Départ de Christian Dubé: Paul St-Pierre Plamondon dénonce un «gâchis» en santé et se projette vers 2026
Kevin Crane-Desmarais
Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, n’a pas caché sa surprise à la suite de la démission fracassante de Christian Dubé comme ministre de la Santé et de son départ de la Coalition avenir Québec pour siéger comme député indépendant.
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En entrevue à TVA Nouvelles, il dresse un constat sévère de la gestion caquiste du dossier de la santé, tout en se montrant confiant pour l’avenir de sa formation politique.
«Je me suis dit: tout ça pour ça !» lance d’emblée Paul St-Pierre Plamondon lorsqu’on l’interroge sur le départ de Christian Dubé.
Selon lui, la réforme entreprise par l’ex-ministre reposait pourtant sur des objectifs «fondamentaux et légitimes», mais la méthode employée aura tout compromis.
«Au lieu de consulter et de bien faire les choses, on a voulu créer un clivage et faire un affrontement avec les médecins en escamotant les étapes», déplore-t-il.
Le chef péquiste estime que la crise était évitable. À ses yeux, le gouvernement Legault a privilégié la confrontation plutôt qu’un dialogue structuré et transparent.
«Quand il y a des réformes difficiles, il faut que ce soit bien fait, transparent, donner le temps à tout le monde de s’exprimer et ensuite on tranche. En voulant créer un conflit, on l’a eu le conflit», affirme-t-il, visiblement critique face à la stratégie caquiste.
Paul St-Pierre Plamondon se réfère d’ailleurs directement aux explications fournies par Christian Dubé lui-même après sa démission.
«Essentiellement, ce qu’il dit, c’est qu’on l’a retiré à la toute fin pour tenter de sauver les meubles, parce que le feu était pris et qu’on a abdiqué sur les objectifs qu’on s’était donnés», résume-t-il.
Le résultat, selon lui, est sans appel: «C’est un gâchis. Est-ce que ça a donné quelque chose ? Malheureusement, c’est raté.»
Interrogé sur les répercussions politiques de cette démission pour le premier ministre François Legault, le chef du Parti québécois estime que la pression se fera surtout sentir sur le plan financier.
«Ça ajoute de la pression sur les finances publiques, parce qu’on vient d’étaler d’autres centaines de millions de dollars pour les médecins», explique-t-il, rappelant que les garanties promises à la population en matière d’amélioration des services se sont, selon lui, «évaporées».
Quant au premier ministre, Paul St-Pierre Plamondon se montre laconique: «Je laisse François Legault gérer les conséquences de tout ça, mais ça sera à l’évidence sans Christian Dubé.»
Sur le plan politique, le chef péquiste refuse de s’alarmer d’un léger recul observé dans les plus récents sondages. Questionné sur un possible lien avec sa sortie concernant le milieu culturel, il remet les chiffres en perspective.
«Le Parti québécois a quelques députés et se maintient premier depuis maintenant plus de deux ans. Ça varie toujours quelque part entre 30 et 39 %», souligne-t-il. Après être monté jusqu’à 39 %, le parti se situerait actuellement autour de 35 %. «Je vous annonce qu’on ne restera pas à 35 % », ajoute-t-il avec assurance.
Pour Paul St-Pierre Plamondon, il serait une erreur de faire de la politique à court terme en réagissant à chaque fluctuation.
«Il ne faut pas faire de politique en fonction de ces variations. On essaie de bâtir la meilleure offre politique pour un rendez-vous qui arrive vite», dit-il, en référence à la prochaine élection générale. Il insiste autant sur la qualité des candidatures que sur la clarté du projet proposé aux Québécois.
Revenant sur la dernière année, le chef du PQ dresse un bilan qu’il juge positif. «On a gagné deux partielles avec une équipe miniature », rappelle-t-il.
Le caucus péquiste compte maintenant six députés, une progression qu’il qualifie «d’extraordinaire». Selon lui, le parti a su conserver la confiance d’une partie importante de la population en demeurant fidèle à lui-même. «Il y a une authenticité dans ce qu’on a réussi cette année», dit-il, tout en reconnaissant que les défis à venir seront considérables.
Loin de se reposer sur ses lauriers, Paul St-Pierre Plamondon affirme aborder la prochaine année avec lucidité. «Je ne suis pas naïf. Je comprends que ça sera une année exigeante pour la formation politique qui mène dans les sondages depuis maintenant plus de deux ans», confie-t-il. Discipline, solidité et objectifs clairs seront, selon lui, essentiels pour maintenir l’élan.
Questionné sur le recrutement de candidats en vue de la prochaine élection, le chef péquiste se montre enthousiaste. « Oui, ça va super bien », affirme-t-il, précisant toutefois qu’il ne souhaite pas précipiter les choses. Pour lui, le projet souverainiste demeure un puissant moteur d’attraction. « D’avoir un projet de société et de vouloir bâtir un pays amène du talent, des gens qui autrement n’auraient pas fait de politique », soutient-il.
Paul St-Pierre Plamondon assure travailler «dans l’ombre et les coulisses » afin de constituer une équipe à la hauteur des défis qui attendent le Québec: logement, insécurité alimentaire, santé et finances publiques. «Ça sera un défi immense pour ceux qui sont appelés à succéder à la CAQ», conclut-il, laissant clairement entendre que le Parti québécois se prépare déjà à jouer ce rôle.