Cadre financier du PQ: les profiteurs de crise et le GAFAM sortiront le chéquier
Annabelle Blais | Bureau parlementaire
Un gouvernement du parti québécois irait chercher des surplus budgétaires dès l’année prochaine et la suivante en partie grâce à des taxes sur les « profiteurs de crises » et d’autres pour les GAFAM.
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Dans cinq ans toutefois, le parti, qui présentait son cadre financier mardi, prévoit le retour d’un déficit principalement en raison du virage «majeur» des soins à domicile pour les ainées.
«C’est un cadre qui ne se gêne pas pour faire des choix d’avenir», s’est justifié le chef Paul St-Pierre Plamondon de passage au Palais des congrès de Montréal.
Fait étonnant, les dépenses pour réaliser l’indépendance sont deux fois moins importantes au PQ que chez Québec Solidaire. Le PQ calcule 231 milliards $ en 4 ans contre 568 millions $ pour QS. Cet écart s’explique principalement par le fait que l’accession à l’indépendance du PQ ne passe pas par la création d’une Assemblée constituante contrairement aux solidaires, explique M. St-Pierre Plamondon.
L’argent servirait à « actualiser des études » comme l’impact de l’indépendance sur l’économie et la « préparation économique et sociale ». Aucune somme n’est prévue dans 5 ans, puisque le PQ promet de réaliser l’indépendance dans un premier mandat.
29,9 milliards $ en dépenses
Le Parti québécois évalue l’ensemble de ses promesses électorales à 29,7 milliards $ d’ici 2026-2027. Il prévoit toutefois aller chercher des revenues de 12,3 milliards $. Une première version du cadre financier remise aux journalistes en matinée comportait toutefois des erreurs de chiffres. En soirée, le parti a renvoyé une version corrigée (voir plus bas).
Dans la colonne des revenus, on constate une « taxe sur les surprofits ». Il s’agit d’une taxe sur les « profiteurs de crises » à savoir la pandémie et la guerre en Ukraine. Elle viserait par exemple le secteur de l’énergie, comme les pétrolières, et permettrait d’aller chercher des revenus de 1 milliard $ en 2022-2023 et 250 millions $ en 2023-2024. Cette taxe est chiffrée sur deux ans et pourrait s’ajouter en fonction de la durée des crises.
« On va [...] rapatrier certaines sommes qui sont du vol qualifié de la part de certains secteurs », a-t-il dit. Le détail de cette mesure sera toutefois annoncé prochainement au cours de la campagne.
Quant à la taxe sur les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) elle est établie à 3% du chiffre d’affaires québécois de ces entreprises et rapporterait environ 350 millions par années (320 millions $ cette année et 390 millions $, dans 5 ans).
La formation de Paul St-Pierre Plamondon creuserait le déficit à 4,6 milliards $ en 2022-2023. C’est la promesse de verser une allocation au pouvoir d’achat, où les familles recevraient entre 750$ et 1200$ pour lutter contre l’inflation, qui gruge le plus d’argent, soit 6,3 milliards $ cette année.
« Nous sommes le seul parti à dire : ‘pas de baisse de taxes, pas de baisse d’impôts’, a rappelé le chef Paul St-Pierre Plamondon. Cela s’explique par la volonté d’assurer et d’améliorer la qualité des services publics, a affirmé le chef, ajoutant qu’il s’agissait de la «pierre angulaire» «guidant tous leurs choix».
Déficit en vue
Les deux années suivantes, il y aurait des surplus de 283 millions $ et 442 millions $. Puis les compteurs reviennent à 0 $ en 2025-2026. Dès l’année suivante, le parti terminerait dans le rouge de 492 millions $, une zone que le chef qualifie de «confortable» et «raisonnable». La raison principale étant l’augmentation des investissements dans le virage pour les soins à domicile qui atteindra 3 milliards en 2026-2027 pour un total de 7,7 milliards en 5 ans.
Les dépenses pour le plan vert du PQ, dont sa passe climat, sont importantes : soit 1,5 milliard $ de plus que ce qui est déjà prévu pour un total de 3 milliards. Elles sont toutefois financées en partie par une diminution des versements au Fonds des générations.
Parmi les autres sources de revenus, il y a l’abolition du recours aux agences privées en santé, la révision de la rémunération des médecins et une gestion plus efficace des ressources humaines en santé.
Le 6 milliards $ que le PQ espère aller chercher en santé à Ottawa n’est pas calculé dans ce cadre financier.
« Le parti québécois est le seul parti politique à présenter un cadre financier validé par un expert indépendant, a précisé le chef Paul St-Pierre Plamondon. C’est important de le dire parce que les autres partis n’ont pas eu le courage de soumettre leur exercice financier une vérification de tiers pour savoir si ce qui est présenté est crédible ou pas.»
Cet expert est, Paul Makdissi, professeur au département d’économie de l’Université d’Ottawa.
Solde budgétaire
2022-2023 : -4,6 milliards$
2023-2024 : + 283 millions $
2024-2025 : + 442 millions $
2025-2026 : 0
2027-2028 : -492 millions $
*Dans une première version de ce texte, il était inscrit que le parti estimait ses promesses électorales à 29,9 milliards $. Or, en soirée, à la suite de questions de journalistes, le parti a confirmé que des erreurs de retranscription à partir du fichier original avaient été réalisées. Ainsi, le total des dépenses est passé de 29,9 milliards $ à 29,7 milliards $. Le surplus de 2023-2024 est passé de 383 millions $ à 283 millions$ et celui de 2024-2025, de 544 millions $ à 442 millions $. Et finalement, le déficit de 2026-2027, qui était de 518 millions $ dans la première version, a été ajusté à 492 millions $. Le parti assure que la version vérifiée par l’expert indépendant était celle avec les bons chiffres et que l’erreur est survenue par la suite au moment de la retranscription dans le document final du parti.