Découvrez qui est Henry Czerny, le remplaçant de Colm Feore dans la série «Bon Cop, Bad Cop»
La série «Bon Cop, Bad Cop», sur Crave dès 2026
Marjolaine Simard
Alors qu’il s’apprêtait à prendre des vacances bien méritées près des collines de Los Angeles, après le tournage de Mission: Impossible – The Final Reckoning, le comédien canadien Henry Czerny a reçu une invitation surprise venue du nord. Patrick Huard lui proposait de reprendre le rôle de Martin Ward, campé par Colm Feore dans les deux films Bon Cop, Bad Cop, cette fois pour la série bientôt diffusée sur Crave. Il n’en fallait pas plus pour qu’il mette ses vacances sur pause pour aller à Montréal, la ville où il a fait ses études. Rencontre avec un acteur qui a charmé toute l’équipe dès son arrivée.
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Vous êtes originaire de Toronto...
Oui, c’est là que je suis né, mais j’ai pas mal bougé pour mes études. J’ai étudié à Banff, puis à l’Université York, avant de passer trois belles années ici à Montréal.
Parlez-nous de votre passage à l’École nationale de théâtre, ici même, à Montréal...
J’y ai étudié jusqu’à l’obtention de mon diplôme, en 1982. Ce qui est amusant, c’est que Colm Feore, que je remplace dans le rôle de Martin Ward, a lui aussi étudié là, mais il a terminé un peu avant moi, en 1980. Je suis récemment retourné à l’école, car la PDG, Fanny Pagé, m’avait invité à venir faire une entrevue. C’était un vrai plaisir d’y remettre les pieds après toutes ces années. C’est un endroit magnifique, vraiment inspirant.
Aviez-vous un appartement ici, comme étudiant, pendant votre formation?
Oui, j’habitais sur Le Plateau-Mont-Royal. Le quartier a beaucoup changé depuis. À l’époque, c’était plutôt ouvrier. Aujourd’hui, c’est surprenant de revoir les lieux transformés, avec toutes ces boutiques haut de gamme. Le restaurant L’Express, sur la rue Saint-Denis, a ouvert l’année où j’ai obtenu mon diplôme. J’adorais y aller. Il y avait une chaleur, une ambiance particulière qui me plaisait énormément.
Rêviez-vous de devenir acteur depuis toujours?
Pas du tout! Je n’ai jamais consciemment voulu devenir acteur... mais mon corps, lui, oui. J’étais le troisième enfant de la famille et j’avais un trouble de l’attention. À table, il y avait toujours beaucoup de discussions et certains prenaient plus de place que d’autres. Moi aussi, je voulais qu’on me voie. Alors, j’ai commencé à utiliser l’humour pour attirer l’attention. À force, je suis devenu le clown de la classe. C’est comme ça que j’ai développé mes aptitudes à naviguer dans des environnements sociaux.
Votre famille a-t-elle ainsi contribué à forger votre caractère?
Oui, certainement. Mon père disait souvent: «Si tu répares une voiture, fais-le bien, pas juste en surface. Répare-la pour de bon, en profondeur, pour ne pas avoir à recommencer cinq fois.» Je n’étais pas un acteur né, car je suis plus calme et réservé qu’on pourrait le croire. Il a donc fallu que je travaille fort, que j’apprenne les techniques à fond. J’ai dû assembler chaque pièce une à une pour que la machine fonctionne. Je pense que j’y suis arrivé, car les gens étaient souvent surpris d’apprendre que je n’avais aucun lien avec le théâtre dans ma jeunesse. Mes parents ne fréquentaient ni le milieu artistique ni les salles de spectacle. J’ai mis du temps à m’assumer pleinement comme acteur.
Et pourtant, vous avez une carrière impressionnante...
C’est vrai, mais ce n’est qu’à 35 ans que j’ai pleinement embrassé ce métier. Un jour, je me suis dit: «Henry, ton corps sait ce qu’il fait. Tais-toi, écoute, et reconnais la chance que tu as d’être acteur.» J’ai compris que j’étais à ma place, que j’avais développé une belle combinaison de technique et de spontanéité. Mon trouble de l’attention, je l’ai transformé en force.
Où habitez-vous aujourd’hui?
J’ai vécu à Los Angeles de 1994 à 2023, mais aujourd’hui, je suis installé un peu à l’extérieur de la ville, tout en restant à proximité puisque je travaille encore beaucoup là-bas. Mon premier grand film hollywoodien, Clear and Present Danger (Danger immédiat), est sorti en 1994, avec Harrison Ford en vedette. Je n’avais jamais planifié faire carrière à Hollywood. Mais après avoir joué dans The Boys of St. Vincent (Les garçons de Saint-Vincent), tourné à Terre-Neuve,ce film a été sélectionné au Festival de Telluride, au Colorado, en 1993. C’est là que des agents m’ont remarqué et m’ont proposé une représentation à L.A. J’ai accepté... et 40 ans plus tard, j’y travaille encore!
Comment avez-vous vécu les grands feux qui ont frappé la région de Los Angeles au début de l’année?
La vie là-bas est magnifique. Le climat est agréable, presque tout le temps. Mais il y a aussi des tremblements de terre... et des feux. On continue de construire dans la nature, et à un moment donné, la nature se défend. C’est dur. Des gens que je connais ont perdu leur maison. Ici, à Montréal, tout est plus stable et puis il y a le printemps... Je me souviens encore à quel point le printemps est beau ici. Tout explose, ça renaît de partout. On n’a pas ça à Los Angeles.
Comment vivez-vous ce retour à Montréal pour un tournage?
J’adore travailler au Québec. J’ai déjà fait cinq ou six projets ici, et chaque fois, c’est un plaisir. Et puis, j’aime beaucoup travailler avec Patrick Huard. Quand il m’a approché, je venais tout juste de terminer le tournage de Mission: Impossible et je comptais prendre une pause. Mais j’ai lu le scénario, puis j’ai parlé avec Patrick, qui m’a expliqué ce qu’il attendait de moi dans le rôle de Martin Ward. J’ai tout de suite connecté à son énergie, à son intelligence. Il ne voulait pas que je copie Colm Feore, mais que j’amène ma propre version du personnage. J’ai accepté, même si le délai pour me préparer était très court. J’avais vu les deux Bon Cop, Bad Cop et je les avais beaucoup aimés.
Vous incarnez Eugene Kittridge, le directeur de la CIA, dans les films Mission: Impossible. Comment est-ce de travailler avec Tom Cruise?
C’est vraiment agréable. On s’amuse beaucoup sur le plateau et on rit souvent. Tom a un excellent sens de l’humour. Évidemment, quand on tourne des scènes intenses, on reste concentrés, on ne rigole pas sans arrêt, mais l’ambiance est toujours bonne. C’est un peu la même chose avec Patrick Huard: des gens professionnels, talentueux et très humains. Travailler avec eux, c’est un vrai plaisir.
Quels sont vos coups de cœur lorsque vous passez par Montréal?
La gastronomie est sublime! Je vais au Le Boucan, Burgundy Lion, Vin papillon, Le Violon, chez Joe Beef et, bien sûr, mon incontournable: L’Express — malheureusement, il est actuellement en rénovation. Je suis vraiment heureux de retrouver Montréal.