Comment la poignante chanson «La fin du show», des Cowboys Fringants, était une «joke» à la base
L’épique morceau de plus de sept minutes est devenu un hommage à Karl Tremblay


Raphaël Gendron-Martin
Considérée par plusieurs comme l’une des meilleures chansons de l’histoire des Cowboys Fringants, l’épique pièce La fin du show se voulait d’abord un pastiche des chansons des années 1970. «Au départ, c’était quasiment une joke», reconnaît l’auteur-compositeur JF Pauzé. Jusqu’à ce que la réalité s’en mêle.
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En novembre 2024, La fin du show a été sacrée Chanson de l’année au Gala de l’ADISQ. Le morceau a joué en rotation forte sur plusieurs radios commerciales durant toute l’année, malgré sa durée de plus de sept minutes.
La pièce a été créée pour la comédie musicale Pub Royal. À ce moment, la création du spectacle était déjà bien avancée, mais il manquait un personnage. C’est alors que Pauzé a eu l’idée d’une vieille rockstar comme Johnny Hallyday, qui avait subi une crise cardiaque.
Led Zeppelin et Eagles
«La chanson est venue comme ça, indique l’auteur-compositeur. J’entends dire que c’est devenu une grande toune, mais c’était un pastiche de Led Zeppelin et des Eagles, au début, des tounes des années 1970. Parce que c’était pour une comédie musicale, je voulais me gâter. Je pouvais sortir des chemins battus que j’avais avec les Cowboys et jouer avec mon background de cégep quand j’écoutais ces tounes-là. C’était pour rire.»
«Après ça, avec le texte que j’ai mis dessus, la chanson a pris une autre dimension, poursuit-il. Elle a perdu son côté [léger]. Il n’y avait plus de joke.»
Présenter la chanson à Karl
Parce que la chanson racontait la mort du personnage Johnny Flash – incluant des parallèles avec la vie de Karl Tremblay –, JF Pauzé n’était pas capable de la présenter à son ami. Il l’a plutôt fait jouer à Marie-Annick Lépine, qui lui a dit qu’elle la ferait écouter à Karl.
«Si Karl n’avait pas été à l’aise, j’étais prêt à mettre autre chose pour la comédie musicale, mentionne JF. Finalement, il a dit que c’était une belle chanson et qu’il la chanterait “quand je vais sentir que le moment sera venu”.»
Une fragilité dans sa voix
Parce que son cancer l’avait trop affaibli, Karl n’était plus capable de sortir de chez lui à la fin. Un petit studio a donc été monté dans son salon pour qu’il puisse enregistrer les chansons de l’album Pub Royal, «pour boucler la boucle».
«Quand il l’a faite dans son salon [La fin du show], ç’a été un moment assez émouvant, reconnaît JF. [...] On sentait une fragilité dans sa voix, un petit aigu que Karl n’a pas d’habitude. On a fait deux ou trois prises et on a réalisé un collage des meilleurs bouts. On ne le savait pas encore, mais c’était un mois avant son décès.»
Émotions partagées
Au gala de l’ADISQ, c’est envahi d’émotions partagées que JF Pauzé est allé chercher le Félix de la Chanson de l’année, en compagnie de Marie-Annick et Jérôme Dupras. «Tu gagnes la Chanson de l’année et l'Auteur ou compositeur de l’année, mais en même temps, ton band est mort. C’est comme weird.»
Dans sa nouvelle tournée, JF Pauzé fera une quinzaine de chansons des Cowboys, en plus de son matériel solo. Mais il ne touchera pas à La fin du show. «Ça appartient à Karl et à la comédie musicale», conclut-il.