«Connaître son histoire est une grande politesse à se faire» — Gilles Vigneault revisite son œuvre dans un nouveau documentaire

Frédérique De Simone
Gilles Vigneault sera à l’honneur du prochain grand rendez-vous culturel de Télé-Québec.
Présenté à quelques jours seulement de la fête nationale, le documentaire — qui allie entrevues et prestations — soulignera du même coup le cinquantenaire de son hymne Gens du pays, chanté pour la première fois à la Saint-Jean de 1975 sur le mont Royal par Louise Forestier, Yvon Deschamps et Vigneault lui-même.
«La chanson est venue parce que je voulais décoloniser un petit moment de la vie quotidienne de chacune, de chacun. Un petit moment qui ne dure pas toute l’année, mais qu’une seule journée», a indiqué Gilles Vigneault dans son spécial télévisé, précisant qu’il voulait offrir une chanson aux Québécois pour remplacer le traditionnel Happy Birthday anglophone.

«Que ça fait plaisir d’avoir été utile quelque part, et d’être encore capable d’être utile avec des mots», a ensuite ajouté le poète de 96 ans à Boucar Diouf, qui est allé à sa rencontre dans sa ville natale de Natashquan, située sur la Côte-Nord.
Ensemble, les deux hommes revisitent la création de certaines des pièces les plus marquantes de Vigneault et abordent, entre autres, le sentiment d’exil qui a bercé son œuvre, de même que les enjeux ayant façonné ses inspirations, comme l'ouverture aux autres, la préservation du territoire, de la langue et son amour du Saint-Laurent.

«La mer est une éducatrice incroyable. C’est une méchante maîtresse d’école. On ne l’écoute pas assez et, quand on l’écoute, on ne la comprend pas toujours. Mais c’est bon aussi de ne pas tout comprendre tout de suite, et d’imaginer ce qu’elle a pu dire après coup», a confié le parolier à Boucar Diouf lors d’un segment d’entrevue.
«Connaître son histoire est une grande politesse à se faire, et c’est une grande politesse à faire à ceux qui nous suivent», a-t-il également fait valoir à l’océanographe.
Tout au long de cette rencontre, de nombreux artistes — dont Michel Rivard, Lou-Adriane Cassidy, Louis-Jean Cormier, Ariane Moffatt, Richard Séguin, Kathleen Fortin et Matiu — revisitent des succès de Vigneault, comme Gros Pierre, Jack Monoloy — inspirée d’une anecdote que sa mère, maîtresse d’école, lui avait racontée à propos d’un de ses élèves —, C’est à Natashquan, Si les bateaux et Les gens de mon pays.

«On ne sait pas ce qu’on fait quand on fait une chanson. Quand on l’a finie, quand on la chante, on ne sait pas ce qu’on fait non plus», a évoqué le chanteur, pour qui une chanson atteint son plein potentiel lorsqu’elle est reprise par plusieurs voix.
«J’aimerais que les gens retiennent de moi que j’étais à leur service. Que j’étais leur serviteur. Que je n’étais ni leur voix ni leur conquérant, mais que j’étais quelqu’un parmi eux, et que je ne me suis jamais caché d’être de Natashquan. Je ne m’en cacherai jamais, même si Natashquan devait disparaître sous la montée des eaux. J’essaierai d’aller mettre un tangon avec une bouée qui dirait: “Ici, il y avait un village qui s’appelait Natashquan”, avec un gros message dedans, plein, plein, plein de politesse», conclut-il son spécial.

En marge de ce documentaire et de la fête nationale, la Fabrique culturelle de Télé-Québec a aussi produit une capsule originale pour souligner les 50 ans de Gens du pays. Gilles Vigneault, Yvon Deschamps et Louise Forestier y reviennent sur le fameux soir de 1975 où cette chanson est née, sur la montagne.
Le documentaire Gilles Vigneault: au cœur du pays sera présenté à Télé-Québec le dimanche 22 juin à 21h30.