qui ont aussi décidé de contester l’éviction qu’il leur a envoyée avec le même motif, explique Jean-Claude Laporte, du Comité Logement Rosemont.
«On est mal pris parce que le règlement de l’arrondissement qui interdit les agrandissements est très clair quand c’est un agrandissement intérieur. Sauf que là, le propriétaire veut agrandir par l’arrière et donc ce n’est pas encadré», déplore-t-il.
Pour Edouard Fell, il est clair que le manque de volonté politique pour mieux protéger les locataires est responsable de cette situation.
«Le premier ministre s’en fiche des locataires, il ne mérite pas d’être chef du gouvernement», soutient-il.
C’est pour cette raison qu’il ira manifester au métro Parc, à Montréal, demain, avec des dizaines d’autres locataires et groupe de défense en droit du logement, notamment contre le retrait de la cession de bail du projet de loi du gouvernement.
À l’heure d’écrire ces lignes, il n’a pas été possible de rejoindre le propriétaire.
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