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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Comme si de rien n’était

En pleine tourmente d’allégations visant son chanteur, Arcade Fire a terminé sa tournée samedi au Centre Bell

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Photo portrait de Raphaël Gendron-Martin

Raphaël Gendron-Martin

2022-12-04T04:42:00Z
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Ils nous ont fait le coup. Alors qu’on attendait une soirée remplie de malaises, en raison des allégations d’inconduite sexuelle qui pèsent sur le chanteur Win Butler, Arcade Fire a livré un concert terriblement efficace que les 10 500 spectateurs ont applaudi à tout rompre. Comme si de rien n’était.

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On allait au Centre Bell, en ce samedi soir de décembre, un peu comme à un souper avec un ex : à moitié à reculons. Les derniers mois ont été pour le moins très lourds en ce qui concerne les actualités du groupe montréalais.

Depuis la fin août, avec la publication du média américain Pitchfork sur les agissements de Win Butler, presque tout ce qui se dit sur Arcade Fire est négatif. Les musiciens ont commencé leur tournée mondiale à peine trois jours après la publication de l’article et ils ont donné leurs concerts devant des foules souvent clairsemées, sans aucunement aborder la controverse.

De revoir le groupe, autrefois chouchou de la métropole, maintenant « mal-aimé », comment cela allait-il se passer samedi ? Eh bien, plutôt très bien, on doit l’admettre. 

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Retour dans le passé

Même si les gradins étaient moins remplis qu’ils auraient pu l’être — ils étaient 14 400 spectateurs en 2017 —, les milliers de personnes présentes avaient visiblement fait abstraction des derniers mois pour savourer pleinement le concert.

Après un set très inspiré du DJ Cosmo Gonik, les huit membres d’Arcade Fire sont apparus à l’autre bout de la patinoire. Ils ont traversé la foule. Win Butler, tout souriant, donnait des high five à tout le monde sur son passage. On grinçait un peu des dents en voyant ce manège.

Ils se sont installés sur la petite scène centrale et ont joué les premières notes de Neighborhood #1 (Tunnels). On s’est immédiatement retrouvé en 2005, alors qu’Arcade Fire explosait sur la scène indie montréalaise. « Les maudits », qu’on s’est dit intérieurement. Ils nous avaient eus.

Toujours vivant

Puis le groupe s’est rendu jusqu’à la scène principale. Devant un immense écran en demi-lune, qui montrait d’abord des astres puis un gigantesque œil, Arcade Fire a joué Age of Anxiety. Mais c’est à Ready to Start que tout a vraiment commencé.

Certes, ce n’était pas un concert parfait. On ne pouvait que ressentir le malaise en voyant Win chanter « set my body free » (libérez mon corps) durant My Body Is a Cage, au côté de sa femme Régine Chassagne. Des paroles qui avaient tout à coup pris un autre sens au cours des derniers mois.

Et même si on les avait beaucoup écoutées cette année, les pièces du nouvel album WE ne nous ont fait ni chaud ni froid samedi. Comme si on en était maintenant détaché. Par contre, c’était une tout autre histoire pour celles de Funeral (Tunnels, Power Out, Rebellion, Haiti, Wake Up) qui nous remuent encore. Comme quoi, on ne renie pas un vieil amour du jour au lendemain.

Assez peu bavard, Win a dit à la foule être rempli de « gratitude » de pouvoir terminer la tournée « à la maison ». Il est resté muet sur les allégations. Régine a quant à elle servi un « merci » en français bien senti.

Quand le scandale a éclaté cet été, on croyait qu’Arcade Fire ne s’en remettrait jamais. Samedi, on pensait même assister au concert d’adieu du groupe à Montréal, voire à ses funérailles. Mais à voir les milliers de spectateurs danser toute la soirée, on a l’impression que le feu n’est pas près de s’éteindre.

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