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Des dizaines de morts et de blessés: pourquoi l’avenue du Parc est-elle aussi dangereuse à pied et à vélo?

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Photo portrait de Andrea Lubeck

Andrea Lubeck

2025-10-02T19:02:55Z
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Sept piétons et cyclistes sont décédés — et plus d’une dizaine autres blessés gravement — après des collisions avec des véhicules sur l’avenue du Parc dans les 10 dernières années. Comment expliquer qu’autant d’accidents se produisent sur l’artère et comment la rendre plus sécuritaire pour le tout le monde?

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Il y a un an, un piéton de 11 ans est décédé après avoir été happé par un camion, à l’intersection de l’avenue du Parc et de la rue Bernard.

Au début du mois de septembre, une cycliste est décédée au même coin de rue.

Quelques semaines plus tard, au même croisement, un véhicule est entré en collision avec un cycliste, qui s’en est sorti avec des blessures mineures.

On pourrait croire que c’est l'intersection, en particulier, qui est problématique. Mais c’est toute l’artère, qui s’étend sur 5 kilomètres, qui n’est plus adaptée aux besoins de mobilité actuels, affirme Magali Bebronne, porte-parole de Vélo Québec.

Le premier vélo fantôme a été d’ailleurs été installé au coin de Saint-Viateur et du Parc, il y a 12 ans, lorsqu’une cycliste s’est fait mortellement emportiérée.

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Le premier vélo fantôme installé au coin de l'avenue du Parc et de la rue Saint-Viateur en l'honneur de Suzanne Châtelain, en 2013.
Le premier vélo fantôme installé au coin de l'avenue du Parc et de la rue Saint-Viateur en l'honneur de Suzanne Châtelain, en 2013. Photo Souliers et vélos fantômes

«[L’avenue du Parc] a une configuration autoroutière. Les voies sont larges, on est encouragés à aller vite. Et on sait que la vitesse est un élément déterminant sur les chances de survie en cas de collision», explique Mme Bebronne.

Il faut dire que du Parc est la seule rue qui permette d’aller du centre-ville à Parc-Extension sans détour, en passant sous la voie ferrée.

Cette fonction de transit s’arrime mal avec la nature commerciale de la rue, qui est beaucoup fréquentée par la population locale.

«C’est une artère avec énormément de destinations que les gens du quartier n’ont pas le choix de fréquenter, à moins qu’ils parcourent plusieurs kilomètres pour aller dans d’autres quartiers», souligne la porte-parole de Vélo Québec.

Comment améliorer la sécurité?

Magali Bebronne est catégorique: il faut réduire la vitesse permise pour apaiser la circulation.

Elle suggère aussi de réduire la largeur des voies et d’éliminer la voie centrale, qui change de sens de circulation selon les heures. «Ça crée de la confusion et permet d’aller beaucoup trop vite», dit-elle.

Et qu’attend-elle comme engagements de la part des partis qui se présentent à la mairie de Montréal?

«La Ville de Montréal s’est dotée de la Vision Zéro, qui dit qu’on va arrêter de mettre la fluidité de la circulation automobile avant les besoins de sécurité. L’avenue du Parc est tout indiquée pour appliquer cette approche-là», martèle Magali Bebronne.

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Que proposent les partis?

Mardi, Projet Montréal s’est engagé à réaménager complètement l’artère, en élargissant les trottoirs, en réduisant la vitesse permise pour les automobilistes et en sécurisant les intersections.

Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal
Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal

Le parti mené par Luc Rabouin souhaite aussi y implanter le premier axe du Réseau Express Bus, un service qui «vise à amener la qualité de service du métro en surface». Il promet des passages plus fréquents, même de nuit, grâce à des voies réservées et des feux de circulation aménagés. Rappelons que la ligne d’autobus 80 Avenue du Parc compte parmi les lignes fréquentes qui passent chaque deux à 12 minutes en période de pointe.

Le candidat d’Ensemble Montréal à la mairie du Plateau-Mont-Royal, Jean Beaudoin, déplore que rien n’ait changé sur l’avenue dans les six dernières années.

Son parti, dirigé par Soraya Martinez Ferrada, propose de sécuriser dès le printemps 2026 les traverses piétonnes de quatre rues commerçantes qui traversent l’avenue du Parc d’est en ouest: Laurier, Saint-Viateur, Fairmount et Bernard.

Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal
Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal

De son côté, le chef de Transition Montréal, Craig Sauvé, estime que des aménagements rapides peuvent être faits, notamment en installant des bollards pour raccourcir les traverses piétonnes. Il suggère également de mieux synchroniser les feux de circulation pour permettre aux piétons d’avoir plus de temps pour traverser aux intersections.

À terme, il souhaiterait le retour du tramway sur l’avenue du Parc reliant le Vieux-Montréal à Bordeaux-Cartierville. D’ici là, il propose des voies réservées pour un service d’autobus à haute fréquence et l’aménagement de pistes cyclables, selon ce que les experts recommanderont.

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