Critique de «Pink Elephant»: Arcade Fire rate son retour avec un nouvel album sans âme

Tout ça pour ça? C’est ce qu’on s’est dit après l’écoute de Pink Elephant, le septième album d’Arcade Fire, qui paraît vendredi. Lancé moins de trois ans après le scandale sexuel qui a frappé son chanteur, Win Butler, l’album du groupe jadis adulé nous apparaît sans âme malgré quelques rares bons coups.

Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous avons commencé l’écoute de Pink Elephant plus tôt cette semaine. Les dénonciations de cinq présumées victimes de Win Butler en 2022 – aucune n’a débouché sur un processus judiciaire – nous avaient laissé un goût très amer en bouche.

Après le spectacle au Centre Bell en décembre de cette même année, nous avions même dit symboliquement adieu au groupe qui avait été la fierté de Montréal pendant deux décennies.

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À ce moment-là, penser que Win, Régine et leurs comparses allaient revenir un jour avec un nouveau disque était plutôt hypothétique. Mais voilà. Ils ont continué leurs activités comme si rien n’était arrivé ou presque, et sont retournés dans leur studio de La Nouvelle-Orléans pour enregistrer de nouvelles pièces.

Des pièces oubliables

Malgré la tempête, tous les musiciens du groupe sont restés dans le bateau. Pour coréaliser Pink Elephant avec eux, Win et Régine ont fait appel au producteur québécois réputé Daniel Lanois (U2, Peter Gabriel, Brian Eno).

Avec Lanois aux commandes, on aurait pensé qu’il aurait mis de l’ordre dans ce nouvel album. Pourtant, Pink Elephant est navrant tant il renferme des pièces oubliables qui auraient normalement été écartées par le groupe dans ses belles années.

Sur les 10 morceaux de l’album, trois sont des pièces instrumentales sans envergure. Dès la deuxième piste, pour la chanson-titre, on y entend Win à l’avant-plan chanter de façon monotone, sans âme.

Chaos musical

Plus loin, Ride or Die est d’un ennui mortel et ressemble à un démo qui n’aurait pas dû être sélectionné. Dans le passé, la voix «hantée» de Win pouvait nous toucher. Plus maintenant. C’est juste malaisant.

Alien Nation porte quant à elle bien son nom tant elle est une chanson «extraterrestre». Elle se termine dans un chaos musical qui nous laisse pantois.

Du côté des bons coups, il y a Year of the Snake, qui a été lancée comme extrait radio. On y entend Régine au micro et on se dit que la chanson plus entraînante que les précédentes est prometteuse. Mais elle ne décolle jamais vraiment, mis à part durant la dernière minute.

I Love Her Shadow renferme un bon beat et entre elle aussi dans la catégorie des rares bonnes chansons de Pink Elephant.

Cercle de confiance

Mais ce n’est rien à côté de Circle of Trust, qui est DE LOIN la meilleure chanson du disque. À chacune de nos écoutes de l’album, on a systématiquement monté le volume lorsqu’elle commençait. Son rythme est entraînant à ce point.

Cela dit, on peut remettre en question le titre du morceau et ses allures sectaires. Win Butler veut-il que l’on rentre dans son «cercle de confiance», malgré toutes les allégations qui pèsent sur lui? Dans cette pièce, on l’entend aussi chanter «I would lie for your love» («Je mentirais pour ton amour»).

Avec Pink Elephant, Arcade Fire espérait fort probablement faire un retour salué de toutes parts et revenir dans les bonnes grâces de ses fans et des médias. C’est visiblement raté.

Cote: 2 étoiles et demie