Ce populaire papillon fait maintenant partie des espèces en voie de disparition au Canada


Albert Mondor
Sérieusement menacé par l’urbanisation et par l’agriculture industrielle, le monarque suscite bien des inquiétudes en ce moment. Avec sa population qui décline dramatiquement, ce papillon emblématique d’Amérique du Nord a été ajouté récemment à la liste des espèces en voie de disparition du Canada.
Malheureusement, la population de monarques d’Amérique du Nord a diminué de plus 85% depuis les deux dernières décennies. Alors qu’en 1996, près d’un milliard d’individus hivernaient au Mexique, on en comptait moins de 35 millions en 2014. Il y a cependant une lueur d’espoir puisque selon le World Wildlife Fund (WWF), il semblerait que la population de monarques a presque doublé ses faibles effectifs en 2025.
Selon de nombreux scientifiques, c’est l’expansion rapide de la monoculture de maïs qui serait l’ennemi principal du monarque. Une étude effectuée à l’Université de Guelph publiée en 2014 dans le Journal of Animal Ecology a démontré que les plants d’asclépiades se raréfient dans les champs à cause de l’efficacité des herbicides tels que le glyphosate, et que cela a une incidence négative sur la migration des monarques. Le nombre d’asclépiades aurait ainsi diminué de 21% entre 1995 et 2013.


Le monarque est un papillon très facile à reconnaître avec ses ailes orange marquées de stries noires et bordées de quelques points blancs. Le mâle se différencie de la femelle par une tache noire, presque circulaire, située sur chacune des ailes postérieures.
Quant à elle, la chenille du monarque est rayée de noir, de jaune et de blanc. Elle porte des filaments s’apparentant à des antennes près de la tête et au bout de l'abdomen. Après quelques semaines durant lesquelles elle se nourrit intensément, la chenille forme ensuite une chrysalide afin de se transformer en papillon. Tous les organes et toutes les structures de la chenille vont se dissoudre en des substances visqueuses. Ces liquides biologiques vont se réorganiser complètement pour générer un papillon adulte en moins d’un mois.
La chenille du monarque se nourrit exclusivement d’une plante appelée asclépiade, principalement l’asclépiade commune. D’ailleurs, la femelle monarque pond toujours ses œufs directement sous les feuilles des asclépiades afin que les larves puissent dès leur naissance se nourrir de leur plante préférée.
Des substances toxiques appelées cardénolides contenues dans la sève blanche de l’asclépiade rendent la chenille et le papillon toxiques, ce qui les protège des animaux qui voudraient les manger. Les couleurs vives du monarque sont d’ailleurs un signal clair pour les prédateurs: si tu me manges, tu risques d’avoir bobo au ventre!

Longue migration
La migration du monarque est un phénomène unique dans l’univers des insectes qui mérite certainement d’être mentionné. Malgré leur apparente fragilité, les papillons nés à la fin de l’été dans le sud-est du Canada vont parcourir en moins de deux mois plus de 4000 kilomètres pour se rendre dans leurs quartiers d’hiver.
Ils hivernent dans des forêts de sapins sacrés situées dans la réserve de biosphère de Michoacan à environ 150 kilomètres à l’ouest de la ville de Mexico, où ils recouvrent le tronc et le feuillage des arbres. Bien que la majorité des monarques passent l’hiver au Mexique, quelques-uns se rendent en Californie pour la saison hivernale.
Vers la fin de l’hiver, les monarques refont le chemin inverse. À ce moment, ce n’est pas le même papillon, mais plutôt plusieurs individus de générations successives qui font le trajet. Certains papillons arrivent à voler à des altitudes impressionnantes durant leur périple, profitant ainsi des vents qui les poussent vers leur destination. Certains pilotes de ligne affirment avoir vu des monarques voler à près de 1200 mètres d’altitude.
Plantation massive d’asclépiades
Que pouvons-nous faire pour aider les monarques? Le meilleur moyen pour permettre à la population de monarques d’augmenter est assurément de planter des asclépiades chez vous.
De plus, il est fortement suggéré de ne pas utiliser d’herbicides et d’insecticides de synthèse dans votre jardin et d’éviter d’acheter et de consommer des fruits et des légumes qui ont été cultivés à l’aide de pesticides, surtout en ce qui concerne le maïs.
Vous pouvez également soutenir un organisme qui favorise la conservation du monarque et la plantation d’asclépiades tels que l’organisme québécois Planète SOS (planetesos.org) ou l’Effet Papillon de la Fondation David Suzuki (davidsuzuki.org).
Les asclépiades figurent parmi les plantes les plus fascinantes et les plus ornementales de notre flore indigène. Très florifères et faciles à cultiver, ces végétaux devraient être davantage intégrés dans tous les jardins. Non seulement les fleurs de ces vivaces sont-elles jolies et intrigantes, mais en plus, elles s’épanouissent habituellement sur une longue période durant laquelle de nombreux papillons les visitent pour s’enivrer de leur délicieux nectar.
Voici la description de quelques espèces et cultivars d’asclépiades que vous pouvez planter dans votre jardin cet automne ou au printemps prochain.

Asclépiade du Mexique
Comme son nom l’indique, l’asclépiade du Mexique est originaire d’Amérique centrale. Cette plante vivace, qui est annuelle sous notre climat, arbore de magnifiques fleurs jaune et orange qui font le bonheur des insectes pollinisateurs et des papillons. Cette plante est aussi parfois visitée par les colibris.
Hauteur : 80 cm
Largeur : 50 cm
Floraison : jaune et orange de juillet au début d’octobre
Ensoleillement : soleil
Sol : riche, léger et frais, mais bien drainé
Rusticité : vivace suffrutescente traitée comme annuelle

Asclépiade incarnate “Ice Ballet”
Grâce à l’abondant nectar qu’elles sécrètent, les fleurs blanches de l’asclépiade incarnate “Ice Ballet” attirent une quantité impressionnante d’insectes pollinisateurs et de papillons. Bien que cette plante ait une préférence pour les sols humides situés aux abords des cours d’eau, elle pousse très bien sur les terrains où le sol est bien drainé, mais toujours frais.
Hauteur : 1,20 m
Largeur : 60 cm
Floraison : blanche en août et au début de septembre
Ensoleillement : soleil, mi-ombre
Sol : s’adapte à divers types de sols frais ou humides
Rusticité : vivace rustique en zone 3

Asclépiade commune
La chenille du monarque affectionne particulièrement l’asclépiade commune, qu’on appelle communément petits cochons à cause de ses fruits duveteux et du latex blanchâtre qui s’écoule lorsqu’on coupe ses tiges. Comme chez toutes les autres espèces, la sève blanche de l’asclépiade commune contient des cardénolides qui rendent le monarque toxique. Au moment de sa floraison, cette plante très ornementale – qui est parfois un brin agressive – attire également de nombreux insectes pollinisateurs.
Hauteur : 80 cm
Largeur : 30 cm
Floraison : rose en juillet et août
Ensoleillement : soleil
Sol : s’adapte à divers types de sols peu riches, secs et bien drainés
Rusticité : vivace rustique en zone 3

Asclépiade tubéreuse
Les jolies fleurs orange de l’asclépiade tubéreuse s’épanouissent sur une période de quatre ou cinq semaines durant laquelle plusieurs espèces de papillons les visitent pour se nourrir de leur nectar. Les coccinelles et les colibris sont également attirés par cette plante.
Hauteur : 70 cm
Largeur : 45 cm
Floraison : orange en juillet et août
Ensoleillement : soleil
Sol : s’adapte à divers types de sols peu riches, secs et bien drainés
Rusticité : vivace rustique en zone 3b