Publicité
L'article provient de 7 jours
Culture

De patiente à co-porte-parole inspirante: le parcours de Florence Breton

Partager

Alicia Bélanger-Bolduc

2025-09-04T10:00:00Z
Partager

À seulement 12 ans, Florence Breton a affronté un cancer thyroïdien. Quatre ans plus tard, en rémission et rayonnante, elle met sa voix et son énergie au service de la Fondation Charles-Bruneau comme co-porte-parole. Véritable communicatrice dans l’âme, elle incarne la résilience et l’accomplissement, inspirant tous ceux qui, comme elle, traversent des épreuves marquantes.

• À lire aussi: Pierre Bruneau honorera la mémoire de son fils d’une façon unique

• À lire aussi: Paul Doucet dévoile ses futurs projets

Parle-moi de ton parcours.

C’était l’année de ma première secondaire, en 2016. Je suis une grande passionnée de gymnastique et je participais à plusieurs compétitions, où j’excellais déjà. Des symptômes de fatigue plus intenses se sont mis à se présenter et on a aussi constaté que je ne me développais pas de façon typique pour une fille de mon âge. Mes parents se sont inquiétés avant moi, mais puisque je faisais beaucoup de sport, on croyait que mes symptômes pouvaient être normaux. Nous sommes tout de même allés consulter un médecin, qui a remarqué une enflure au niveau de mon cou, puis j’ai passé plusieurs autres tests et le diagnostic est tombé: un cancer thyroïdien. J’ai été opérée en août de la même année pour retirer une partie de la glande thyroïde. Malheureusement, après quelques mois, j’ai eu une récidive qui a fait en sorte qu’on a fait une ablation totale. J’ai été très bien prise en charge, autant par le personnel soignant que par ma famille et même l’école. Mon instinct de survie d’athlète est rapidement entré en jeu, mais je ne cache pas que ç'a été assez rock’n’roll de comprendre et d'accepter tout ce qui m’arrivait, entre autres que je ne retournerais jamais à mon sport.

Publicité

Reste-t-il de séquelles du cancer aujourd'hui?

Mon corps ne s’est jamais vraiment remis de cet événement, et peut-être ne le fera-t-il jamais. Physiquement, je me sens parfois comme une petite mamie: mon esprit est jeune, mon cœur veut vivre, mais mon corps a pris quelques années d’avance. Depuis l’ablation de ma thyroïde, je prends beaucoup de médication pour compenser, et à 20 ans à peine, je traverse un gros pic de dérèglement hormonal, comme une périménopause. En hypothyroïdie, j’ai froid, je prends du poids et je suis constipée; en hyperthyroïdie, j’ai des bouffées de chaleur, je suis anxieuse et je dors mal. C’est tout ou rien. Les traitements sont longs et incertains, mais je reste positive, surtout en pensant à ceux qui n’ont pas eu ma chance. En rémission depuis près de 9 ans, bientôt 10 ans depuis mon diagnostic, la route a été belle, mais elle a laissé des traces qui font maintenant partie de moi.

Comment réagit-on, à 12 ans, quand on nous annonce une telle nouvelle?

Si je ferme les yeux et que je me replonge dans la Florence d’il y a quelques années, je revois une jeune fille qui voulait être forte pour ses proches. Je ne me suis jamais permis d’avouer ma peur. La gymnaste en moi était bien présente: je savais que je pouvais gagner cette bataille comme j’avais surmonté de nombreuses blessures sportives. C’est ce qui m’habitait, surtout en voyant, dans le regard des membres de ma famille, leur inquiétude mêlée à leur confiance. J’ai toujours eu un rapport à la vie différent de celui de mes amies, comme une vieille âme. Ma façon de penser a changé drastiquement: je me sentais chanceuse de simplement pouvoir aller à l’école. Mon incroyable entourage ne m’a jamais laissée tomber. Quand la maladie frappe, c’est terrifiant, mais à 12 ans, on vit aussi avec une certaine naïveté, tournée vers l’après. Je me souviens du jour où mes parents m’ont annoncé ma récidive: je suis restée forte pour leur montrer qu’ils n’avaient pas à s’inquiéter et que, bientôt, tout cela serait derrière nous.

Publicité

À 12 ans, ce n’est pas normal de devoir agir de cette façon...

En effet, et je travaille très fort avec ma psychologue pour déconstruire ces façons de penser. Je me suis moins laissée porter et plus voulu protéger. Mon esprit a vraiment fait un 180 degrés et je n’avais pas vraiment de craintes pour mon futur... Par contre, elles me rattrapent maintenant! L’année dernière, j’ai eu un gros accident de voiture, et ça m’a ramené toute l’anxiété et les peurs de la Florence de 12 ans. J’ai un gros travail à faire sur moi; quand on se cache, ça nous revient inévitablement.

L’adolescence est tellement importante dans la vie d’une personne. Sens-tu que tu as manqué des moments charnières?

Je n’ai définitivement pas eu le tableau typique qu’on s’imagine: un ado, ça sort, ça se découvre, ça se plante et ça se relève. J’ai fait mes propres expériences, mais des médicaments et de l’alcool, ce n’est jamais un bon mix, donc j’ai aussi appris assez vite que je ne pourrais pas être comme les autres. Je m’inquiétais trop pour ma santé pour pouvoir profiter de mon adolescence. Les grosses réflexions, les crises existentielles sont arrivées bien plus rapidement que d’habitude. Est-ce qu'il y a des choses que j'ai manquées? Je pense que je les ai juste vécues différemment. Je ne peux pas dire que j'en veux à la vie. J'apprends à faire la paix avec ce qui m’est arrivé et je vais vivre mes expériences à d'autres moments!

Publicité

Tu es maintenant une porte-parole très engagée pour la Fondation Charles Bruneau. Pourquoi vouloir t’investir autant?

J’ai commencé vers 2017, avec un événement de cyclisme. Je ne connaissais personne et je me suis fait si bien accueillir! Chaque enfant malade passe par une unité Charles-Bruneau et je n’ai pas de mots pour décrire la gentillesse du personnel, la qualité des lieux. Je n’ai jamais rien vu de tel ailleurs. On se sent automatiquement bien, et c’est une grosse partie de notre rétablissement. Je suis avec la Fondation depuis le début et c’est en grande partie à cause de ceux qui y œuvrent que j’ai eu la piqûre des communications. Je leur dois beaucoup. Ils ont vu quelque chose en moi que je n’aurais peut-être jamais réalisé. J’ai été portée par leur mandat, parce qu’on parle de recherche, de solutions. J'ai tout de suite été charmée par l'organisation, par tous les humains derrière, mais surtout par la mission. Depuis, je participe aux événements, je viens témoigner de mon parcours et je m’implique autant que je le peux.

Tu as connu ta meilleure amie, Alexe, dans un de ces événements, et elle nous a malheureusement quittés dernièrement.

C’était une amie exceptionnelle, et notre parcours commun nous liait d’une façon unique. Elle s’est éteinte le 1er août 2021, juste après ses 18 ans, à la suite d'une succession de récidives marquées par la douleur et les essais-erreurs. J’ai eu la chance de l’accompagner jusqu’au bout, notamment lors de son dernier rêve: un voyage en Gaspésie. Ce souvenir restera gravé en moi. L’année de son départ, on m’a proposé de devenir co-porte-parole aux côtés de Pierre Bruneau et Paul Doucet. J’ai l’impression qu’elle m’a offert ce cadeau, qu’elle m’a prêté sa voix. La Fondation comptait énormément pour elle; c’est d’ailleurs grâce à elle que nous nous sommes rapprochées. À travers moi, je sens encore sa force, son caractère et son engagement. Nous n’avons jamais lâché la Fondation et nous ne sommes pas près de le faire.

Publicité

Est-ce que tu ressens qu’elle fera toujours partie de ta vie?

Tout à fait! Je te parle de ma belle Alexe, mais j’ai perdu beaucoup de gens autour de moi. Ce n’est vraiment pas juste, mais en même temps, ça représente un carburant pour plusieurs de se dire qu’on ne lâchera pas, pour ceux et celles qu’on a perdus. La mission est tatouée sur mon cœur, je crois pour très longtemps, tant et aussi longtemps qu’ils auront besoin de moi. Depuis 2022, les engagements s’enchaînent. C’est pour moi un beau retour du balancier. On le dit souvent, mais on espère vraiment qu’un jour on n’aura plus besoin de la Fondation! Je vois les avancées et je suis optimiste quant au futur et aux nouveaux traitements qu’on pourra trouver. Maintenant que je suis guérie, avec une énorme reconnaissance envers la vie et une mission bien plus grande que nous tous, j'ose croire qu'on fait une différence. C'est sûr que, pour moi, c'est la plus belle cause du monde, celle qui a touché ma famille, donc je ne les lâcherai pas.

J’aimerais terminer en parlant du futur. Qu’est-ce qui t’attend dans les prochaines années?

J’ai vraiment la piqûre des communications. Des opportunités se sont tranquillement présentées, et c’est fou de penser que ça devient mon métier. J’ai 21 ans et je suis à ma troisième année à l’université TÉLUQ. Je fais donc tranquillement mon bac complètement en ligne, ce qui m’aide avec toutes mes autres obligations. Je veux vraiment finir mes études, c’est très important pour moi. Je fais un peu de tout pour le moment. Bien sûr j’aide avec la Fondation, j’ai animé la Fête des Nations à Sherbrooke, où je vis, je fais aussi de la voix pour des publicités. J’aime également beaucoup l’univers de la radio, où j’ai eu la chance d’avoir un contrat et où je retourne parfois pour faire des chroniques et des remplacements. J’ai aussi plein de beaux projets en tête. Quand j'ai eu mes opérations à la thyroïde, on m’a mentionné que ma voix pourrait être affectée, voire que je la perde complètement. Faire un métier où j’utilise maintenant ma voix chaque jour est quelque chose de tellement puissant!

À voir aussi:

Publicité
Publicité